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Humeur

Fiasco politico-financier

8 juillet 2010 à 10h43

Quelle belle époque que voilà…

Je suis bien aise qu’éclate au grand jour des affaires d’État au moment où nous traversons une crise financière, économique et sociale sans précédent.

Pourquoi ? Parce que ces affaires-là, sont parfaitement symptomatiques des liens pour le moins ambigus qui existent depuis la nuit des temps entre les puissants de tous bords.

C’est donc quand tout le monde devrait être uni, le travail ET le capital, la finance ET la politique… que tout décide finalement de partir à vau-l’eau.

Et ce n’est pas de l’opposition que part la trainée de poudre — on n’en attendait pas moins pourtant — mais bien de l’initiative de quelques individus, particulièrement dégoutés.

Je fais une parenthèse pour qu’on se souvienne de ces fameux "déclencheurs" que sont les enregistrements cachés chez les Bettencourt ainsi que les déclarations de l’ex-comptable…

Je suis admiratif devant leur courage qui permet de porter la lumière sur les hautes sphères souvent trop loin et trop hautes pour qu’on puisse juger de la légitimité de leurs agissements.

Au moins c’est clair : qu’on le veuille ou non… que la justice ait tranché ou non… le coup est bel et bien parti, et la balle a traversé le ministre Woerth pour finir dans le président Sarkozy.

C’est du propre…

Faisons un petit retour en arrière : on savait déjà que les grandes fortunes avaient coutume de prêter main forte aux partis politiques dans leur campagne aux élections présidentielles.

Ces "aides" sont règlementées et se font en toute discrétion à la fois.

Il s’agit de rencontrer des gens bien placés… de discuter affaires avec eux… voire même des intérêts des uns et des autres… et puis de repartir avec une enveloppe.

Honnêtement, je suis sûr que dans la batterie d’avocats qui courent les "hautes sphères" il n’y en ait pas un qui sache comment blanchir de l’argent des sponsors…

Et finalement, inutile d’être une fine lanterne pour comprendre que si votre plafond est à 7500 €, il suffit de répartir entre plusieurs personnes et on peut rapidement atteindre 150 000 €…

Exemple : vous vous rendez à la frontière espagnole pour acheter de l’alcool moins cher — eh bien vous êtes limités à un nombre donné de bouteilles.

Mais si vous avez une équipe de militants, ou à défaut d’amis, qui veulent bien faire le voyage avec vous, personne ne vous demandera si vous êtes tous consommateurs. C’est comme ça.

Soyons clair : je n’ai pas plus de preuves que vous de ce qu’affirme Claire T., ex-comptable des Bettencourt, quand elle décide d’accuser Woerth et Sarkozy.

En même temps… comme vous, j’ai du mal à imaginer qu’un quidam attaque aussi gravement le président de la République et un de ses plus proches ministres sans aucune raison.

Le populisme est derrière le doigt pointé de l’UMP…

Pour moi, cette pagaille est la manifestation d’une crise politique, dont la graine a été posée par Nicolas Sarkozy dès les premiers jours de son élection.

Avec la crise financière, le peuple a compris sa douleur. La seule rupture qu’à réussi à faire le Kaiser Sarkoko (comme dirait Probst), c’est d’avoir mis le peuple au courant du train de vie et des secrets de l’Etat.

Aucune pudeur — dans la ligne populiste, parfaitement. A l’italienne : Parole, parole parole… On ne peut pas faire moins pour le pouvoir d’achat que de lancer un plan d’austérité, si ?

Et en même temps, on ne blâmera pas Sarkozy d’avoir provoqué la crise. On sait bien que tout cela le dépasse — et de très loin. A la rigueur, on lui reprochera son obédience politique…

Parce qu’encore une fois… c’est le libéralisme qui nous a conduit à cette situation catastrophique — je ne sais pas si vous vous rendez bien compte…

Notre pays est endetté comme jamais… et sa propre dette est entre les mains de quelques groupes financiers surpuissants. On pourrait chercher le scandale en parlant de république vichyste.

Pourquoi ? Parce que nous sommes à la botte de la finance. Quatre grandes banques font 70% des volumes sur les marchés financiers, qu’on se le dise. Et aux USA, ils l’ont bien compris.

Rage against the system…

Ces grandes banques, ont droit de vie ou de mort sur la croissance, d’états, d’entreprise, d’humains. La spéculation est actuellement considérée comme une bénédiction, un ressort de la liquidité, donc de la croissance donc de l’emploi.

En France, on continue de leur faire la part belle. C’est écœurant. Parce que dans ce monde de bisounours, votre emploi est une donnée abstraite, une variable. Tout le monde s’en fout.

Ce qui compte, ce sont les grosses entreprises, leur chiffre à la fin de l’année, leur capitalisation boursière. Ensuite viennent les sous-traitants, malgré tout nécessaires…

Et au-delà… le néant.

Je rêve parfois que le système néolibéral ait implosé sans dommage collatéraux… Mais là, ce sont vos salaires… vos retraites… vos aides sociales qui sont touchées, gravement.

Et ne pensez pas que cela va durer quelques mois pour aller mieux. Vous êtes dedans pour plusieurs années. Ceux qui s’en sortiront, ce seront les actionnaires un peu inspirés et les pros.

C’est SCANDALEUX. Je le dirai et le répéterai, sans cesse… C’est un crime de laisser les responsables de cette débâcle continuer de diriger nos finances, l’argent du contribuable…

La règle "Volcker" ? Peut-être un bon début…

Soyons courageux, entamons de vraies réformes… ne laissons pas les grands cartels diriger le monde. Il faut frapper maintenant ou se taire à jamais !

Aux États-Unis, Obama a compris, les mesures pleuvent. Populiste ? Peut-être. Mais il s’en serait voulu toute sa vie s’il n’avait pas permis une régulation de la partouze financière.

Paradis fiscaux… produits dérivés… clivages entre fonds propres et fonds spéculatifs… nous devrions exiger que nos Etats reprennent le contrôle ! Sans compromis !

Et pas question d’une régulation sur 7 ans, comme prévu dans la règle Volcker aux Etats-Unis (interdire à toute banque collectant de l’épargne et des dépôts de spéculer pour son compte avec ses fonds propres), ce qui permettrait de voir se succéder les majorités, les lobbys et tout ce qu’il faut pour diluer le médicament…

Tout cela est très beau mais revenons en France.

Deux poids, deux mesures

Comment faire pour rehausser les finances publiques — souvenez-vous, pour rassurer les marchés — quand on fricote avec les plus grandes fortunes de France ?

Je vous rappelle que ces fortunes, comme Bettencourt, sont celles qui sont censées payer le plus d’impôts. Et je dis censées parce que visiblement, "y a moyen de s’arranger".

Donc on s’arrange d’un côté — celui des hauts revenus — on ferme les yeux par ailleurs — sur le capital, les banques, les assurances, mais vous…

Oui vous… là… qui lisez ces torchons trotskystes… Avec vous on va serrer la vis, vous surveiller, vous appauvrir, vous abrutir, vous assujettir — gentiment, lentement, mais certainement.

Et Dieu me chatouille comme dirait un grand : je viens, au moment de conclure, de recevoir ma nouvelle carte vitale — je n’y croyais plus… elle est enfin arrivée.

Je n’ai de carte d’aucun parti, mais je suis assez fier d’avoir ma carte vitale, avec mon air moribond imprimé en couleur dessus. Qu’on ose y toucher, et ce sera la guerre.

Souhaitons qu’elle nous serve encore longtemps, cette bonne vieille couverture sociale…

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Obama sort la Big Bertha contre les financiers La crise, c’est la faute à personne…

1 Message

  • Fiasco politico-financier

    14 juillet 2010 17:49, par cassandre
    "Je fais une parenthèse pour qu’on se souvienne de ces fameux "déclencheurs" que sont les enregistrements cachés chez les Bettencourt ainsi que les déclarations de l’ex-comptable…" Quelle retournement magistral, sarkozy a beau aboyé que le coup est monté par les officines voulant boycotter sa réforme des retraites, ça ne tient pas la route, encore deux ça va être loin et si par malheur il est réélu, cette fois ci la nuit du fouquet’s bis risquent d’être longue..