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Oh, mais qu’il est vilain, méchant, pas beau le nouveau personnage de Dupontel ! Et ce n’est pas Laurent Bignolas* qui dira le contraire. Il est surtout potache, un peu con, très gosse, un mix de Titeuf et de Gaston Lagaffe passé dans une moulinette volée à Tarantino.
Voleur à la tirette, Sid vient se cacher chez sa vieille maman qu’il n’a pas revue depuis vingt ans. A la faveur de ce retour, la délicieuse Maniette comprend qu’elle ne mourra pas tant qu’elle n’aura pas remis son rejeton dans le droit chemin. Le film tourne alors à un affrontement entre le bien et le mal, mère contre fils, entre lesquels vient s’interposer une tortue rancunière. De quoi nous faire monter le rire aux larmes (lorsqu’on n’est pas intello, pas journaliste aux Inrocks et qu’on ne s’appelle pas Marc Godin évidemment !)
Albert Dupontel, qui continue à ne pas vouloir rentrer dans le joli moule qu’il s’était pourtant forgé seul en scène, qui se veut toujours plus libre et détaché du système, qui se revendique comme un iconoclaste et se veut irrévérencieux face à la bienséance cinématographique française, continue de courir après son premier succès public tout en le redoutant. Ce "vilain"-là serait-il enfin la bonne pioche ?
La bonne pioche, en l’occurrence, se nomme Catherine Frot qui a endossé avec malice les chemisiers en crêpe et les robes de chambre de Maniette. Drôle, décalée et légèrement indigne sur les bords, elle incarne une petite vieille épatante et fûtée qui souffle le chaud sur cette comédie au final très bon enfant. Elle est épaulée par des seconds rôles truculents, du médecin alcoolique au promoteur véreux, en passant par les voisins en résistance. Et j’ose en ajoutant qu’il y a du Amélie Poulain là-dessous, jusque dans l’utilisation de ces images mâtinées d’or qui font penser à Jeunet.
Mais le grand échec de ce film au fond, c’est qu’on n’arrive pas à détester ce vilain déjanté, élastoman survitaminé, moitié loup de Tex Avery, moitié Buster Keaton qui se serait coincé les doigts dans la prise. Bref, le vilain cache un coeur en caramel mou et c’est la vraie déception du film. Le scénario tient plus d’un épisode de Tom et Jerry qu’il ne relève d’un cynisme assumé, d’un humour noir à la WC Fields ou à la Hitchcock.
Et si la vraie méchante du film finalement, c’était Pénélope, la tortue ?