L’humeur de Probst
Pour la semaine sainte qui s’annonce, l’heure n’est pas vraiment à la résurrection. Tout le monde affiche plutôt une mine d’enterrement : l’augmentation de la facture de gaz d’un côté et, de l’autre, les dépenses folles de notre sousministre à la Coopération, Alain Joyandet, qui croit indispensable de craquer 116 500 euros dans un avion privé (lire page 16).
Ne parlons pas de la limousine 607 Peugeot et des gardes du corps offerts à Mme Dati par le ministère de l’Intérieur. Vas-y que je te file des bagnoles, des iPads, c’est journée portes ouvertes. Heureusement, le Kaiser Sarkoko a mis fin aux gâteries faites à Rachida. Le président de la République est persuadé que c’est elle qui répand des rumeurs malveillantes sur le couple présidentiel. Rachida, c’est vrai, est une langue de pute.
Le dîner privé du Kaiser Sarkoko avec Obama a fait mauvais effet au Quai d’Orsay. Les Américains nous reçoivent à la sauvette, un peu à la façon dont nous traitons trop souvent, à Paris, les chefs d’État africains. Et mes amis diplomates auraient préféré, tout de même, un déjeuner d’État. L’ancien Premier ministre de De Gaulle, Maurice Couve de Murville, malheureusement disparu, aurait déclaré : « Tout cela n’est pas convenable. » Et le grand Couve aurait eu raison.
L’arrivée du beaujolais nouveau n’est jamais attendue par les vrais amateurs de vin. Idem pour le gouvernement nouveau. Rien de fracassant dans l’arrivée de Georges Tron, François Baroin et le fils d’un commissaire de police, Marc-Philippe Daubresse, pour s’occuper de la jeunesse. Tous trois sont un peu franc-mac, un peu villepinistes, et surtout pas susceptibles de faire de l’ombre au Kaiser. Une pré-retraite ?
L’expert-comptable et amateur de crème Chantilly, Éric Woerth, aux retraites, c’est plus sérieux.
L’autre triste nouvelle est la disparition de Siné Hebdo , un journal encore indépendant qui ferme boutique. Lorsque j’étais au cabinet de Jacques Chirac, Premier ministre entre 1974 et 1976, nous recevions une foultitude de feuilles satiriques : le Canard et Charlie, naturellement, mais aussi l’Os à moelle, le Hérisson, l’Écho des savanes, Détective. En début d’après-midi, les journaux régionaux arrivaient à Matignon : Sud-Ouest, le Télégramme, mais aussi des feuilles plus modestes, mais instructives, comme le Petit bleu des Côtes du Nord, la Gazette du Berry, et je ne sais quoi encore. Autant de titres qui faisaient contrepoids à la puissante ORTF. Le monde journalistique était davantage pluraliste qu’aujourd’hui. Heureusement, il nous reste Bakchich !