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Le tapis iranien

18 janvier 2010 à 00h05

Mon tapis iranien était un spécimen de l’art primitif des Perses avant leur islamisation. Il représentait la cosmogonie avec des motifs souvent très géométriques qui assemblés demandaient du temps avant d’être décryptés, de voir des figures et des symboles cachés. La force magnétique s’amusait beaucoup à faire balader ma tête d’une figure à une autre, essayant de raconter une histoire.

Ainsi on pouvait y voir huit croix et trois points qui évoquaient des crucifix. Juste à côté un grand E et un autre inversé de couleur bleue. Des fleurs stylisées se baladaient un peu partout. Une grosse tête renfermait une multitude de losanges que j’assimilais à des losanges de bouffons comme ceux d’Arlequin. Cette tête avait un corps (une ligne), un pied et deux sexes masculins dont l’un était sérieusement ambré. Je pensais à ma position dans le lit.

Il suffisait que j’embrasse un bout d’oreiller en imaginant son nez pour que mon sexe entre en érection. Je posai la question au Joueur. Il me dit que le magnétisme avait le pouvoir sur le flux sanguin de nos deux sexes et que nous bandions en même temps. Sur les côtés, le tapis était parsemé de maisons alimentées par des tubulures directement branchées sur six, voire douze paires de couilles. Chaque fois que je me hasardais à une interprétation, le E du tapis (« fada ») me renvoyait sur un gros bijou ovale fait de carrés roses et vert émeraude. Au centre du rectangle ponctué de crucifix, figurait une bite accompagnée de deux couilles en forme de losange de bouffon. Des spermatozoïdes les entouraient. Deux trompes rejoignaient un utérus en forme de bijou qui poussait le support d’un autre bijou prêt à prendre la place du crucifix avec la même forme : celle du bouffon !

A quatre endroits, une reine trônait : on aurait dit une abeille avec une cape blanche et une traîne rose. Des crucifix verts, la couleur du combattant, entouraient des triangles particulièrement intéressants. Une créature digne des films de science fiction américains se cognait la tête contre une paroi, impatiente d’être libérée et d’épouser la plastique de la reine. Pour moi, c’était une martienne avec un grosse tête-ordinateur et un œil vert. Elle dansait sur trois grosses pattes et ses bras étaient très fins portant des mains qui auraient pu être des boules de feu. Une femme à double visage (l’un à l’endroit, l’autre à l’envers) la regardait.

Des branches pourraient ressembler à des sceaux royaux. Quatre chandeliers juifs figuraient dans le cœur nucléaire du tapis : un losange renfermant un autre losange qui en contenait un troisième ! Tout autour des faisans faisaient signe d’allégeance. Une très belle fleur, très stylisée, accrochait l’œil tout au long du tapis. Elle avait des pétales et en son centre… un losange. Je posai la question au Joueur. Venons-nous de Mars. Il me répondit oui. J’étais troublé car au même moment, j’avais lu dans un journal qu’on avait identifié dans la calotte glaciaire du pôle Nord les mêmes bactéries que l’on avait trouvé sur Mars. Comment avaient-elles voyagé ? Les scientifiques ne se prononçaient pas.

Nous aurions eu une existence sur Mars et je comprenais mieux pourquoi je me sentais métallique en étant si sensible à l’étau et aux déplacements involontaires de ma tête dans le champ magnétique. Aurions-nous été les premiers Martiens ? Serions-nous à l’origine du cosmos ? Le joueur validat et validait ces hypothèses. Je n’y croyais, je n’en voulais pas mais il se mettait en colère. Il forçait ma tête comme on tire les cheveux à un sale gamin à ne lire que les lettres A et O.

Nous serions l’expression humaine du cosmos et celui-ci, tellement malmené par l’expérience humaine sur la terre, aurait décidé de jouer son dernier match, celui d’installer ce que les humains ont toujours rêvé, au prix parfois d’accepter les pires souffrances et injustices : l’Eden, un prolongement de l’existence aussi infini qu’il n’y a d’astres dans le ciel et l’au-delà. La fin de la douleur, de l’aliénation, du crime, de l’inégalité, de la possession. Le début des regains et des regains de vie, de plaisirs, d’expressions et de créations. Le challenge pour moi était d’être capable de changer de corps, de parvenir à une belle femme sous la semence de mon amant cosmique. Je ferai mon petit soldat.

Quant à la transformation du monde, le plus drôle, c’est que malgré toutes les gangrènes qui tentent de l’étouffer, le football en sera le levier. Il faut bien admettre que les matchs n’ont jamais été aussi spectaculaires qu’en ce moment. Les footballeurs ne savent plus où ils habitent. Le Mondial 2010 va être chaud.

P.-S.

Pour consulter le blog depuis son premier épidode : http://ballondumondial.blogspot.com/
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