L’humeur de Probst
C’est sûrement nerveux, mais quand je vois apparaître l’ancien ministre du Budget, Woerth, qui s’y connaît vraiment dans l’empilage de colonnes de chiffres, je pense à Louise-Yvonne Casetta, l’ancienne trésorière du RPR, coincée par la justice dans une affaire de fausses factures. À en croire les enregistrements pirates de Liliane Bettencourt réalisés par son maître d’hôtel et révélés par Mediapart, l’héritière de L’Oréal se faisait conseiller par l’épouse de Woerth pour planquer son pognon en Suisse. Édifiant !
Ce qui m’inquiète, comme le dirait le Sapeur Camember, c’est l’avenir. Nous avons en place notre Kaiser chéri, et sûr de lui. Nous avons un Parlement qui fait semblant de travailler, de réformer. Et aussi une presse au poil, qui rend compte comme il le faut de tout ce rien. Avec un directeur du Monde, Éric Fottorino, qui va à l’Élysée, comme d’autres allaient chez Jean-Bedel Bokassa, pour recevoir des ordres de vente : à qui ne pas refiler son journal. En apparence, tout roule. Sauf que tout est faux. Sous l’apparence s’agite une pétaudière avec des types, à l’Élysée, qui n’ont qu’une idée en tête : comment se recaser avant la prochaine échéance.
Restent les manants, qui risquent de trouver que ça commence à bien faire, les riches plus riches, les banques plus banques, le Christian Blanc plus fumant, la Boutin plaquée or, et, pour nous, le CDD en caoutchouc mou.
Jusqu’en septembre, la paix est assurée. Le 14 Juillet, l’Afrique va défiler sur les Champs-Élysées, puis ce sera le temps du sea, sex and sun au Cap Nègre ! Mais en septembre ? Woerth sera-t-il alors mangé dans la rue à la sauce Devaquet, à celle du CPE de Villepin, ou encore façon CIP de Doudou Balladur ?
Dans l’immédiat, même en allant à Londres pour rajouter de l’anti-mythe à la mémoire de De Gaulle, notre Président apparaît de plus en plus comme Laniel, un président du Conseil sous la IVe République : coincé entre les clans et les partis, sa fidélité à l’Otan et son mal aux genoux à force d’être prosterné devant les États-Unis. Et ce Villepin soufflant son appel dans le micro, qui vient pour lui montrer que le bling-bling n’est plus à la mode. Trop dur.