A la Une de Bakchich.info
Bakchich : informations, enquêtes et mauvais esprit
Bakchich : informations, enquêtes et mauvais esprit

Test Louise-Michel : « On a tous eu envie de tuer son patron. »

29 décembre 2008 à 23h36
Buter son patron ? Ca me paraissait un fantasme de gaucho-intello. Mais après le « test Louise-Michel », ça cogite jusqu’à la base…

A l’Etoile, avec mon magnétophone de Radio-France, je partais interroger des actrices d’un jour. Les ouvrières avaient joué dans Louise Michel, le film des gars de Groland, mais qu’est-ce qu’elles en pensaient, elles, pour de vrai, de « traquer les patrons » ?

Comme prévu :

« C’est un peu gros.

- Ça, vous êtes pas pour ?

- Ah non non non non. Ah quand même pas. Quand même pas aller tuer un patron. »

Véronique s’y connaît, pourtant, en plans sociaux : licenciée d’une filature, puis de Stella, pas reprise en intérim chez Valéo. Puis atterrissant ici, au Relais d’Emmaüs, pour trier des habits :

« Parce que le patron s’il délocalise, c’est pas de sa faute non plus. J’ai bien compris qu’il fallait qu’il se sépare de ses ouvriers. Si nous on avait été à sa place, peut-être qu’on en aurait fait autant. »

La petite musique, quotidienne, répétée, de la résignation avait fait son chemin, ici. Jusqu’au cerveau de Véronique. Et de Catherine, qui trie des blousons sur un tapis roulant - et dispose d’un palmarès plus impressionnant encore : licenciée de Honeywell, Véglia, Stella Europe, CFRT.

« Quand ça a fermé chez Honeywell, vous avez été en colère ? - Vous savez, quand ça ferme ça ferme. On n’y peut rien. Y a beaucoup d’usines qui manifestent mais ça ferme quand même. »

Et c’est davantage vers l’ANPE que s’est tournée sa colère : « Tous les mois ils vous convoquent. Ils vous proposent n’importe quoi, au bout de deux ou trois fois ils vous enlèvent le chômage. Les gens, pourtant, c’est pas de leur faute si les usines elles sont fermées. On aurait dit que c’était notre faute. »

 - JPG - 39.5 ko

Se radicaliser seul : une impasse

Ça confirmait mes a priori.

Que liquider son dirlo, c’est une idée d’intello.

C’est Gérard Mordillat dans Notre Part de ténèbres.

C’est Jean-Pierre Levaray pour son prochain bouquin, Tuer son patron.

C’est Action Directe, de façon plus concrète.

C’est moi aussi : il me pousse des envies de meurtres. Ça retombe vite. Mais s’il suffisait, comme dans la nouvelle de Balzac, d’y songer un instant pour éliminer à l’autre bout de la terre le mandarin chinois, il ne resterait plus grand monde du CAC 40, ou du gouvernement, ou pour présenter le 20 heures.

Sitôt qu’elles me traversent, pourtant, ces idées me paraissent absurdes. Non que je réprouve la violence dans l’absolu. L’histoire est faite d’espérances, d’ambitions, de générosités – et aussi de violence. Le présent non plus n’est pas exempt d’une violence sourde. Et les plus violents ne sont pas ceux qu’on croit.

Ces idées me paraissent absurdes, plutôt, parce que sans assise populaire. Parce qu’on ne saurait agir au nom du peuple (ou des « travailleurs », ou des « opprimés », barrez les mentions inutiles), pour le peuple – mais sans le peuple. Voire contre le peuple : qu’il soit le premier, avec son bon sens, à désavouer les « extrémistes », les « terroristes ».

Se radicaliser seul me semble dépourvu de sens. Une impasse. Un aveu de faiblesse, de notre incapacité à convaincre. Au XIXème, contre « la propagande par le fait » anarchiste, je choisirais la lente germination du socialisme…

 - JPG - 25 ko

" On a tous eu des envies de meurtres "

Sauf que voici :

Au Café des Sports, en bout de table, avec des ouvrières autour, j’installe mon ordi. Deux hauts parleurs. Je glisse le DVD et diffuse la séquence clé :

« Ce qu’on pourrait peut-être faire, c’est mettre l’argent ensemble…

- Si on ouvrirait une pizzéria…

- On pourrait peut-être, pourquoi pas un calendrier à poil ?

- J’ai peut-être une idée, moi. (C’est Louise, jouée par la formidable Yolande Moreau, réalisatrice de l’encore plus formidable Quand la mer monte.) Avec 20 000 €, on pourrait faire buter le patron par un professionnel. »

Ça rit dans le bistro, maintenant. Et tandis que la scène se poursuit sur mon PC, fuse dans la salle un : « On a tous eu des envies de meurtres.

- Ouais », approuve la voisine.

Et la même poursuit :

« On a tous eu la même idée. Dans n’importe quelle entreprise que ce soit, en pleine crise de licenciements, tout le monde l’a pensé.

- Ouais. On discutait entre nous, on se disait : ‘Y a des blockhaus chez nous, on va mettre le patron au fond des blockhaus, on va le séquestrer’…

- On voulait l’enchaîner.

- On avait tout préparé, avec des photos. C’est de la haine qu’on ressent envers eux. Et encore aujourd’hui. »

Je n’avais pas invité des bolcheviks, pourtant. Des petites dames, gentilles, à la voix douce. Des mamans de cinquante ans.

« On voulait l’attacher sur son lit. On était prêtes à faire des tours de garde. Ca devenait vraiment irréaliste. » Une autre mamie opine : « Derrière, dans notre arrière-pensée, on ne l’exprime pas. Mais on y pense quand même… »

Et Catherine Thierry, la « nonne rouge » du Val-de-Nièvre, elle, renchérit : « Au tricotage, ça s’est passé la même chose. Monsieur Mesnil, qui a une usine à Roisel, de sacs à patate, il a fermé Flixecourt, et deux mois avant il avait acheté une maison au Touquet de 470 000 €. Mais euh, on voudrait quand même lui faire rendre gorge hein. »

 - JPG - 26.5 ko

Niveau de haine sociale

C’est juste des fantasmes qui traînent dans les esprits. De là au passage à l’acte, y a de la marge. Mais déjà, que ces idées soient répandues jusqu’à L’Etoile, qu’elles s’expriment, ça m’a surpris. Ça m’a fait cogiter, quand même, que le niveau de haine sociale s’élève sans doute.

Ça m’a rappelé, à l’extrême, les yachts pris d’assaut au large de la Somalie : au fond, qui ne tient pas davantage avec les David preneurs d’otage plutôt qu’avec les Goliaths de l’Argent frimant sur leurs palaces flottants ?

Conseil régional : La gauche cigare L’envers de Parisot

21 Messages de forum

  • Ah ça ira, ça ira, ça ira …

    28 décembre 2008 18:52, par Diogène

    Bonsoir,

    Naturellement qu’on y a pensé ! Perso, bien qu’humaniste, j’aurais ajouté un jambage à l’italienne, une période de réflexion à l’isolement et une rançon pour les pot cassé (éventuellement une disparition, mais bon). Ce qui freine, c’est toujours que ces gars ont des femmes, des enfants, une autre vie semblable (tout est certes relatif !) aux nôtres ! Assez curieusement, c’est aussi, parfois, des femmes. C’est différent, mais pas forcement mieux ! Non, les types à buter ou plutôt, à conduire à la misère, c’est les actionnaires. Pour eux, et eux seulement, la guerre économique est chirurgicale et distanciée. A ce propos Bernard Madof est un allié objectif !

    Cdlt

    Voir en ligne : Restructuration

  • L’envie de tuer

    28 décembre 2008 22:09, par Ravachol

    C’est marrant. Voilà déjà longtemps que j’ai envie d’écrire une série de nouvelles. Avec un meurtre à chaque fois.

    Un actionnaire. Un capitaliste ventru ou body-buildé. Un ténor du CAC 40. Un politicien corrompu. Un petit chef qui fait dérouiller le petit personnel. Le propriétaire/directeur d’un Leclerc. Parisot. Un journaliste/courtisan qu’on voit à la télé. Un autre actionnaire. Le patron de Carrefour. Vincent Bolloré et Bernard Arnaud. Un politicien de gauche qui a voté pour le traité Sarkozy dit de Lisbonne. Encore un actionnaire. Un Lagardère qui ne viendra plus à toi. Un Ernest-Antoine. La convention annuelle des parlementaires de droite éparpillée par un missile. Un actionnaire encore. Un autre cheffaillon.

    Des meurtres jamais revendiqués. Et le nombre augmente prodigieusement. Une épidémie qui décime les 500 premières fortunes de France. Une épidémie qui décime la gauche de droite. Une épidémie qui décime les journalistes porte-parole du pouvoir. Une épidémie qui décime les actionnaires.

    Des dizaines de nouvelles très brèves. Avec un meurtre à chaque page. Et ils tombent, tombent, tombent.

    Le couteau. Le fusil de chasse. Le revolver. L’incendie. La pendaison. La noyade. L’excès de somnifères. L’excès d’alcool. La strangulation. L’étouffement dans un sac en plastique. La calcination dans un four. La chute dans un laminoir. La chute du haut de la falaise. La chute du énième étage. La dissolution dans l’acide. La crémation dans une chaudière. La matraque. Le rasoir. L’accident de voiture. Le tonfa. Le missile. Le yacht touché-coulé. Le chien dressé. Le poison. L’explosif. Le cyanure. L’arbalète. La dynamite. La perfusion de mercure. L’amiante en soluté nasal. La hache. Le chocolat fourré à la strychnine. La perforation d’estomac au chlorate. Le désherbant. Le gaz. Le sabre d’abordage. Le fer à béton bien affûté.

    Et Monsieur Gaston, qui promene son chien, croise des flics sur les dents. Le chien a bien léché le sang du fer à béton. Qui sert maintenant de tuteur à tomates.

    Les patrons qui commencent à faire profil bas. Les riches et célèbres qui rasent les murs. Et ils tombent, tombent, tombent.

    Voir en ligne : Une anthologie de révoltes

  • Curieusement, ceux qui comme moi ont parfois cette pensée - tuer son patron - semblent se retrancher bien vite face à une idée simple mais combien réaliste : ce type-là a une famille, une femme, des enfants. Le supprimer n’est pas simplement passible de la loi, c’est d’abord une question éthique : que deviendront ses enfants, sa femme, sa famille, ses amis ? Empathie, quand tu nous tiens… par-delà les drames vécus personnellement.

    Bizarrement, les mêmes préoccupations ne se posent pas d’emblée du côté des puissants (des patrons) : virer un(e) employé(e), un(e) ouvrier(e), un(e) cadre, cela semble si facile, en dehors des communiqués compatissants destinés aux journalistes. Ces personnes ont aussi une famille, souvent des enfants, généralement des époux(ses), des amis, une vie sociale en bref…

    Lutte des classes, incompatibilité des représentations du monde… Que faut-il faire pour rendre ce monde plus juste ?

    • Salut,

      d’accord avec vous mais cela reste une affaire de morale personnelle. En plus, outre les raisons revendiquées pour ne pas agir "mal", il reste celles, réelles, de la peur de se faire prendre, de monter l’opération en question, de pouvoir faire confiance absolue à une éventuelle équipe. Pas si facile en réalité … Je sais aussi, ça ne facilite pas les choses, que dans certains cas, les exécuteur ne font pas ça par goût, mais par faiblesse, lâcheté, devoir parfois (c’est fout ce que l’esprit peut s’auto-intoxiquer !)ils obéissent, sont de bons soldats. Cela n’excuse rien naturellement, mais ça explique.

      Voir en ligne : Restructuration

  • Vox Populi

    29 décembre 2008 00:22, par Mata

    Ouaip, ouaip, ouaip… Quand on voit comment Chirac a gagné les élections de 2002. Grâce à une stratégie qui reposait essentiellement sur l’émotivité du public après avoir mis le feu aux poudres. Et aussi les centaines de milliers de morts sur un mensonge au Moyen-Orient. Je me demande si on choisit vraiment nos « terroristes » et nos « extrémistes ».

    Nous sommes des David consentant à être pris en otages, par des pirates Goliath sur leurs yachts d’argent. Se radicaliser est un processus individuel et les actes qui en découlent collectifs. L’ennemi ce sont ces sociétés qui rivalisent avec les États en pouvoir et en argent. Si nos ménagères rient dans tuer les dirigeants. Elles ne sont pas les seules à penser ainsi, même en rêve. Mais ce n’est, au grand regret des jeunes somaliens, pas d’actualité. Par contre ce genre de pensée ça donne une parfaite légitimité à des actions qui visent à prendre de l’indépendance par rapport aux pouvoirs.

    Merci populus !

  • Se radicaliser seul me semble dépourvu de sens. Une impasse.

    Parce que se radicaliser ensemble serait mieux ? Pouvez vous aller au bout de cette phrase en imaginant le modèle de société que vous prôneriez si vous n’étiez pas seul, mais si vous représenteriez une majorité ? On tuerait celui qui dérange ? Intéressant… Le reste du débat est pour moi sans intérêt, car vous pouvez faire de même avec, qui une belle-mère, qui un voisin, qui une administration etc. Cela n’a rien à voir avec le cas particulier du patron. Dés qu’il y a conflit et que l’on se sent dans une impasse, on va imaginer des solutions radicales et simpliste : est-ce l’objectif de la vie en société ?

    • Oui, se radicaliser ensemble 29 décembre 2008 11:08

      La "radicalité" n’implique nullement le meurtre.

      Au XVIIIème siècle, par exemple, réclamer un impôt sur les revenus se révélait radical. Qu’il soit progressif, encore davantage.

      L’idée, aujourd’hui, d’une répartition plus égalitaire des richesses, et surtout des moyens de production de ces richesses, demeure radicale. Tout comme, à mon sens, les solutions pour lutter contre la mise à mort de notre planète sont "radicales" - à prendre à la racine : le renoncement au productivisme/consumérisme comme modèle de société.

      Voilà qui n’exige aucun massacre. Il n’est pas dit non plus que ces transformations se produiront comme on s’allonge sur un lit couvert des pétales de roses…

      Mais pour que ces transformations se fassent, même lentement, il faut non pas quelques individus isolés, éclairés, détenant la vérité à eux tout seuls. Mais qu’ils s’attellent à convaincre, que leurs actions soient partagées, soutenues par le nombre.

    • Parce que se radicaliser ensemble serait mieux ? Pouvez vous aller au bout de cette phrase en imaginant le modèle de société que vous prôneriez si vous n’étiez pas seul, mais si vous représenteriez une majorité ?

      Oui, c’est un truc qui se produit régulièrement et c’est ça qui fait que toi et moi on ne doit pas allégeance à un seigneur de droit divin ou à un patron tout-puissant.

  • « On a tous eu besoin de tuer son patron. »

    29 décembre 2008 16:45, par b

    La preuve en image que ça soulage :

    http://pourceau.files.wordpress.com/2008/11/20081103_2.jpg

    Vôtre

    Voir en ligne : Pourceau

  • Catharsis !

    29 décembre 2008 16:58, par Diogene

    Une petite réflexion sur l’existence même du film Louise Michel. C’est malheureux à dire, mais je crois qu’en racontant un projet de meurtre du patron salaud, on participe à son absence de réalisation. En effet, le fait de s’identifier aux héros purge nos mauvaises passions selon le mécanisme de la Catharsis ( http://fr.wikipedia.org/wiki/Catharsis ). Denis Robert, dans Revolte.com, pense (sous réserve de ma propre compréhension) même que c’est le boulot de l’industrie médiatique (notamment cinématographique) que de contrôler ces mauvaises passions qui, sans ça, conduiraient à des remises en question peut-être un peu douloureuses pour les dominants …

    Cdlt

    Diogene

    Voir en ligne : Restructuration

    • tue ton patron 30 décembre 2008 08:17, par jean-pierre levaray
      sans doute qu’un film comme Louise Michel permet de ne pas aller au bout de ses désirs. N’empêche qu’on y pense souvent à "tuer son patron" pour tous les moments de nos vies volés, parce qu’on n’ose pas se prendre en main, leur dire merde et se barrer. Quand t’as un patron qui gagne en un an ce qu’il me faudrait 300 ans pour les gagner, je ne pense pas qu’il y a trop d’état d’âme à avoir sur la vie et la famille de ce type. bref, on ne tue pas, parce qu’on a une morale et qu’on ne veut pas être comme eux, mais des fois ça démange. On sort d’un conflit dans ma boîte (oui ça se fait encore), pour le maintien de cinq emplois ( !!!!) le patron a été particulièrement abjecte, refusant de négocier et mettant les grévistes en chômage technique, pour casser le mouvement (c’est un lock out déguisé). Ça a duré un mois, on va aller (et gagner) devant le tribunal, mais bon… les envies de meurtres ont traversé les esprits… Voilà Salut Jean-Pierre Levaray
  • L’idée a déjà servi. En Inde, il y a quelques mois, un PDG a été lynché. Il venait de la filiale italienne d’un groupe suisse. Une centaine de personnes avaient été virées pour avoir demandé violemment des hausses de salaires et des contrats moins précaires. Combien de personnes ont plaint (sincèrement) le PDG ? Combien n’ont pas eu ne serait-ce qu’un éclair de pensée fugitive de type "on devrait faire pareil chez nous" ?
    • Oui ! Je m’en souviens, ainsi que la réaction à chaud du ministre du travail indien qui disait que bon, il l’avait pas vraiment volé ! Il a du se rétracter ensuite, relations publiques obligent !

      Diogène

      Voir en ligne : Restructuration

      • Test Louise-Michel : « On a tous eu envie de tuer son patron. » 3 janvier 2009 21:59, par pièce détachée

        Oui, certains (j’en suis) se sont pourléché les babines, ouvertement ou non, après le lynchage d’un PDG en Inde et la réaction du ministre du travail indien.

        Mais il faut replacer ces faits dans le contexte indien, où patrons, propriétaires fonciers, politiciens véreux s’étripent à la fois entre eux* et avec les ouvriers, les sans-terre, les floués, les rackettés, qui eux-mêmes s’exploitent l’un l’autre avec zèle. Chaque jour. À coups de machette, de massue, que sais-je. Physiquement. Par familles, clans et milices privées interposés, ou non. C’est peut-être choquant à lire, mais en Inde, c’est la norme, dans toute sa nudité. Nos feuilles de vigne, nos palabres effarouchées y font s’écarquiller bien des yeux.

        C’est une autre façon de voir la culture d’entreprise…

        *Quand ils ne sont pas réunis en une seule personne : en 1985, dans l’État du Bihar, un chef mafieux violeur et assassin, pour une fois emprisonné, a fait campagne depuis sa confortable cellule et a, devinez quoi ? gagné les « élections » (devinez comment).

  • Le pays modèle de Sarkozy semble pratiquer à plus grande échelle qu’en France l’élimination physique des patrons par ceux qui se sont fait virer.
    Ceci sans effet notable sur le chômage.
    Alors certes, il faudrait que la résignation et la peur changent de camp, mais cette solution expérimentée ne semble pas être efficace.
    Se tuer soi-même en devenant patron ? Pourquoi pas.
    Ou alors ne pas comprendre la mine désolée des journalistes m’annoncant qu’un courtier français s’était suicidé aprés la déroute Madoff.
    Il est vrai que le destin de ce pauvre type ne m’a pas interpellé.
    Sans parler de contre-culture ni de sous-culture, la bataille est sur les mots.
    Ou expérimenter les formules juridiques qui ne laissent aucune place à un patron : SCOP, Coopérative et expérimenter ce que peut être une circulation de l’information et qui a envie de s’impliquer ou pas.
    Mais tuer un patron, hormis tuer le patron qui sommeille en chacun de nous, non merci.
    Je ne les aime pas assez pour les hair au point de les tuer.

    Voir en ligne : mon blog

  • Le film Louise-Michel est nul

    3 janvier 2009 22:21, par Rosselin

    Intéressant tout ça. Mais pour revenir au film lui-même, je l’ai trouvé nul. Une fumisterie. Aucun intérêt. L’idée de base est bien, mais je suis d’accord avec Ruffin lorsqu’il dit que c’est une idée d’intello. La réalisation est nulle.

    Je trouve aussi que les ouvrières sont caricaturées, réduites à des arriérées, impression de malaise renforcée par le jeu outrancier de l’héroïne.

    JR

    • Le film Louise-Michel est comment ? 10 janvier 2009 10:21, par Little Lil’no smockey

      Nul ? Caricatural ? C’est le prisme d’une culture de l’humour qui échappe à beaucoup. C’est vrai, c’est aussi nul que "la vie de brian", "la quète du grââl", le "kid" de charlie Chaplin ou le "berni" de dupontel, pour qui n’a pas les lunettes à décrypter ce genre de prisme.

      Yolande Moreau, à elle seule, mérite qu’on tourne un truc pareil, elle est grandiose, c’est un monstre qui éclipse effectivement le reste des acteurs, mais quand tu jubiles de son jeu, de sa prestance,la barre est haute. Pour ma part, aprés 10 ans à bosser avec les prolos (étant aussi prolo par racine et par devoir de mémoire), les prolos que j’ai connu me semblent hélas bien plus caricaturaux que les ouvrières du film !

      Mais je rêve du jour où on ne fera plus ce genre de film, le jour où on n’aura plus besoin d’exorciser de quelque manière que ce soit le rejet d’un monde pourri et vomissable. En attendant ce jour, ce jour "béni" où les méta-riches partageront d’eux même les richesses qu’ils ont spoliés, en attendant ce jour, donc, y’a pas d’mal à s’faire du bien, allez vite voir et revoir cet ovni !

      Little Lil’no smockey

  • Le problème, au-delà de débats éventuels sur la peine de mort, est bien posé dans le film : le patron ne peut pas être tué, parce qu’il est diffus. L’usine a un patron… qui obéit à des ordres venus d’une holding bruxelloise… qui a son siège à Jersey… qui appartient à un fonds de pension californien… qui est sans doute, comme Calpers, chargé des retraites des enseignants ou qqchose comme ça.

    A part ça, le film est excellent et a d’ailleurs reçu de nombreux prix, du fait de son utilisation géniale du plan fixe, de son écriture serrée, de son inventivité, de sa subversion des codes sexuels, etc… Ce qui explique le manque d’enthousiasme du public sous-diplômé, qui attendait 1h30 de Groland et autres rires gras.

  • Les patrons de François Ruffin : Mermet et Halimi …
  • Discrimination intérimaires

    Vous saviez, vous que les heures travaillées pour le compte d’une boîte d’intérim comptent pour moitié dans le calcul des droits assedic ? Alors que pour le salarié lambda en CDI ou CDD, n’a que 910 h à fournir pour voir ses droits ouverts, pour celui qui signe un CDD avec un marchand de main d’oeuvre, société d’inérim, et qui est détaché par son employeur de fait dans l’entreprise de son client - il lui faut exactement le double d’heures - 1820 , tenez-vous bien , exécutées dans exactement le même nombre de mois !!! Premiers ejectés en cas de problème, et arrivés au seuil du Pôle Emploi… circulez, manant ! En fait, son statut se trouve niché tout en bas des textes, dans un certain annexe IV, qui règle le sort des intermittents et autres assistés, mais avez-vous déjà entendu parler de mouvements sociaux pour améliorer, ou empêcher le recul des "avantages" du régime des intérimaires ? Pour les Assedic, intérimaire est une profession, et non un statut juridique. Faites passer !!!!