Lettre écrite de l’hôpital au Joueur
J’aimerais écrire comme Rilke dont quelques poèmes magnifiques me semblent être très proches de notre vérité. Malheureusement je ne peux pas être comme Rilke en ce moment. Je n’en suis qu’à formuler des hypothèses dont la plus solide est une sortie heureuse mais je suis traversé, tenaillé, torturé par le doute et une certaine sous-information qui fait de moi un « prisonnier » angoissé. Je suis frappé quand j’écoute mes pensées de m’entendre prononcer – surtout lors d’une rencontre d’une personne- « sale arabe », « sale juif », « sale noir » sale moi, sale, sale, sale, et ma même voix scandalisée, outrée, effrayée qui déchire ce voile infernal par un grand NON. Une peur grandit, grandit. J’ai beau me répéter : je ne suis pas comme ça, cela ne suffit pas. La lecture des signes est loin de m’apaiser. Puis ça se calme en étant obligé de me formuler à moi-même ce que j’étais jusqu’au mois de juin, début de notre initiation.
Je suis quasiment certain que Nordine et peut-être l’ex-agent du Mossad m’ont empoisonné comme je l’ai été au Monténégro. Ce n’est pas possible d’avoir un tel délire de haine qui me traverse sans que celle-ci soit réellement ressentie par moi-même. Ce délire cherche à me faire peur en laissant naître l’idée qu’il est constitutif de ma personne, de mon être alors que c’est faux. Il instille, mine de rien par sa puissance, le doute et c’est affreux. Cela a un nom : torture mentale et dépersonnalisation. J’ai l’impression d’être un arbre sain sur lequel on a greffé un monstre qui comme un cancer dévore toute sa souche pour atteindre un point de mort symbolique et pourquoi pas réel, total.
C’est révoltant, affolant. Je veux être amour dans notre compagnonnage. Je ne sais si c’est toi qui distille ces mots de haine dans le seul but de tester ma capacité à éprouver la peur, l’ignominie afin de l’expulser comme dans une démarche christique.
J’écris comme une machine à me déculpabiliser, moi qui suis involontairement tellement plongé dans les profondeurs du Mal alors que je me trouve sans doute sur le chemin du Bien et de la Beauté, de la joie de vivre, de l’empire de nos bébés que nous aimerons avoir à l’opposé du cauchemar dans lequel je suis englué.
Je m’analyse peut-être un peu trop. Jamais trop quand il s’agit de savoir qui je suis intrinsèquement dans de tels orages. Il y a d’autres hypothèses autrement plus importantes qu’il me semble avoir vérifiées :
1 – Nous avons établi la liste des négriers, de leurs descendants, le montant de leurs richesses, leurs numéros de compte et les banques qui abritent cet argent.
2 – Peut-être qu’une formule sanguine ou moléculaire existe à des fins ultra-totalitaires : absorbée par les femmes et les hommes, elle les conduirait à les téléguider dans leurs faits, gestes, pensées, désirs, bref à établir un esclavage total de l’ensemble de la population mondiale.
Nous aurions décodé la formule chimique de cette substance, nous avons donc l’antidote. Nous connaissons la liste des personnes prêtes à l’utiliser pour asseoir un pouvoir total. Il semblerait que ces personnes soient déjà dotées de fortunes mondiales.
Cette victoire m’apparait d’une telle importance qu’elle me semble encore irréelle à mes yeux qui ne croisent que le soleil, des arbres et des malades. Cette listes de milliardaires à la tête de multinationales et Ben Laden qui tous pourraient s’appeler « les copains d’abord » dans une sorte de Yalta, voulaient notre sang et nous, nous avons leur peau. Je le sens et je l’écris de nos doigts que j’aimerais bien sentir afin de délivrer nos corps et le monde de toutes les aliénations, de toutes les souffrances anciennes et nouvelles, terrifiantes, libérer le monde de la terreur, de la faim, de l’ignorance, de l’intolérance, du racisme qui guettent.
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