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Le Constructivisme: Modéliser pour comprendre

Par Jean-Louis Le Moigne L'Harmattan 2003 Présentation par Jean-Paul Baquiast;

© Automates Intelligents 29/04/2004 http://www.automatesintelligents.com

Le livre de Jean-Louis Le Moigne est organisé de façon congruente en 3 parties : (I) le tronc, (II) quelques grandes branches, et (III) une vue d'ensemble du feuillage. Il collationne et remet en ordre une série d'articles antérieurs. Le dernier chapitre, "Pourquoi je suis un constructiviste non repentant", est une sorte de témoignage synthétique. Le lecteur pressé pourra se limiter à ce texte. Mais pour nous, l'ensemble du contenu du livre est très éclairant. Résumons-le brièvement.

imageGENERALITES

Jean-Louis Le Moigne est ingénieur ECP, professeur émérite à l'Université d'Aix Marseille. Il a écrit une douzaine d'ouvrages sur les sciences des systèmes et de la complexité, dont il a fait la matière principale de ses enseignements. Il est président de l'Association du Programme européen Modélisation de la Complexité (MCX) et vice-président de l'Association pour la Pensée Complexe

Jean-Louis Le Moigne est ingénieur de formation. Il a consacré sa vie à pratiquer et enseigner les "sciences de l'ingénieur". Non seulement celles relevant de l'application des sciences d'analyses, telles que les enseignent depuis plus d'un siècle en France les "grandes écoles d'ingénieurs", mais aussi celle d'avant, les "sciences du génie", que Léonard de Vinci qu'il cite souvent, avait si bien illustrées, et que réouvrent depuis une quarantaine d'années les technologies et les sciences de l'information : modélisation, systémique, cybernétique, informatique, gestion des organisations, etc.

Comme tel, il a ressenti tout de suite l'espèce d'ostracisme que faisaient peser sur ces activités la plupart des institutions représentant des disciplines depuis longtemps inscrites au Panthéon des sciences : mathématiques, physique, astronomie et autres. "Vous vous bornez, disent ces derniers aux chercheurs en sciences d'ingénierie des systèmes complexes, comme aux ingénieurs, notamment aux informaticiens, à appliquer avec des outils plus puissants qu'auparavant les découvertes que nous faisons, nous, qui avons le privilège d'être véritablement au contact du réel et de le déchiffrer à votre usage". Certains ingénieurs se bornent effectivement à cela, comme d'ailleurs certains chercheurs dans les sciences nobles se bornent à développer les intuitions de leurs maîtres. Mais quelques ingénieurs, ceux qui innovent véritablement en créant et faisant vivre dans le monde de nouvelles entités, ne se posent pas la question de savoir s'ils découvrent le réel. Ils sont convaincus de créer le réel, en faisant surgir, précisément, ce qui n'existait pas avant. Ils sont convaincus d'être des "constructeurs" dans le même sens que l'évolution biologique a construit des espèces de plus en plus complexes.

C'est le cas notamment des informaticiens, et plus précisément de certains chercheurs en informatique et en robotique. Beaucoup d'entre eux se sont résigné à n'être, comme les mathématiciens voudraient les en persuader, que des chercheurs au petit pied, sinon de simples développeurs. Mais beaucoup d'entre eux aussi commencent à relever la tête et vouloir se hisser au niveau des plus grands scientifiques, avec cette différence qu'ils ne se bornent pas à dévoiler le réel, mais à le faire. Quand on regarde l'évolution du monde actuel, on ne peut que confirmer ce sentiment. L'évolution des technologies et des sciences qui y sont associées (qui en sont, dirions-nous, dérivées) ne parait-elle pas être un des facteurs prédominant de l'évolution du monde global, dialogique de darwinisme et de lamarckisme..

Mais les ingénieurs en général, et les chercheurs en technosciences en particulier, n'ont pas tous une connaissance de l'épistémologie (relative à la philosophie des sciences) aussi développée qu'il pourrait être souhaitable, ni surtout une incitation forte à réfléchir sur la légitimité des nouvelles connaissances qu'ils s'attachent à produire et à enseigner.

Autrement dit, beaucoup d'entre eux font du constructivisme sans le savoir, et sans explicitement s'opposer à leurs "adversaires", les positivistes ou réalistes "forts". Pour se sentir légitimés dans leurs pratiques, on ne peut donc que leur conseiller de lire ou relire l'œuvre importante de Jean-Louis Le Moigne. Son dernier livre, Le constructivisme, Tome 3, Modéliser pour comprendre, que nous présentons ici, en propose une synthèse et une conclusion mise à jour des connaissances actuelles qui est très éclairante.

L'auteur s'est donné à force de travail une culture épistémologique étendue, portant aussi bien sur les auteurs anglo-saxons, les plus cités, que sur les autres. Il suffit de parcourir les notes et la bibliographie de l'ouvrage pour s'en rendre compte. Ce faisant, il a le mérite, pour nous dont la culture philosophique et littéraire n'égale pas la sienne, de faire appel aux précurseurs français ou francophones du constructivisme : Paul Valéry (très grand penseur, presqu'oublié aujourd'hui), Gaston Bachelard, Jean Piaget (La construction du réel chez l'enfant, notamment), Henri Bergson, Paul Ricoeur et d'autres - sans omettre, évidemment Edgar Morin dont nous reparlerons. Beaucoup ne reliront sans doute pas ces auteurs, faute de temps (surtout si leurs œuvres ne sont pas sur le web) mais encore doivent-ils savoir qu'ils mériteraient de l'être.

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Qu'est-ce que le constructivisme ?

Qu'est-ce que le constructivisme ? Ou plutôt, qu'est-ce qu'il n'est pas ? Avant de présenter le constructivisme tel qu'il le conçoit, l'auteur consacre de longs développements à la présentation de l'école adverse, celle du positivisme. On pourrait croire que ce mot ne renvoie plus qu'à une conception devenue archaïque du monde. Le positivisme, ou sa version plus souvent évoquée (notamment en physique) qu'est le réalisme, ont été en effet très malmenés à la fois par le non-réalisme de la mécanique quantique (qui triomphe depuis 80 ans maintenant) et par le déconstructionnisme (dit post-modernisme aux Etats-Unis) pour qui il n'est de connaissance que subjective, c'est-à-dire relative à son auteur.

Mais on aurait bien tort de croire le positivisme mort. Jean-Louis Le Moigne cite un Rapport assez ahurissant de l'Académie française des sciences (1996, L'appareil d'information sur la science et la technique) qui définit ce qu'est le savoir scientifique, celui qu'il convient d'enseigner aux jeunes élèves dans les écoles. Ce rapport définit en fait le positivisme. S'appuyant sur lui, Jean-Louis Le Moigne résume à notre usage les 4 conventions qui fondent le positivisme, c'est-à-dire, selon les académiciens, celles qui fondent la connaissance scientifique elle-même :

  • L'hypothèse ontologique : il existe une réalité objective, extérieure à l'homme, mais que celui-ci peut s'attacher à découvrir par la science (c'est-à-dire par un processus critique permettant notamment d'éliminer la subjectivité des perceptions individuelles).
  • L'hypothèse déterministe ou de causalité : il existe des lois stables et régulières qui commandent à la nature et qu'il faut découvrir, pour les mettre ultérieurement en œuvre.
  • L'hypothèse réductionniste ou de modélisation analytique, fondée par Descartes, selon laquelle on peut comprendre le complexe en le réduisant à ses parties.
  • L'hypothèse rationaliste ou de raison suffisante, remontant aux 3 axiomes d'Aristote d'où découle la méthode hypothético-déductive.

Le lecteur découvrant l'épistémologie s'écriera : "eh oui, mais en quoi ceci est-il scandaleux. N'est-ce pas ainsi que la science fonctionne ?" Jean-Louis Le Moigne, et nous avec lui, nous répondrons : "elle fonctionne comme cela dans certains domaines seulement, et par convention, parce qu'il est plus efficace de s'appuyer sur ces principes plutôt que sur des conceptions de la connaissance plus complexes, quand on veut, par exemple… faire de l'ingénierie. Pour construire un pont, il vaut mieux supposer qu'il existe un réel assez dur sur lequel s'appuyer. Mais, ironique retournement de la pensée, ce que les positivistes présentaient, et présentent encore, comme les fondements de toutes connaissances, planant dans l'empyrée bien au dessus des hommes, se trouve alors ramené à un ensemble de conventions à but utilitaire, qu'il faut critiquer en permanence. Même les mathématiques, présentées comme la mère de toutes les sciences, apparaissent dorénavant comme de simples outils, encore mal adaptés d'ailleurs à l'usage que l'on voudrait en faire (par exemple dans les domaines nouveaux de la gravitation quantique).

Ce qui irrite Jean-Louis Le Moigne, plus encore que les prétentions des positivistes à l'universalité, est le fait que les sciences s'en inspirant s'érigent en disciplines fermées, excluant toute transgression de frontières. Comme toutes chapelles, de tels bastions sécrètent leurs cursus, leurs formations, leurs honneurs et leurs exclusions. Malheur au physicien qui voudrait faire de la biologie ou au mathématicien qui s'intéresserait à l'informatique. Nous avons eu un exemple de cette intolérance avec le désormais célèbre pamphlet de Sokal et Bricmont s'en prenant aux chercheurs en sciences humaines français, qualifiés de déconstructionnistes ou post-modernes. Tout n'était pas faux dans leur critique, mais l'ensemble était empreint d'une morgue de physicien-mathématicien difficilement admissible. Or les nouvelles sciences constructivistes, dites aussi maintenant de la complexité, imposent au contraire la transdisciplinarité et surtout, le rejet de frontières qui craquent de toutes parts sous les assauts des innovations multiples : informatique, robotique, nanotechnologies, biotechnologies, neurosciences, sciences cognitives etc. Les audacieux qui cherchent à y faire carrière ont le choix entre se tenir en permanence entre deux chaises ou - ce qui n'est pas nécessairement une bonne chose - chercher à faire ériger à leur tour leur domaine en chapelle, avec de nouveau ses frontières et ses exclusives.

Après avoir rappelé les fondations du positivisme, Jean-Louis Le Moigne précise en quoi cet édifice, effectivement, n'a plus la portée universelle que lui conféraient Auguste Comte puis, plus récemment, Jacques Monod (dans Le hasard et la nécessité) et finalement l'Académie française des sciences précitée. Nos lecteurs sont très au fait de ces questions. Nous n'y reviendrons pas ici. Disons que, aussi bien en physique quantique que dans les sciences du macroscopique (sciences humaines et sociales comprises), il est désormais évident que nulle part on ne peut affirmer l'existence ontologique d'un réel indépendant de l'observateur. Partout il apparaît que l'observateur ne peut être objectif. C'est en fait un acteur qui construit par son action (en utilisant ses instruments) sa propre représentation du monde et qui se trouve en retour immédiatement modifié par cette construction. Ceci au plan collectif de la science en général comme au plan des individus.

On ne peut donc pas parler d'un réel en soi ou des essences, mais tout au plus d'un réel instrumental ou opératoire, que l'activité des acteurs du monde crée et complexifie en permanence. Au rang de ces acteurs se trouvent évidemment les scientifiques, mais aussi les ingénieurs, les humains de toutes sortes et finalement, les non-humains. Nous avons repris nous-mêmes, sans grande originalité il faut le dire, la comparaison entre la construction d'une fourmilière ou d'une termitière et celle de l'édifice imposant des technosciences occidentales, pour montrer qu'il n'a avait pas de différences fondamentales dans les processus mis en œuvre, et dans les relations entretenues avec ce que l'on appellera la réalité. (Jean-Paul Baquiast et Alain Cardon. Entre Science et intuition - La conscience artificielle, Editions Automates Intelligents, avril 2003 http://www.admiroutes.asso.fr/automates/collection/entresetint.htm ). Sur ce thème, on lira aussi un article de l'auteur "Comparaison scientiste de la ruche d'abeille et de la gestion des sociétés humaines" http://ns3833.ovh.net/~mcxapc/docs/reperes/edi37.pdf. On peut toujours, à fin d'efficacité, maintenir la " croyance " en l'existence d'un réel en soi, mais il ne s'agira alors que d'un " réel voilé" (d'Espagnat) dont on mesure mal l'interaction avec le réel instrumental.

Observons cependant que, pour expliquer en quoi le positivisme ne peut plus " marcher " aujourd'hui, Jean-Louis Le Moigne fait peu appel, au moins dans ce Tome, aux théories récentes de l'émergence dans les systèmes artificiels (construction du complexe à partir d'éléments ou lois simples). Il ne s'étend pas non plus sur les avancées récentes de la physique et de la cosmologie quantique, bien qu'il cite les travaux de M Mugur Schachter dont il a fait la promotion depuis longtemps http://ns3833.ovh.net/~mcxapc/docs/conseilscient/mms3.pdf . Ceci s'explique, à ses yeux, car l'extrême spécificité du vocabulaire des micro états quantiques appelle une attention rédactionnelle très pointilleuse si l'on ne veut pas se faire fusiller par les Sokal toujours à l'affût. Jean-Louis Le Moigne se réfère plutôt aux précurseurs, qui ont nourri sa propre évolution intellectuelle : les chercheurs ayant inspiré l'œuvre monumentale d'Edgar Morin : Norbert Wiener, le dernier Popper, Herbert Simon, Von Forster, Prigogine, Varela, etc. et finalement Edgar Morin lui-même. L'auteur y consacre notamment son chapitre 2 : Le constructivisme en construction. N'y insistons pas, car là encore nous pouvons supposer que nos lecteurs connaissent tout cela et sont convaincus de la pertinence du propos.

Remarquons par contre, ce que ne fait pas assez clairement à notre avis Jean-Louis Le Moigne, qu'expliquer pourquoi le positivisme "ne peut plus marcher" ne définit pas clairement ce qu'est le constructivisme. Faut-il chercher à définir "positivement" ce qui s'oppose au positivisme ? Sans doute pas. Mais il ne suffit pas cependant de dire que le constructivisme est dialectique et systémique, car les définitions de la dialectique et de la systémique sont assez différentes, selon le point de vue auquel, là encore, on se place. De même faire allusion au célèbre paradigme Morinien de l'auto-éco-égo-re-organisation n'éclairera sûrement pas assez le chercheur en train de construire un système tel qu'un robot autonome (ou plutôt en train d'en favoriser l'émergence). Il faut dire que l'exercice a été fait par l'auteur dans les deux premiers tomes du Constructivisme, et surtout dans son Que sais-je ? sur "Les épistémologies positivistes". Le Tome II en particulier, non étudié ici, comporte 4 chapitres consacrés à l'épistémologie des sciences de la computation, de la communication, de la conception et des sciences d'ingénierie.

Ceci étant, il y a trop de façons de s'auto-éco…réorganiser pour que l'on puisse assurer avoir mis la main sur la bonne, à supposer qu'il soit possible d'identifier celle-ci.. En fait, le constructivisme, comme d'ailleurs le souligne plusieurs fois Jean-Louis Le Moigne, s'attache plus à la modélisation des actions que des états. Le terme se borne finalement à reconnaître que le monde, cosmos compris, se construit en permanence sous l'influence de multiples acteurs plus ou moins interagissants. Il n'y a pas a priori de bonne méthode pour construire, il n'y a que des constructions qui s'avèrent ici et maintenant suffisamment plausibles et intelligibles pour comprendre nos actes (Comprendre pour faire et pour cela faire pour comprendre).

En ce cas, la meilleure méthode ne sera-t-elle pas celle préconisée par le trop méconnu Paul Feyerabend dans son ouvrage Contre la Méthode (1975), l'anarchisme méthodologique ou une théorie anarchiste de la connaissance. Va-t-on dire alors que tout se vaut dès lors qu'il réussit, va-t-on verser dans le relativisme généralisé au regard d'une conception de plus en plus " voilée " d'un réalisme des essences ? On peut et on doit en discuter. Nous y reviendrons.

image ECHANGES

image EVALUATION

  • Le constructivisme est-il compatible avec le retour à un certain réalisme?

Dans l'article cité en exergue que nous avions consacré au Tome V de la Méthode, nous reprochions à Edgar Morin (avec toute la déférence que mérite un esprit aussi fécond) de ne plus innover, autrement dit de s'enfermer dans une conception de la pensée complexe qui ne tenait pas compte du progrès continu des connaissances scientifiques. Mais les Moriniens nous ont fait valoir, textes en mains, que ce procès était injuste. Soit.

Sans faire du tout le même reproche à Jean-Louis Le Moigne, nous devons en conclusion de cette présentation de son livre rappeler quelques-uns unes des questions que nous avons évoquées dans notre Revue ces deux dernières années. Nous nous limiterons aux questions et non pas aux réponses qu'il faudrait sans doute leur apporter, ce dernier travail méritant un approfondissement philosophique qui dépasserait le cadre de cet article.

  • Imaginons quatre types de constructivisme à l'œuvre dans le monde :

les flots d'une rivière qui construisent progressivement un estuaire,

un termite qui bâtit sa termitière, en coordination avec ses homologues termites par l'intermédiaire d'échanges de phéromone,

un roboticien qui développe un robot évolutionnaire capable de comportements cognitifs artificiels,

plusieurs de ces mêmes robots développant entre eux des langages artificiels à l'occasion de leur cohabitation dans un environnement sélectif ( P.Y. Oudeyer http://www.automatesintelligents.com/labo/2003/dec/pyo.html ).

  • Ne retrouvera-t-on pas là des similitudes révélant une des structures profondes de l'univers ? Ces différents acteurs constructivistes font par leur action émerger un système complexe à partir de lois simples (Jean-Louis Le Moigne préfèrerait parler d'heuristiques plausibles). Dans les quatre cas, on pourra montrer que des heuristiques simples - ou relativement simples, celles de la dynamique des fluides, de la génétique évolutionnaire, de l'innovation au sein du système technoscientifique humain et finalement de l'évolution artificielle des systèmes automates dotés d'algorithmes génétiques génèrent des formes différentes mais convergentes.

Pour expliquer, ou plus modestement commencer à comprendre ces lois, ou d'autres lois encore à découvrir (ou plutôt encore à inventer) encore plus intrinsèques, on pourra alors se situer dans la perspective de la morphogenèse, évoquée il y a 20 ans par Rupert Sheldrake (lequel est cité dans le livre de Jean-Louis Le Moigne , mais que ni lui ni nous ne considérons aujourd'hui comme une référence valable) et plus récemment par Adrian Bejan (voir notre article en date du 11 novembre 2003), qui se veut fondateur de la théorie constructale [A. Bejan, Shape and Structure, from engineering to Nature, Cambridge Univ. Press, 2000]. En prenant de la hauteur, on pourra aussi évoquer l'apparition de cosmos ou d'univers surgissant au hasard des fluctuations du vide quantique et se structurant selon des histoires parallèles.

Mais alors, tout en demeurant constructiviste dans l'âme, ne tombera-t-on pas dans l'impasse positiviste, celle du réalisme fort, dont on avait voulu sortir, celle d'un sujet se positionnant en observateur objectif du monde et s'efforçant d'y découvrir des lois opérant indépendamment de lui ? C'est pour cela que l'attention épistémologique de tous les chercheurs et enseignants est aujourd'hui si importante. Sinon, dans 50 ans encore, on continuera à révérer un Réel en soi jouant pour ceux qui se veulent matérialistes le rôle de la divinité pour les spiritualistes.

C'est bien la question que l'on se pose en étudiant les publications des scientifiques qui, tout à la fois, mettent en évidence les innombrables déterminismes expliquant selon eux l'évolution de l'univers, et qui dans le même temps semblent se contredire en appellant au libre-arbitre du sujet-acteur qu'ils veulent être dans le monde. Ils nous convient alors à les rejoindre dans une démarche éminemment finalisée, non par une divinité extérieure mais par la volonté de préserver nos intérêts de sujets. En d'autres termes (pour employer de grands mots, sûrement excessifs) le "déterminisme" du positiviste-réaliste et la " liberté " du constructiviste-relativiste sont-ils compatibles ?

En étudiant l'oeuvre de Jean-Louis Le Moigne, on peut penser que c'est cette question, ou une question de même nature, qui l'a poussé à tellement réfléchir à la légitimation des connaissances scientifiques "enseignables et actionnables" que nous produisons : méditation épistémologique qui conduit, selon lui, à restaurer "la Téléologie" ou étude des processus de finalisation des systèmes actifs (non pas des Finalités, données et intangibles, mais des Processus aussi familiers que complexes, par lesquels un système ré-élabore sans cesse les fins qui rendront intelligibles son ou ses prochains comportements). Mais là il faudra un long mûrissement collectif pour se ré-approprier collectivement cette intelligence de la représentation par "l'interaction fins-moyens en action" sans la réduire à la seule "propagation causes-effets".

image PRESENTATION

La revue Automates-Intelligents va-t-elle devenir la Mecque française des constructivistes ?

Après avoir comme il se devait rendu hommage à l'œuvre de Jean-Louis Lemoigne ainsi qu'à son dernier livre, dont répétons-le nous recommandons la lecture à tous, essayons d'en faire une application pratique, en prenant comme cas d'école notre modeste revue, ses lecteurs et surtout les scientifiques, ingénieurs et philosophes auxquels nous consacrons l'essentiel de nos articles, interviews, fiches de lecture.

Que constatons-nous ? Nous donnons la parole ou citons des gens qui développent des projets scientifiques et technologiques dont ils ne connaissent qu'approximativement les sources, pour lesquels ils utilisent des méthodes qu'ils improvisent souvent eux-mêmes au jour le jour et dont ils ignorent les perspectives de développement à terme. De plus ces gens se rassemblent sur tel ou tel projet en raison de l'intérêt que celui-ci présente pour eux, sans se préoccuper de savoir à quelle discipline traditionnelle on pourrait rattacher ledit projet, et sans se poser la question de savoir s'ils restent ce-faisant fidèles à l'étiquette universitaire ou scolaire (Polytechnique ?) qu'ils ont pu récolter à la fin de leurs études.

Qu'est-ce qui légitime de tels projets, et par conséquent légitime les investissements et efforts de leurs promoteurs ? C'est le succès ? Sans doute, mais ce terme de succès ne doit pas être pris au sens politique ou moral. On parlera plutôt de survie momentanée.

Je construis un robot autonome, il s'adapte à un terrain inconnu ou il y tombe en panne. Dans le premier cas, il se dote progressivement d'une intelligence et d'une conscience qui lui permet d'interagir avec son environnement, moi compris. Cela lui permettra ultérieurement d'évoluer indépendamment de moi dans le vaste monde. Je ne me pose pas ce faisant la question de savoir si je décrypte bien le "réel en soi", pour en donner un modèle artificiel. Autrement dit, je ne me pose pas la question de la réalité en soi de l'intelligence ou de la conscience. Je ne me pose pas davantage la question de ce qu'est le monde en général, dans lequel ce robot devra survivre. Je fabrique quelque chose qui, en cas de survie, présentera des convergences évolutives avec d'autres entités, biologiques ou sociologiques (animaux, hommes), évoluant de leur côté dans le sens de ce que j'appelle, provisoirement, l'intelligence et la conscience au sein de ce que j'appelle, toujours provisoirement, l'univers.

En construisant ce robot, je ne prétends évidemment pas m'affranchir des lois de la réalité, physique, mécanique, informationnelle… Mais je n'attribue pas de caractère ontologique, c'est-à-dire sacré, à ces lois. J'en fais des contraintes momentanées dont je dois tenir compte mais qui pourront être différentes plus tard, suite à d'autres progrès de connaissance. En d'autres termes, je me réfère seulement au réalisme instrumental, lequel décrit l'univers tel qu'il apparaît ici et maintenant à travers les sciences et techniques du moment, à ceux qui se réfèrent à ces sciences et techniques.

Notre revue, en d'autres termes, pourrait donc prétendre au titre de Mecque des constructivistes faisant appel à toutes les sciences émergentes déjà citées : informatique, robotique, nanosciences, biologie et neurologie intégratives et computationnelles, etc., sans oublier les sciences de l'organisation et de la gestion chères, à juste titre, au professeur Jean-Louis Le Moigne et à bien d'autres. Les articles que nous publions en donnent la preuve tous les jours. Ils piétinent allégrement les frontières entre les sciences, dures et douces. Ils ne s'embarrassent pas du fait qu'ils charrient beaucoup d'ignorance voire de contresens. L'essentiel est qu'ils donnent matière à la contradiction et au dialogue. En d'autres termes, notre revue est une sorte d'agent ou acteur constructiviste à part entière, créant un monde qui progressivement déforme et fait évoluer les certitudes académiques. C'est d'ailleurs ce qu'apprécient nos lecteurs, qui nous l'écrivent tous les jours. Ceci étant, ils apprécient aussi le recul politique que nous nous efforçons de prendre. Il ne faut pas se résigner à faire sans chercher à comprendre ce que l'on fait.

Mais ni les chercheurs constructivistes auxquels nous donnons la parole ni nous-mêmes en tant que rédacteurs de notre revue ne sommes assez naïfs pour nous imaginer que nous avons désormais partie gagnée. Le terrorisme positiviste ne cesse de harceler les audacieux qui veulent y échapper, en leur refusant chaque fois qu'il peut crédits, considération et avantages de carrière. Comment parler d'informatique sans être matheux ? Comment parler de vie artificielle ou de conscience artificielle alors que nul ne sait ce qu'est en soi la vie et la conscience ? Comment oser se projeter dans le futur sans savoir vers quoi l'on va ? Il serait tellement plus rassurant de se limiter à décrire un réel en soi qui n'a pas attendu l'homme pour exister et qui sera toujours là quoi que nous puissions en dire.

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