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CULTURE / CHRONIQUE CINÉMA

Les Herbes Folles : Alain Renaît

Technicolor / mardi 10 novembre 2009 par Marc Godin
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De drôles de personnages laissent vagabonder leur imaginaire et leur libido. Le film foufou d’un gamin de 87 ans. Primé à Cannes.

- Si j’étais un chat, je pourrais manger des croquettes ?

- Pardon ?

- Si j’étais un chat, je pourrais manger des croquettes ?

- Tu t’es remis au crack ?

- Encore mieux, j’ai vu le dernier Resnais.

- Quel rapport avec les croquettes ?

- Eh bien, c’est la dernière réplique des Herbes folles ?

- On dirait qu’il en a trop fumé, papy Resnais.

- J’te permets pas. Alain Resnais, 87 ans aux fraises, a signé le film le plus jeune, le plus libre, le plus drôle, le plus surréaliste du dernier festival de Cannes. D’ailleurs, le jury lui a bricolé un prix « exceptionnel », ce qui l’a bien fait marrer quand il est monté sur scène récupérer la babiole…

- Et ça parle de quoi ?

- C’est assez irracontable. En allant acheter une paire de chaussures rouges, une dentiste rousse, Sabine Azéma, se fait arracher son sac jaune. Son portefeuille rouge est retrouvé dans un parking par André Dussollier, un retraité cinéphile, serial killer sur les bords. Son cœur et son esprit s’emballent et la suite ressemble à un cadavre exquis. Entre Sceaux et L’Haÿ-les-Roses, le retraité commence à harceler la dentiste nerveuse de la roulette, une voix-off ironique – celle d’Edouard Baer – s’en mêle et s’emmêle, la police intervient… Coups de théâtre, coups de rêve, quiproquos absurdes, collages, songes, contre-pied, pieds de nez : on s’envoie en l’air dans un vieux coucou, il y a un baiser sur fond de générique de la Twentieth Century Fox, mais une braguette ouverte va provoquer une catastrophe…

- Bizarre, tu as dit bizarre ?

- Et encore, je ne t’ai pas raconté la moitié. La première image de ce film marabou-bout-de-ficelle, c’est un plan sur des herbes qui s’infiltrent entre deux plaques de bitume, ces herbes sauvages qui poussent malgré tout entre les pavés, comme les idées folles qui nous traversent les cerveaux, ou ces pré-rêves qui nous assaillent, juste avant le sommeil.

Resnais : le magicien ose

- Rien à voir avec le film précédent de Resnais, "Cœurs" ?

- Tout à voir. "Cœurs" était crépusculaire, glaçant, mais racontait, en gros, la même histoire, à savoir la quête de l’âme sœur. Un sujet que l’auteur de "Muriel" et "Je t’aime, je t’aime" connaît parfaitement bien. Il adapte ici L’Incident, un roman de Christian Gailly. Mais sur la forme, on dirait un Buñuel dernière période, au hasard "Le Fantôme de la liberté", un film drôle, léger et sans graisse, avec la photo fantasmatique d’un Wong Kar-waï et sur un tempo très jazzy. Fan de la BD Mandrake qu’il a failli adapter, Resnais est le magicien du cinéma.

- Un mot sur les acteurs, la bande à Resnais ?

- Dussollier est drôlement inquiétant quand il déclare, à la vue de deux minettes, « Ces deux-là, je les buterais bien. » Mathieu Amalric, Emmanuelle Devos, Annie Cordy ou Roger Pierre – qui ressemble maintenant à ma grand-mère - s’amusent comme des petits fous. Françoise Gillard, de la Comédie Française, a deux scènes et elle est formidable. Quant à Anne Consigny, imper rouge, béret noir, j’en suis tombé éperdument amoureux.

- Conclusion ?

- Si j’étais un chat, je pourrais manger des croquettes ?

Les Herbes folles d’Alain Resnais avec Sabine Azéma, André Dussollier, Anne Consigny, Emmanuelle Devos.

En salles depuis le 4 novembre.

Retrouvez une chronique cinéma inédite chaque mercredi dans Bakchich Hebdo, en vente chez tous les marchands de journaux.

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5 MESSAGES

Forum

  • Les Herbes Folles : Alain Renaît
    le lundi 14 décembre 2009 à 07:25, B.Traven a dit :
    Et le film, il est comment ? Le film de cinéma, je veux dire. Vous savez ce truc inventé par Marey et Le Prince et vieux d’un siècle et demi, qui ne doit rien à la littérature. Ce bidule fait de cadres, d’axes, de lumière, de valeurs de plan, de choix d’objectif, enfin des tas de trucs qui produisent le sens du film de cinéma qui font le récit, sa qualité plastique, le rythme narratif, etc. Et aussi des mouvements de caméra (la caméra est un outil qui ne doit rien au stylo à bille ou au clavier de l’ordinateur. C’est une sorte de boite noire -d’où son nom- dans laquelle on met de la pellicule sensible à la lumière, avec émulsion, température de couleur d’où in fine, un étalonnage qui donne au film de cinéma un sens particulier selon que la dominante est froide ou chaude, ou si elle alterne l’un et l’autre. Il y a aussi pour faire un film de cinéma, des acteurs, de la mise en scène, des décors, des costumes, du maquillage, des accessoires (vous pouvez pas savoir le soin qui est apporté à toutes ces opérations, c’est que dame elles font le film, lui donne tout son sens), de la direction d’acteur. Ha oui et du son aussi, d’où choix de micro, de mixage, éventuellement de musique (la confiture dont parlait Jean Rouch). Après quoi tout ça est monté. Le montage est une opération extrêmement savante, qui nécessite une grande connaissance technique et qui consiste à assembler les plans de façon à produire encore du sens. C’est fait de tout ça un film de cinématographe, je veux dire c’est tout ça qui fait un film de cinématographe, une multitude d’opérations techniques et esthétiques dont chacune est aussi importante que l’autre pour créer et du sens et du récit. Cet ensemble de choses dont les « critiques » d’ici ou d’ailleurs ne parlent jamais, préférant s’en tenir à une explication de texte du niveau de CM2. Le script n’étant qu’une espèce de feuille de route la plupart du temps plus encombrante que vraiment utile, un reste académique désuet, un vieux tic totalement lié à des siècles de littérature. Le dossier de presse étant largement suffisant. Voilà pourquoi JLG disait très justement qu’il n’avait jamais été critiqué, ce que les "critiques" de script, ont pris pour de la fanfaronnade. Je sais que ces remarques ne changeront rien à l’affaire et que les plumitifs satisfaits continueront à poser leur petites crottes comme si de rien n’était. Mais si ça peut faire réfléchir et faire aimer le cinématographe à au moins un lecteur… Sans compter qu’ici on se croirait dans une sous marque de GalaLibe, avec des vannes et des titres de garçon de bain.
    • Les Herbes Folles : Alain Renaît
      le mardi 22 décembre 2009 à 14:43, Larivel a dit :
      J’ai comme envie de reprendre Christian Gailly dans L’incident : "(Alain Renaît) s’était saisi du livre de l’auteur et allons-y, jouons-le. (Le spectateur comme) Marguerite s’ennuya mourir.
    • Les Herbes Folles : Alain Renaît
      le mercredi 30 décembre 2009 à 11:33, Marc Godin a dit :

      Vous écrivez plein de choses intéressantes sur ce qu’est ou devrait être le cinématographe. J’ai l’impression que j’en parle dans mes papiers (le son, la lumière, le cadre, la mise en scène, l’esthétique…), même si je n’écris pas pour les Cahiers, dont vous devez être un fidèle lecteur.

      Pour la fin ("petites crottes", "vannes de garçon de bain", "plumitif", et même - insulte suprême - une comparaison à Libé), ce n’est pas très constructif et sûrement assez indigne de vous.

      Bonne année quand même.

  • Les Herbes Folles : Alain Renaît
    le dimanche 15 novembre 2009 à 10:17, Isa a dit :
    Il me semble que la réplique exacte est : "Quand je serai un chat, est-ce que je pourrai manger des croquettes ?" Ce qui est encore plus absurde et plus délicieux (si j’ose dire).
    • Les Herbes Folles : Alain Renaît
      le jeudi 19 novembre 2009 à 18:09, Marc Godin a dit :
      C’est chuchoté à la fin, mais je pense que vous avez raison. Je crois d’ailleurs que c’est une phrase de l’écrivain Christian Gailly.
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