Angelina’s festivalistic envy of Cannes (2)
J’ai le sentiment qu’il faut remonter à Jean Cocteau pour trouver, en France, un artiste aussi polyvalent et aussi également talentueux dans chaque discipline. Musicien, chanteur, acteur, réalisateur, Stéphane Arnoux est tout cela à la fois réuni dans un seul corps de plus de 1m85 (au pifomètre). « Je fais de la musique à plein temps, » lance-t-il pour trancher sur son cas. Il est de fait le pilier de Mahagonny, nom tiré d’une pièce de Brecht, et fait également partie de La Rabia, groupe qui fait de la chanson sociale, où il joue de la guitare.
Stéphane Arnoux a fait des études de cinéma et de théâtre à Nanterre. « J’ai eu la chance d’arriver l’année de la création du bâtiment dédié aux Arts et Spectacles, » en 1996-1997. « Je travaille sur les conventions du théâtre. J’ai été formé par Matthias Langhoff. Alors qu’au cinéma, je suis plutôt de l’école de Cassavettes. J’aime travailler la réalisation au plus près, filmer l’accident, étoffer le scénario avec le travail des acteurs. » C’est ainsi que ce jeune homme à l’allure d’éternel étudiant a déjà réalisé deux films : La Carotte et le bâton en 2005, un film documentaire sur l’engagement citoyen et Nos désirs font désordre en 2009, film semi-autobiographique sur les vicissitudes d’un groupe d’intermittents du spectacle.
Au théâtre, il prépare la suite des Pieds dedans, un deuxième volet de ce que l’on pourrait appeler du théâtre-documentaire, qui devrait voir le jour à la rentrée, avec des représentations prévues à La Belle Etoile à Saint-Denis, à l’Epée de Bois à Vincennes et aux Métallos à Paris.
Mais à l’heure où j’écris, le jeune homme vit « aventures et péripéties » sous le soleil de Cannes, arguant que « le sommeil c’est pour plus tard ! ». Effectivement, Stéphane Arnoux est membre de l’ACID, l’Association du Cinéma Indépendant pour sa Diffusion, qui regroupe des cinéastes pour la diffusion en salle de films indépendants. Il a ainsi participé à la sélection de neuf longs et dix courts métrages qu’il a accompagnés et présentés à Cannes sous l’égide de l’ACID. « Le but est de présenter neuf films afin de les soutenir, de leur offrir une visibilité et de leur trouver un circuit. » Six de ces œuvres étant des premiers films, il se pourrait bien que l’un d’entre eux n’échappe pas à la Caméra d’Or.
Ne vous fiez pas à ses airs de gendre idéal. Stéphane Arnoux est un va-t-en-guerre contre la société des profits. Face à la crise grecque, il rêve d’insurrection, d’auto-anéantissement des valeurs marchandes. (« Laissons-les faire, tout vendre, nous vendre et attendons que ça pète. ») Un système auquel il est obligé de recourir lorsque les services publics défaillent. « Aujourd’hui, je suis contraint d’utiliser les circuits privés pour jouer mes pièces, car le circuit national et subventionné dénigre les spectacles des petites compagnies. Cela va à l’encontre de sa vocation première. Les compagnies nationales vont de théâtres nationaux en théâtres nationaux, en interdisant ainsi l’accès aux compagnies plus modestes. »
En attendant, il vous offre non pas une mais deux exclusivités, en vous parlant de deux films en sélection à Cannes qui ne sont pas encore sortis sur nos écrans.
Mahagonny : http://www.myspace.com/mahagonny
La Rabia : http://www.la-rabia.fr/