Tout se perd ma bonne dame, même le militantisme à la papa. Pour attirer l’attention aujourd’hui, il faut se mettre en scène, attirer l’œil et l’objectif et faire buzzer. Se mettre à poil est une stratégie radicale avec de fortes chances de retour sur investissement. A croire que notre société ne se lasse pas de consommer de la chair : ferme, flasque, lisse, adipeuse, épilée, jeune, en débandade, tachetée de rousseur, blanche, mate, burinée, timide, fraîche, peu importe le flacon tant qu’on a l’ivresse.
Ainsi, pour faire entendre leur voix, des Américaines ont défilé seins nus dans plusieurs villes de l’état du Maine pour revendiquer la parité de pouvoir se balader torse nu dans la rue. Les manifestations ont effectivement enregistré un certain succès puisqu’elles ont été suivies par des centaines d’hommes aux regards concupiscents.
En France ce furent les salariés de Nice-Matin qui se préfèrent à poil plutôt que déplumés. Ils protestaient contre la vente du siège du journal en posant derrière une double page du quotidien pour cacher leur vertu.
A Paris, le mois de juillet dernier nous a à nouveau offert une offensive de cyclonudistes. En vélo, rollers, trottinette, ils manifestent contre l’invasion des engins motorisés "hostiles, dangereux et pollueurs" et offrent leur nudité en métaphore de leur vulnérabilité. Sur leur site, des jeunes femmes affirment s’être senties à l’aise de défiler totalement nues dans la rue, ne ressentant aucun voyeurisme chez les passants et se félicitent même d’avoir réussi à en entraîner quelques uns dans leur sillage.
Le corps est-il donc devenu un nouvel instrument de revendication ? Ou bien nous acheminons-nous vers à une réhabilitation assumée de cet instrument de la révolte trop longtemps occulté ?