Angelina’s festivalistic envy of Cannes (2)
Rencontrer Denis Parent, c’est reprendre une bonne tranche de cinéma pour le dessert, c’est avoir l’impression de passer quelques instants derrière l’écran. C’est aussi rencontrer un animal étrange et touchant, tiraillé entre auto-dérision et timidité. Aujourd’hui, l’ancien critique de Première, Studio Magazine, également chroniqueur radio et télé, a pris ses distances avec le tourbillon de la vie en 24 images/seconde. Doucement exilé en Corse, Denis Parent se définit actuellement comme un écrivain à 90 %.
Après pléthore de nouvelles écrites pour la revue Bordel, ce touche-à-tout de talent est déjà l’auteur d’un roman publié en 2008, Perdu avenue Montaigne Vierge Marie. Un chien qui hurle est prévu chez Robert Laffont fin 2010 et un troisième roman est en cours d’écriture. Cette plume prolifique a par ailleurs pondu deux pièces de théâtre, dont Jude, écrite pour Olivier Marchal.
Depuis janvier, il apparaît occasionnellement dans l’émission Ça balance à Paris et effectivement, avec Denis, ça balance. « Tout ce qui concerne la culture me semble frappé d’une grande arrogance aujourd’hui, et au final d’une grande inculture. » Après être lui-même passé derrière la caméra, il envisage la critique et l’approche des films différemment. « A présent, je suis davantage dans le chaînage, dans la démarche de dire à quoi renvoie une œuvre plutôt que de dire que c’est mal réalisé. Quand j’entends ce genre d’allégation, j’ai envie d’attraper le mec qui dit ça et de lui demander :" Maintenant, tu vas me dire ce qu’est un film bien réalisé." On est dans une culture Twitter qui traite tout en quatre phrases. Je suis perturbé par cette pratique. Mais je ne veux pas dire qu’il n’y a pas d’intelligence à la télé. »
Pour l’heure, c’est un réalisateur éprouvé par l’arrêt brutal de son deuxième long métrage en préparation qui jette un regard un chouilla désabusé sur le milieu qu’il a longtemps côtoyé. « Il n’y a plus d’invention au cinéma, les stars viennent pratiquement toutes de la télé. On est dans une routine et un confort générés par un manque total de prise de risque. Plus rien ne se passe au cinéma. Il faut regarder les séries américaines pour découvrir un champ d’expérimentation formidable et passionnant, complètement novateur. Mais plus dans la forme que dans le fond. »
Si selon Denis Parent, le cinéma français manque peut-être de bonnes idées mais surtout de bonnes volontés financières, tout le mal qu’on puisse lui souhaiter c’est que le service public remette les billes qu’il a retirées dans son projet de film « régional ». Mais les bleus à l’âme n’empêchent pas la passion. L’écouter raconter son histoire chorale de famille corse du Sud, désarticulée entre les exilés continentaux et les indigènes, vous met l’eau à la bouche. D’ailleurs, « ce que j’aime dans le cinéma, c’est le plateau, » ne manque-t-il pas de lâcher avec, mais oui, on dirait bien, la petite flamme qui brûle.