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CULTURE / CHRONIQUE CINÉMA

"Les chemins de la liberté" : la meilleure façon de marcher…

Technicolor / mardi 25 janvier par Marc Godin
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Sept prisonniers s’échappent d’un goulag, traversent la Sibérie, puis la Mongolie, direction l’Inde. Un périple anxiogène au cœur d’une nature sauvage, par le cinéaste de Master and Commander.

Sept ans ! On était sans nouvelle de Peter Weir depuis sept longues années, date de la sortie de Master and Commander, épopée maritime mirifique, poème initiatique qui remettait le film d’aventures à flot. Depuis, Hollywood a changé, les comptables ont pris le pouvoir et Weir rame pour mener à bien ses projets. Le réalisateur du Cercle des poètes disparus ou The Truman Show déclarait même récemment que plus aucun producteur n’oserait financer aujourd’hui Master and Commander, qui a quand même coûté la bagatelle de 170 millions de dollars !

Pendant ces dernières années, Weir a tenté de monter en vain trois projets, et finalement réussi à faire financer Les Chemins de la liberté (quel titre original, bravo les gars) par des indépendants pour un budget de guérilla, soit 29 millions de dollars. Le résultat est l’antithèse du phénoménal Master and Commander. Après l’épopée, la grande fresque navale au souffle lyrique, voici un film intime, dur, un huis clos anxiogène dans des paysages infinis, grandioses, mais filmés comme des pièges.

Escape from Gulag

Sibérie, 1940. Des millions d’hommes sont envoyés pourrir et mourir dans les goulags de Staline. Entre les mauvais traitements, les températures polaires et les affrontements entre bagnards, la durée de (sur)vie est d’un hiver. Toute évasion est vouée à l’échec car c’est la Sibérie toute entière qui est une vaste prison réfrigérée dont personne ne peut s’échapper. Risquant le tout pour le tout, sept prisonniers, dont des Polonais et un ingénieur américain, font pourtant se faire la belle. Façon de parler… Sans nourriture, sans équipement, sans boussole, ils vont devoir traverser à pied la Sibérie par – 50°, puis la Mongolie, devenue communiste, le désert de Gobi, jusqu’à leur but ultime, les Indes, contrôlées par les Britanniques, après avoir affronté les sommets l’Himalaya.

Du pur Peter Weir

Les Chemins de la liberté est inspiré du roman A marche forcée, de Slavomir Rawicz. Officier de cavalerie polonais, Rawicz a été capturé les Russes en septembre 1939. Déporté en Sibérie, il s’est échappé du goulag et aurait marché jusqu’au Moyen-Orient. Depuis une dizaine d’années, l’authenticité de cette odyssée a été fortement remise en cause par des journalistes de la BBC qui ont révélé que Rawicz avait été amnistié en 1942, et que son roman serait constitué d’histoires qu’il avait dû entendre dans les camps… Néanmoins, le dossier de presse du film assure que quatre prisonniers polonais auraient effectué le périple cercle polaire-Himalaya.

Vraie ou fausse, cette histoire de survie dans un environnement hostile – qui avait séduit en leur temps Laurence Olivier puis Burt Lancaster - s’inscrit parfaitement dans l’œuvre de Peter Weir, qui déjà signé Gallipoli, Mosquito Coast ou La Dernière vague.

Armé d’un matériau aussi puissant, Peter Weir, 66 ans, joue la carte de l’épure. Sans s’attarder, Weir avance, un pied devant l’autre. Refusant le spectaculaire, il signe une mise en scène classique qui évoque parfois John Ford, sans effet, ni esbroufe. Juste des hommes qui mettent un pied devant l’autre. Des visages, des regards, des corps qui soufrent, qui brûlent, qui gonflent, qui gèlent, des âmes qui se fissurent.

Car avec cette longue marche, Weir radiographie les âmes et pose des questions essentielles. Qu’est-ce qu’être un homme ? Une machine à survivre, une machine qui marche, une machine qui doit pouvoir compter sur son prochain, même un assassin, s’il veut continuer à avancer. En fait, le film raconte une double transformation : des hommes obligés d’abandonner toute humanité et transformés en fauve dans les goulags (on lit la même chose chez Primo Levi) ; des bêtes obligées de s’humaniser, de réapprendre la solidarité, grâce à une femme, pour faire face à l’adversité et à la nature sauvage.

La photo de Russell Boyd, le chef op’ fétiche de Weir, avec ses cadres qui enferment les personnages, nous le prouve : Les Chemins de la liberté n’est pas un film sur la nature, mais sur la nature humaine. Une nature humaine personnifiée par quatre comédiens magnifiques : Jim Sturgess, leader du groupe, Ed Harris, creusé comme jamais, dans une de ses plus belles performances, Saoirse Ronan, la révélation de Lovely Bones, Colin Farrell, magnifique en tueur borné et bas de plafond.

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Les chemins de la liberté de Peter Weir avec Jim Sturgess, Ed Harris, Saoirse Ronan, Colin Farrell. En salles le 26 janvier.

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