Elles ont tous les âges, elles ne se connaissent pas. Elles ont couché des mots sur le papier au cours d’ateliers d’écriture. Elles parlent, à travers des lettres filmées, adressées à des soeurs, des mères, des tantes, des grands-mères, restées là-bas au pays, parties là-bas en France. Correspondances, le documentaire de Laurence Petit-Jouvet, n’est pas un documentaire, mais un échange entre femmes, qui se parlent, se répondent et dont les paroles se superposent. Avec pour règle de s’en tenir à la thématique du travail, les Maliennes du Mali à et les filles de la diaspora à Montreuil parlent surtout d’elles, de la dureté de leur existence, de leurs rêves, de leurs aspirations, de leur découragement et de leurs espoirs. Chaque lettre est traitée comme un petit court-métrage qui met son auteure en scène, du parvis de la Défense au marché de Kayes.

Correspondances est un film émouvant, qui agit comme un détonateur sur la conscience du spectateur. Voilà un film qui parle à la communauté malienne, mais pas seulement. Il questionne également la société française, parfois avec la violence dont usent les voix douces, sur la place qu’elle fait ou ne veut pas faire à son immigration. Voilà un film qui parle aux femmes, mais pas seulement. A travers les expériences de chacune, il tend un fil entre deux populations de femmes qui résistent, qui avancent. « Le travail ici est le plus dur. Il faut que vous voyiez nos conditions de travail, de vie, de logement », dit la médiatrice à Montreuil. « J’espère trouver un mari qui me soutiendra », répond une jeune femme de Bamako qui fait de la radio et rêve de chanter. Ce sont des voix que l’on n’a pas l’habitude d’entendre, que l’on n’écoute jamais. Ces lettres peuvent aussi être les lettres que nous aurions envie d’envoyer à nos voisins. Afin de les connaître, des les entendre parler d’eux et de nous entendre parler de nous.

Après avoir connu une fabuleuse avant-première à Montreuil qui a attiré plus de 500 personnes en mai dernier, Correspondances tourne actuellement en projection dans toute la France. Il remporte une telle adhésion qu’il sortira sur les grands écrans en mars 2011.

Pour en savoir plus : le site des Films du Paradoxe