Rechercher dans Bakchich :
Bakchich.info
UNE BRÈVE HISTOIRE DE BAKCHICH

Tags

Dans la même rubrique
Avec les mêmes mots-clés
RÉCLAME
Du(des) même(s) auteur(s)
MODES DE VIE / CHRONIQUE NOSTALGIQUE

Une laisse pour les « sales gosses »

Souvenir / dimanche 25 mai 2008 par Jacques Gaillard
Twitter Twitter
Facebook Facebook
Marquer et partager
Version imprimable de cet article Imprimer
Commenter cet article Commenter
recommander Recommander à un ennemi

Comment expier ce crime ? Il fut un temps où l’on promenait les enfants en les tenant en laisse.

J’ai des photos qui me montrent, engoncé dans un manteau de ratine dont j’aimais les énormes boutons, la tête ensachée dans un « bonnet de chat » dont les oreilles pointent hardiment, et ligoté dans un harnais qui me prend tout le torse.

On est sur le trottoir d’une avenue, et, loin de cacher l’ignominie de ce bondage, ma mère tient fièrement dans sa main droite l’autre bout de la laisse, une boucle de cuir blanc bien visible sur son gant. Il y avait, dans le dos, un anneau de métal où venaient se rassembler les rênes du harnais, et où la laisse s’accrochait d’un geste, ou se décrochait, grâce à un mousqueton : lorsque tout péril semblait écarté, on libérait l’enfant, sans lui ôter le harnais, afin de vite pouvoir le remettre en sécurité.

La laisse pour enfants - JPG - 39.9 ko
La laisse pour enfants
© Jacques Colombat

Avec pareil équipage, l’enfant fraternise avec le chien

Cet enfant croisait des chiens en pareil équipage, et fraternisait avec eux.

Comme les chiens, lorsqu’il voulait s’émanciper, on le ramenait en arrière en tirant fermement ; et lorsqu’on s’asseyait sur un banc, on faisait trois tours morts avec la laisse autour du montant du dossier, en laissant une autonomie compatible avec la sécurité.

Comme pour les chiens, certaines laisses étaient plus longues que d’autres : déjà soufflait l’adoration de l’enfant-roi, car au delà de cinq mètres, que voulez-vous contrôler ? Dans les bacs à sable, parfois, les laisses s’entremêlaient ; certaines mères négligentes ne savaient pas « tenir » leurs enfants, il fallait débrouiller une grappe de bambins ligotés et hurlants, pendant que de jeunes anarchistes, laissés libres de leurs mouvements, volaient pelles, seaux et canards.

Où s’achetait cet appareil ? Je crois que les pharmacies en proposaient, en bon cuir, faites pour durer, comme les cannes anglaises, les jambes mécaniques, les ceintures du docteur Gibaud et les bas à varices. Que de vies infantiles ont été sauvées par ce dispositif ! Pensez donc, il y avait des trams, quelques voitures, des flaques d’eau, et, plus rarement, des précipices. Il n’est du reste pas démontré que, comme l’assurèrent des modernes, cette laisse ait complètement démoli l’ego des assujettis : admettons quelques traumatismes, quelques névroses subséquentes, trois fois rien – que fait-on d’autre aujourd’hui, en coinçant les gnards dans un réseau de ceintures de sécurité, sur le siège arrière de la voiture, et parfois en les disposant de dos par rapport à l’avancée du véhicule pour qu’ils ne puissent voir où ils vont, mais seulement d’où ils viennent (Freud apprécierait) ?

Je vais vous dire le fin mot : la laisse était un truc de ménagère. Elle disparut avec le gaullisme – et l’on put jouir, enfin, sans entraves (ou avec des laisses). Enfin, espérons-le.


AFFICHER LES
29 MESSAGES
0 | 5 | 10 | 15

Forum

  • Une laisse pour les « sales gosses »
    le jeudi 11 septembre 2008 à 14:37, Plume de verre a dit :
    j’ai eu un chien que je promenais en laisse. j’ai eu deux enfants que je n’ai jamais confondus avec le chien ! Jamais il ne me serait venu à l’idée d’attacher un de mes enfants au bout d’une laisse. je les ai tenus avec ma main. Quoi de plus doux que la menotte confiante de son enfant dans sa propre main. je puis dire que je me suis réjouie de ne plus voir les enfants tenus en laisse comme n’importe quel Médor, kiki, et autres clébards… Il ne faut tout de même pas confondre un enfant et son chien, et croyez moi que mon chien je l’aimais.
  • Une laisse pour les « sales gosses »
    le samedi 31 mai 2008 à 19:56

    Et pourquoi pas ? Je m’explique. Il y a un âge où les enfants deviennent trop lourds pour être portés, l’âge justement où ils commencent à marcher. On peut, bien entendu, leur donner la main dans la rue. Mais marchez un jour, ne serait-ce que 50 mètres, en tenant la main à un petit enfant, et vous verrez que votre dos ne supportera pas longtemps d’être ainsi tordu, et que l’enfant perd son équilibre à marcher le bras en l’air. Personnellement, j’ai beaucoup porté mon enfant sur la hanche, et marché longtemps en lui donnant la main, l’autre étant libérée pour lui montrer les choses et lui expliquer le monde. J’ai aussi désormais le dos en compote. J’avais pensé fortement à acheter ce fameux harnais pour lui faire prendre sa liberté sur le trottoir, tout en le retenant au cas où. Mais je craignais les réactions de gens "indignés". Et puis, je n’en ai pas trouvé.

    Autre solution : la poussette. Qu’on regarde et qu’on y réfléchisse un peu. Que voit-on ? Des gamins avachis, à hauteur du bruit, insupportable pour les jeunes oreilles, et des pots d’échappement des scooters qui envahissent scandaleusement les trottoirs. Le parent pousseur est derrière, sans contact, qui ne lui parle pas. Le gamin regarde défiler le monde devant lui, comme à la télé, sans décodage. Du gamin-marchant (avec ou sans "laisse"), on est passé au gamin-roulant, que l’on bâillonne avec une sucette ou un gâteau. Pour moi, la vraie monstruosité est là : le déni de la place du petit enfant dans la ville (et de sa mère, tiens !, parlons-en de celle-là, aussi…)

  • Une laisse pour les « sales gosses »
    le mardi 27 mai 2008 à 09:28, rudi a dit :

    les trottoirs étant désormais encombrés de cyclistes, voitures en stationnement, rollers, il me semble préférable que l’enfant reste près de sa mère
    - combien d’enfants égarés dans les grands magasins ?

    le bon sens me semble préférable à l’esthétique quand il s’agit de bambins qui taillent la route sur une impulsion imprévisible ..

  • Une laisse pour les « sales gosses »
    le lundi 26 mai 2008 à 10:20, ToOmS a dit :

    Je vais encore passer pour un râleur, et j’avoue une certaine tendance masochiste à m’enfoncer dans ces travers ; mais QUELLE EST L’UTILITE DE CET ARTICLE ? Il n’y a donc rien de plus grave en ce moment que les souvenirs d’un môssieur qui parle pour ne rien dire ?

    Oups, pardon : il y a plus d’une vingtaine de commentaires ; c’est donc la PREUVE que c’est super important. Merci d’ignorer ma mauvaise humeur.

    • Une laisse pour les « sales gosses »
      le lundi 26 mai 2008 à 13:22
      j’ai toujours du mal avec ce genre de réaction, car si cet article n’est d’aucune utilité alors pourquoi perdre son temps à le lire et encore plus à y laisser un message…a bon entendeur…
      • Une laisse pour les « sales gosses »
        le mercredi 28 mai 2008 à 18:05, ToOmS a dit :
        Moi, j’ai du mal avec les messages non signés. Mais je frole le point Godwin, là…
    • Une laisse pour les « sales gosses »
      le lundi 26 mai 2008 à 19:45, jacques gaillard a dit :

      A quoi "sert" cette rubrique ? A rafraîchir la mémoire, éventuellement.Mais surtout, à faire réfléchir. Peut-être est-ce cela qui vous gêne…Pourquoi lisez-vous des livres ? des romans ? des essais ? Tout cela ne sert à rien !

      Je rappelle que je ne suis pas un journaliste, et je ne prétends pas l’être. je n’informe pas, je propose des textes au regard de mes contemporains - râleurs compris. Il n’y a pas d’offense : on n’est pas obligé de les aimer. C’est comme les petites annonces : quand on ne compte ni déménager ni changer d’auto ni trouver une perceuse en bon état, on saute. Il faudrait beau voir que , dans un bon journal, tout "serve" à quelque chose !

      • Une laisse pour les « sales gosses »
        le mercredi 28 mai 2008 à 13:37, ToOmS a dit :

        Effectivement, dans une perspective artistique, c’est tout différent. Prévert a ses charmes, j’en conviens. C’est juste que je suis un lecteur de Bakchich ; et il est écrit dessus (comme pour le Port Salut, dit-on) "enquêtes, informations et mauvais esprit". Ne trouvant aucun de ces trois éléments alléchants dans votre rubrique (ne parlons donc plus d’article), je me pose la question de la pertinence…

        Si c’est pour subir les commentaires niaiseux du type, "ah, oui, je me souviens, ma mère me mettait des capuches et d’ailleurs ça existe encore", autant lire des forums. Mais c’est vrai que des livres c’est mieux. A ce propos, je termine actuellement "Comprendre le pouvoir - l’indispensable de Chomsky" et je le recommande à tous ceux qui veulent un autre sujet de conversation que les banalités de comptoir.

        ACIAO

  • Une laisse pour les « sales gosses »
    le dimanche 25 mai 2008 à 23:34, Emrys Myrdyn a dit :

    Excellent !

    Votre article et les réactions me font penser à la loi Gayssot et au débat entourant ses « bienfaits ».

    EM

0 | 5 | 10 | 15
BAKCHICH PRATIQUE
LE CLUB DES AMIS
BEST OF
CARRÉ VIP
SUIVEZ BAKCHICH !
SITES CHOUCHOUS
Rezo.net
Le Ravi
CQFD
Rue89
Le Tigre
Amnistia
Le blog de Guy Birenbaum
Les cahiers du football
Acrimed
Kaboul.fr
Le Mégalodon
Globalix, le site de William Emmanuel
Street Reporters
Bakchich sur Netvibes
Toutes les archives de « Là-bas si j’y suis »
Le locuteur
Ma commune
Journal d’un avocat
Gestion Suisse
IRIS
Internetalis Universalus
ventscontraires.net
Causette
Le Sans-Culotte