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UNE BRÈVE HISTOIRE DE BAKCHICH

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Bakchich est mort, vive Bakchich !

Carnet / mercredi 26 janvier par La Rédaction

Après presque 5 ans d’existence, Bakchich, en liquidation judiciaire le 26 janvier, cesse d’actualiser ce site. Et laisse des milliers d’articles, de dessins et les hebdos en libre consultation. Ce n’est qu’un au revoir, qui sait ?

Voilà, c’est fini. Certes, la vie continue, même pour nous qui avons sué sang et eau pour publier cet hebdomadaire chaque semaine, alimenter le site cinq ans durant. Cinquante-trois numéros, des milliers d’articles. Retour les quinze derniers mois, les hauts, les bas, et les nombreux débats. Amen.

Mercredi ou jeudi midi, lundi à 14 heures… Qu’importe le jour et l’heure de bouclage de Bakchich Hebdo, migrant selon les jours de parution. À l’approche du gong, l’envoi des pages à l’imprimerie, la même tension, la même adrénaline pointaient. La même appréhension aussi. Les scoops seraient-ils repris ? Les enquêtes auraient-elles une répercussion ? L’énergie insufflée dans les pages aurait-elle un effet ? Et surtout, surtout, nos jeux de mots seraient-ils compris ?

Journal complet. Comme une baisse de tension après chacun des 53 numéros sortis au forceps. Un léger flou, sourire béat. « Encore un de bouclé. » Et une réflexion. Qu’est-ce qui nous a pris de lancer un hebdomadaire en kiosques, de nous astreindre à ce rythme effréné ?

La chaleur de l’été 2009 et ses effluves. Trois ans après sa naissance dans un sympathique cloaque de Bastille, néon violet et moquette mouillée, le site cartonne. Les efforts des trois jeunes inconscients, de leurs augustes parrains venus de l’AFP, de Libé, du Canard enchaîné, de RFI et d’autres pour accoucher de l’insolent organe qui milite pour l’info, les enquêtes et le mauvais esprit ont payé. Les locaux ont changé. Les bords du canal de l’Ourcq, sous le toit protecteur de Kino, puis la rue de Charonne. Et Bakchich surfe sur les révélations. Scandales de la vente de sous-marins au Pakistan (qui deviendra l’affaire Karachi), plaintes dans la famille Bettencourt (prémices de l’imbroglio Woerth-Bettencourt), les prestations de Bernard Kouchner réglées par le Gabon d’Omar Bongo. Enivrants moments. Mais les caisses de Bakchich sont désespérément vides. Mauvais signe.

Pari entre gamins

En juillet, l’heure est à la recherche de fraîche. Il faut un nouveau projet, surprendre le lecteur, les confrères, tout en sauvant notre peau. Une quadrature du cercle résolue autour des glaçons de l’apéro, qui ont à peine le temps de flotter.

« Et pourquoi pas un hebdo en kiosques ? – Parce qu’on ne fabrique pas un magazine en huit semaines au coeur de l’été, sans argent et sans maquette ! – On parie ? » Comme un pari entre gamins. Les fidèles pigistes sont enchantés, les dessinateurs les plus anciens déjà aiguisés, les permanents surchauffés. Après des centaines d’hebdomadaires téléchargeables uniquement en ligne, Bakchich Hebdo numéro 1 inonde les kiosques, le 23 septembre 2009. Premier site satirique d’info généraliste en 2006, premier hebdo issu d’un site « pure player » en 2009.

Un brin abasourdie par l’audace, la presse inonde de questions les occupants des 100 mètres carrés du 121, rue de Charonne. Et de citations. Le Monde, Libé, Rue89, la Tribune, les Échos… Publicité bienvenue (et gratuite) pour ces 16 pages d’infos exclusives estampillées «  satire ».

Miracle permanent

Les numéros s’enchaînent, les révélations aussi. Au mur, les unes se chevauchent, s’entrechoquent, les articles se disputent la place. Les journalistes aussi, parfois. Pour un angle, une illustration, un papier. Sur le Web, ou vers le kiosque, le sort d’une info se joue au gré des discussions. Une nerveuse mêlée dans laquelle naît chaque semaine le journal. Entre coups de sang, coups d’éclat et coupes de champagne. Enquête sur le banditisme corse, scoop sur les liens entre Berlusconi et la mafia, détails des négociations secrètes sur le nucléaire entre la France et l’Iran, ou révélation de l’enquête sur les marchés truqués marseillais… Un miracle permanent, une succession de grands bonds en avant, à peine entamés par la procédure de redressement judiciaire, prononcée en novembre 2009. « Malgré ses nombreux scoops, Bakchich Hebdo n’arrive pas à l’équilibre. »

Fleur inattendue du Journal du dimanche… Instinct de survie Arriérés de salaires, factures impayées. Que de futilités ! L’amour et l’eau fraîche ne suffisent à vivre si ne subsiste l’envie d’informer. Salariés, pigistes, dessinateurs, imprimeur, nul ne fait défection, à la grande surprise de quelques confrères passants dans les locaux. « Je croyais trouver une équipe déprimée, confie un ancien éditeur de presse, vous avez l’air gonflés à bloc. »

L’instinct de survie, sans doute. Qui contamine même 2010. En janvier, passage devant le tribunal du commerce, sans un sou en poche. Teint livide, costard sorti pour la première fois depuis un mariage en 2009.

Fierté d’une équipe

L’administratrice judiciaire (bénie soit-elle), Aurélia Perdereau, arrive tout sourire. Et tend un fax, dix minutes avant le passage devant la chambre : « Je viens de recevoir ceci. » Une promesse d’investissement de Jean-Jacques Coppée, actionnaire belge et historique de notre entreprise. L’aventure continue ! La bouffée d’oxygène venue du quai de Corse, siège du tribunal, dope la rédaction. Nouvelle maquette, nouveaux sujets, du sang frais. Les abonnés (gloire à eux) assistent en direct à nos essais. Une flopée de numéros zéros. Et Bakchich Hebdo renaît avec le printemps.

Les cancres des régionales, la guerre nucléaire au sein des entreprises françaises, les carnets secrets du dossier Karachi. Le journal mord encore. Et la même fièvre s’empare des murs un peu vieillots de la rédaction. Entre les lignes railleuses d’articles sur la politique, le sport, les affaires, de primesautières critiques de BD. Une touche de poésie (et de quolibets à l’endroit de l’auteur) contagieuse dans une rédaction de brutes. Des forçats du travail dont les tripes demeurent le principal moteur de l’aventure. Malgré les rumeurs de chute, les errements des ventes, les procédures judiciaires ou le manque de reprise de nos infos.

Pas de sang, beaucoup de sueur et un monceau de rires. Pour une épopée insensée de 53 numéros qui ont fait la fierté d’une équipe. Un marathon épique. Dont on aurait aimé ne jamais franchir la ligne d’arrivée.


Rome ne s’est pas faite en un jour, Bakchich non plus. Revivez ici les riches heures de la genèse de votre journal et de votre site favoris.

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