« Journalisme d’investigation ne veut rien dire. C’est un pléonasme. Tout journalisme est d’investigation. Ordinairement, je préfère parler de journalisme d’enquête, car le terme investigation est un anglicisme » [1], commente Edwy Plenel, ancien directeur du quotidien Le Monde et fondateur du site d’information Mediapart.
D’un point de vue sémantique, les définitions des mots « enquête » et « investigation », admises par la langue française, présentent d’importantes similitudes. En effet, en se référant au dictionnaire, « enquête » qualifie une « recherche méthodique reposant notamment sur des questions et des témoignages » quand « investigation » caractérise une « recherche suivie, systématique » sur un sujet donné [2].
Interrogés dans le cadre de notre sondage exclusif sur le journalisme d’investigation (voir ci-dessous), les journalistes confirment cette tendance en utilisant indifféremment les deux termes : 71,8 % d’entre eux jugent « correct » de parler sans distinction de journalisme d’ « investigation » ou de journalisme d’ « enquête ».
Cependant, certains jugent nécessaire de préciser les mots : 28,2 % des journalistes interrogés préfèrent ainsi parler de « contre-enquête » pour définir cette pratique journalistique. Un moyen de rappeler toute l’importance de cette méthode de travail particulière au sein de la profession, puisque pour eux, tout journalisme est par nature d’ « investigation » ou d’ « enquête ».
« On se focalise trop sur le terme. Ce que l’on appelle « journalisme d’investigation », c’est une commodité de langage pour définir un type de spécialisation journalistique qu’on n’arrive pas à définir autrement parce qu’en réalité, on n’a pas trouvé de meilleur terme », explique Fabrice Lhomme, journaliste au service « Enquêtes » du site d’information Mediapart [3].
L’outil permettant l’enquête d’opinion est un questionnaire qualitatif réalisé à l’aide du site en ligne Sharing-data, spécialisé dans la création de questionnaires ou d’enquêtes sur internet.
Il a été envoyé à 1100 adresses électroniques de journalistes recrutés dans des fichiers de contacts de journalistes en exercice, du Club de la Presse de Lyon, du fichier Rhône du Syndicat National des Journalistes (SNJ), et de divers annuaires consultables sur internet.
Pour obtenir un taux de réponses de 10% (soit 110 répondants), il a été nécessaire d’effectuer cinq relances. Les données ont été analysées par Nicolas Pinsault, Unité Mixte de Recherche CNRS Université Joseph Fourier UMR 5525, Grenoble.
Le genre et le statut des journalistes ayant répondu ont été comparés avec les données datant du 2 janvier 2008, présentées par la Commission de la Carte d’Identité des Journalistes Professionnels (CCIJP).
Lire ou relire sur Bakchich.info l’épisode précédent du blog de Benoit Pavan :
Voir aussi le blog professionnel de Benoit Pavan : http://benoitpavan.wordpress.com/
[1] Propos recueillis à Lyon les 18 février et 20 mars 2008.
[2] Le Petit Robert, 2004.
[3] Propos recueillis le 22 avril 2008 à Paris.