En voulant regarder sous les niqabs, ces longues étoffes qui dissimulent chaque centimètre carré des corps qu’ils recouvrent, le gouvernement s’expose à ne regarder ni des terroristes, ni de dangereuses activistes, ni peut-être même des personnes issues de l’immigration en butte aux valeurs de la République. En soulevant ces niqabs, ce sont des femmes que Monsieur Sarkozy et son gouvernement, sans le savoir, s’apprêtent à regarder dans les yeux. Des femmes avec leur mécanique interne, leurs souffrances, leur condition de citoyennes de second plan, leur psychologie insondable nourrie de larmes, de blessures tues. Le choc risque d’être brutal pour les politiciens car en trois ans de mandat, cela ne leur est quasiment jamais arrivé. Femmes battues, femmes précarisées, femmes moins payées à travail égal, femmes sous-représentées aux postes clés, circulez. Mais femmes voilées, jamais !
Que signifie être voilée intégralement en France aujourd’hui ? Faut-il forcément y lire un acte politique plus que personnel ? Si la démocratie, comme le clame in fine Madame Badinter dans sa lettre ouverte "à celles qui portent volontairement la burqa", est offensée, qu’en est-il de ces femmes qui, par ce choix, renoncent à tout un aspect de leur vie sociale, jusqu’à "la connivence d’un sourire" ? Avant de montrer le niqab, demandons-nous qui est en-dessous et peut-être trouverons-nous la solution pour que les Françaises n’aient plus besoin d’y avoir recours, en France.
A longueur de JT, nous entendons parler de mise en péril du principe de laïcité, de prosélytisme religieux, de risque que "ça s’étende", de rejet des institutions. Aussi bien que les voix qui s’élèvent et dénoncent la stigmatisation d’une religion, la xénophobie institutionnalisée. Argument contre argument. Musulmans français et Français non musulmans sont-ils obligés de s’affronter sur la question du port du voile intégral en France ? Oui, si cela devient un prétexte au désamour mutuel. Où sont les femmes ? ai-je envie de chanter avec Patrick Juvet.