Voilà Fillon, ce matin, qui aboie au diapason de Sarkozy. Alors qu’il reconnaît qu’en 2009, la crise va être pire que prévue, un recul de 3 % de la croissance, Fillon ose, malgré cela, vanter le « maintien du cap » gouvernemental : « Je n’accepterai à aucun prix une hausse de la fiscalité »… pour faire face aux déficits accrus ! Ce qui signifie, n’augmentant pas les recettes, qu’il resserrera encore les dépenses !
« Le gouvernement ne bougera plus de sa ligne sur les hôpitaux », répète Fillon qui annonce donc encore la rigueur pour 2010. Ce, à travers 374 mesures de la « RGPP » (révision générale des politiques publiques) qui, supprimant notamment 34 000 fonctionnaires et bradant le patrimoine de l‘état, économiseront 7 milliards d’euros (sans aucun doute pour mieux les donner aux banquier et banqueroutiers). Contre le « trou » proclamé de la Sécu, Fillon annonce le « réexamen de certaines niches sociales ». « Le directeur de l’hôpital sera bien le patron » répète Fillon. A propos du processus masqué de privatisation de l’enseignement supérieur, Fillon provoque : « “Jamais, jamais nous ne reviendrons sur l’autonomie des universités”, ”Pas de concessions, pas d’examens bradés”. L’UMP dépose un « projet de loi » pour permettre l’échange des salariés d’une entreprise à l’autre, ce qui détruira encore le statut des CDI. En résumé, Sarkozy et Fillon ne veulent rien entendre, ne reculer en rien, continuer d’aggraver la contre-révolution « blanche » antisociale qu’ils mettent en œuvre depuis sept et deux ans.
Alors pourquoi les salariés se laisseraient-ils bercer par les sirènes médiatiques qui essaient d’enfoncer la gauche, de promouvoir l’UMP en tête du scrutin ? L’abstention ? Mais tous les médias y concourent, l’organisent, la susurrent, la flattent, la cultivent. Rien de mieux pour l’UMP qui, si elle arrive en tête prendra cela sans nuance pour un aval de sa politique.
En fait la gauche est majoritaire dans ce pays, mais Sarkozy aimerait bien que cela ne se voit pas le 7 juin, donc il joue la carte abstention + votes acquis pour seulement arriver en tête en jouant sur la division de la gauche et en prétendant que le PS n’a pas de ligne audible. France inter nous repète cela de façon journaliére.
Voilà pourquoi il faut voter « utile » sans état d’âme. Si des millions d’électeurs perçoivent mal l’intérêt de voter le 7 juin 2009 après que le pouvoir ait piétiné leur « non » majoritaire du 29 mai 2005, pourtant, comme toujours, il y a des enjeux, et si on ne s’occupe pas d’eux, ils s’occupent de vous…
Par exemple, soyons concrets, voulez-vous une Europe des 65 h hebdomadaires (avec “l’opt out” britannique) ou voulez vous maintenir (au moins) une Europe de la semaine à 48 h maxima ? Hé, bien cela dépend de la majorité concrète qu’il y aura au Parlement européen le 7 juin.
Car depuis 5 ans une nouvelle directive européenne est âprement débattue pour savoir si la durée de 48 h sera ou non remise en cause. Tous les néo libéraux, Barroso et cie, Berlusconi, les ministres du travail (Xavier Bertrand UMP et Valérie Létard secrétaire d’état, inclus) du PPE défendent la possibilité de pousser jusqu’à 65 h avec un calcul sur une « durée moyenne de travail d’un an » (au lieu de trois mois). Avec des astreintes, des « gardes inactives », (par exemple dans les hôpitaux, pour les routiers…) la semaine de travail pourrait même s’étendre à 78 h.
La présidence française sous Nicolas Sarkozy voulait être la porteuse de cette régression : si ce n’est pas arrivé, c’est parce que le Parlement européen, juste à temps, a voté « contre » le 17 décembre 2008 à la majorité de 421 voix contre 273 sur un total de 785 députés. En adoptant les amendements d’Alejandro Cercas (PSE, Espagne) le Parlement a exprimé son désaccord avec le Conseil sur l’opt out, contre les « périodes inactives » et le 28 avril 2009, le désaccord a été confirmé entre la Commission et le Parlement.
Tous ceux qui hésiteraient à voter doivent réfléchir au fait qu’il y a des enjeux concrets de ce type, qui justifient de sanctionner, de ne rien lâcher à l’UMP défenseuse de l’opt out et des 65/78 h. Il ne faut jamais négliger de telles questions, elles sont vitales. Certes les médias nous habituent à faire la fine bouche, à ne pas s’intéresser à des questions aussi fondamentales dans la vie de chacun, mais il ne faut pas se laisser faire, il faut voter.
Il y a une Europe de droite et une Europe de gauche, votez Europe de gauche ! Même si vous vous en plaigniez et si vous pensez qu’avec la gauche, on n’a pas tout ce qu’on veut, une chose est sûre, avec la droite, on a tout ce qu’on ne veut pas.