Angelina’s festivalistic envy of Cannes
Le Prophète de Jacques Audiard était attendu comme le Messie sur la Croisette. Cinquième film du fils de Michel, et troisième film à Cannes, estimé comme le seul candidat français valable à la Palme d’or. Un film en milieu carcéral qui arrive à Cannes dans un climat social tendu en ce qui concerne l’état des prisons en France et leurs conditions de vie et de travail. Après De battre mon coeur s’est arrêté, Niels Arestrup retrouve naturellement une place dans le casting et, sur les marches, décrit Jacques Audiard comme "le seul vrai directeur d’acteur avec qui [il a] jamais travaillé". En tête du palmomètre du Grand Journal, mais le festival n’a commencé qu’il y a trois jours, Un Prophète semble faire l’unanimité pour un prix de la mise en scène ou un prix d’interprétation, si ce n’est la Palme d’or. En tout cas, la rédaction d’AlloCiné a tranché.
Lol !
Quant au film de la réalisatrice Marina de Van, Ne te retourne pas, avec Sophie Marceau et Monica Bellucci, il était présenté hier en séance nocturne et hors compétition. Si tout le monde s’accorde à reconnaître que la première partie du film qui fait monter l’angoisse est plutôt réussie, où l’on voit une Sophie Marceau s’enfoncer peu à peu dans la paranoïa ou la schizophrénie, la deuxième partie semble susciter plus de tiédeur à partir du moment où Sophie devient Monica. Un trucage illustrant la transformation physique de l’une en l’autre fait débat entre les journalistes qui le trouvent très impressionnant ou très réussi et ceux qui le trouvent grotesque comme c’est le cas du journaliste de l’AFP à qui cette séquence évoque les grimaces des Visiteurs absorbant leur potion magique. Pas sûr que ce soit l’effet recherché, surtout lorsque Marina de Van explique : "Ma référence, c’était le peintre Francis Bacon", qui déformait les visages et les silhouettes. Le plus étonnant c’est qu’elle poursuit en affirmant : "C’est raté, je n’ai pas atteint ce que je voulais."
Pour créer le buzz aujourd’hui, il n’y a qu’une recette : se foutre à oilpé. Depuis que le présentateur de la 6 a filmé ses copines toutes nues dans la rue, sa vidéo a dépassé le million de visionnages en un temps record. Cannes n’allait pas rater ce train-là. Après la couverture de Paris-Match jeudi dernier où Sophie et Monica faisaient du sein contre sein, hier c’était l’équipe de La merditude des choses, film belge de Félix van Groeningen présenté dans la Quinzaine des Réalisateurs, qui a enfourché des vélos, totalement nue, et fait quelques centaines de mètres. Mission accomplie, tout le monde en parle. Reste à savoir si le film est à la hauteur du buzz.
Ken Loach a déclaré soutenir le NPA d’Oliver Besancenot lors d’une projection-débat à Marseille de l’un de ses documentaires Which side are ou on ? (De quel côté êtes-vous ?) sur les grèves des mineurs britanniques violemment réprimées par Margaret Thatcher dans les années 80. "Si nous essayons de créer un autre petit parti d’extrême gauche, il aura le même effet que tous les autres, c’est-à-dire un effet nul. Nous devons apporter une réponse au niveau de la gauche européenne et j’espère que le NPA est la base de cette réponse" a-t-il déclaré devant 600 personnes. Ken Loach est attendu à Cannes pour la présentation de son film Looking for Eric. On ne pourra pas dire qu’il n’a pas annoncé la couleur.
On est content de le savoir : Marion Cottillard est arrivée à Cannes hier matin.
Les GO du festival de Cannes ont tout prévu, même les journalistes maladroits qui la veille auraient égaré leur accréditation ou lève-tard qui auraient raté la projection matinale. Elle s’appelle la Séance du lendemain et elle fait en sorte que vous ne ratiez rien, des fois que deux projections auraient la mauvaise idée de se chevaucher. Tous les films de la veille sont projetés à nouveau le lendemain. Je le signale pour les envoyés spéciaux qui ne seraient pas au courant. Enfin… je dis ça, je dis rien…
… depuis le prix de la mise en scène de François Truffaut pour Les 400 coups. Car ce point d’orgue de l’histoire du cinéma français est également considéré comme la naissance d’un genre nouveau. A la suite de Truffaut émergeront Chabrol, Godard mais aussi Belmondo, Anna Karina, Agnès Varda ou Jacques Demy. Hier Anna Karina montait les marches. Elle est venue à Cannes pour la projection de la version restaurée de Pierrot le fou, un film qu’elle trouve toujours actuel : "Un film moderne devenu un classique, c’est rigolo." Pour continuer à fêter l’anniversaire dignement, les GO ont prévu aujourd’hui une projection des 400 coups pour des collégiens autochtones, histoire de faire leur éducation cinématographique, voire susciter des vocations. Jeudi 21, c’est le documentaire d’Emmanuel Laurent sur la Nouvelle Vague, Deux de la Vague, qui sera présenté dans le cadre de la manifestation Cannes Classics. Enfin une fête était organisée par Arte sur un bateau pour célébrer le succès du coffret DVD de l’intégrale cinématographique de Jacques Demy en présence d’Agnès Varda et de ses enfants Mathieu Demy et Rosalie Varda. 15 000 exemplaires se sont vendus en cinq mois et le coffret est actuellement en cours de réédition.
Et pour finir sur un petit moment loufoque du festival de Cannes, le énième retour d’Alain Delon. En 1992, l’acteur français vient présenter Le retour de Casanova, titre évocateur, un film d’Edouard Niermans où il a Elsa et Fabrice Luchini pour partenaires. Mêlant panache et bravitude, il décide et impose au reste de l’équipe du film de faire le chemin qui sépare leur hôtel des marches à pied. Une traversée héroïque, assez longuette à suivre à la télé, pendant laquelle les compagnons d’infortune de Casanova ne semblaient pas vraiment à la fête.