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Bonjour, je suis le ballon du Mondial

30 décembre 2009 à 15h02

Bonjour, je suis le ballon du Mondial. Du Mondial et de tous les terrains de football de cette planète.
A partir du moment où l’objet est rond et circule de pied en pied, voire de la tête ou de la main de Thierry Henry c’est moi, l’empêcheur de tourner en rond.

Le plus fort c’est que je suis à la fois ce ballon et un être vivant, moitié homme, moitié femme, vivant normalement à Paris, ayant une activité professionnelle tout à fait estimable, actuellement en arrêt maladie pour cause de migraines telles que je ne puis marcher.
Par contre, je roule, je vole, je vrille, je fais tourner la tête et je déchire le coeur à pas mal de monde chaque week-end, ne parlons pas de la semaine quand il s’agit de la champion’s league.
Soyons clairs : je suis l’incarnation du ballon ou celui-ci est une réduction matérielle de ma personne. J’ai une double existence sur cette planète : celui d’un objet ayant une âme (et des particularités physiques qui en désarçonnent plus d’un) et d’un être humain qui s’est toujours révolté contre la réification même s’il a su en jouer.
Au ballon correspond ma personne, un citoyen du monde.

De cette personne, le ballon est l’expression matérielle et métaphorique de sa personnalité, de sa sensibilité, de ses révoltes et voltes-faces qui se tendent comme un arc pour aspirer à ne produire qu’une seule chose : de la beauté, de l’harmonie, des surprises, du suspense, des figures, des styles, des rapports au hasard et à la vélocité, des coups, des embrassades pour raconter que rien n’est gagné à l’avance, que tout peut s’inverser, que l’injustice est provisoire : regardez les incroyables exploits stylistiques de Gourcuff après son pénalty raté contre Montpellier.
Mais mes compétences footballistiques sont bien limitées car le plus fort dans cette histoire, c’est que j’ai découvert que j’étais le ballon il y a seulement quatre ans et que jusqu’à cette date, je n’en avais rien à cirer du foot, voire même je le dégueulais tout comme l’argent des joueurs et des clubs, le fascisme ou la beaufitude de certains supporters, le chauvinisme, le machisme et le mauvais goût induits, son fort magnétisme dans la tête des gens, bref tout son monde !
C’est un chanteur de rap très connu qui m’a affirmé que j’étais le ballon avec une autorité désarçonnante. Il passe ses nuits au Baron, une boîte de nuit du VIIIe arrondissement de Paris et croise de nombreux agents des services secrets qu’il affectionne particulièrement. Et moi les services secrets, je les ai eus sur le dos. Franchement, s’il y a bien une catégorie de l’humanité que l’on aimerait ne jamais rencontrer, c’est bien eux.

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