L’humeur de Probst
Trente ans après, c’est toujours le boxon. Pas de politique fiscale commune, pas de TVA commune, pas de burqa commune. Et un voile aussi épais que la fumée d’un volcan islandais sur l’Europe. Que reste-t-il de nos amours, de ces beaux jours du pacte fondateur de l’Europe des Six. Des technocrates, des bureaucrates, et un peu moins de satrapes ! « Comment voulez-vous marier la drachme grecque au mark ? », avait pour habitude de ruminer le truculent Maurice Faure, résistant devenu ministre de l’Intérieur puis membre du Parlement européen au moment de l’entrée de la Grèce dans la CEE. Trente ans après, la crise a suffi. Plus de drachme, plus de mark, de l’euro et peu d’heureux. L’Allemagne, même en chouinant, n’a pas envoyé Athènes se faire voir chez les Grecs.
Seuls les Grands-Bretons, dans leur insolente insularité, se foutent toujours du monde. Trente ans après le marché commun, ils roulent toujours à gauche, ignorent le système métrique et gastronomique, se moquent de la monnaie unique. Mais le monde entier attend le résultat de leur élection comme l’événement de la semaine. Reste à espérer qu’un Python loge enfin à Downing Street… À défaut de fair-play, les Anglais recommenceront à nous tirer des rires les premiers.
Car le Kaiser Sarkoko a perdu son pouvoir de faire se bidonner les foules. Au bout de trois ans, ses gags sont éculés. On est passé d’un « Cass’-toi pov’ con » à un « Fais pas l’malin ». Encore deux ans à tirer. Comme disait le grand Jacquot, son prédécesseur : « Putain deux ans. » Un refrain ruminé par 60 millions de Français.
De la burqa à la réforme des retraites, de l’anniversaire de la présidence Sarko aux putatifs candidats à la présidentielle de 2012, les Français n’ont que faire. En particulier les petits jeunes, ces jean-foutre que j’ai croisés en donnant des cours. Leurs préoccupations ? L’environnement, effrayés qu’ils sont par la marée noire en Louisiane. L’emploi, qui leur fuit les bras quand ils ont tous le potentiel et la gouaille d’un Pasqua. Et bien sûr la vie, la nuit, tristes qu’ils sont de découvrir que Paris n’est plus Paris. Capitale sans joie, sans jeux, sans voix. Seule solution, une embarcation. Qui enverra Guéant, Charon, Pepy, Descoings, Delanoë et Sarkozy dans un monastère bénédictin. Et nu-pieds pour tous !