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CULTURE / CHRONIQUE BOUQUINS

Qu’il était beau mon meccano !

Temps béni / mardi 16 juin 2009 par Nicolas Beau
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Jacques Gaillard fait revivre le grand bazar de son enfance, du berlingot Dop au slip Kangourou.

Ah l’oeuf mimosa, « ce soleil des hors d’oeuvre populaires » ! Personne, mieux que Jacques Gaillard, n’a magnifié ce héros perdu des tables du dimanche, qui ne figure plus sur les menus de bistrot, détroné par l’oeuf mayonnaise. Toujours accompagné par une bonne grosse tomate crue, bourrée de macédoine de légumes, l’oeuf mimosa symbolisait, selon Gaillard, « le règne de cet être raisonnable et doux que De Gaulle… appelait la ménagère : le vrai pilier de la société française. »

Le « chosier » de l’ami Gaillard – l’expression est de Vialatte – est réjouissant, truculent. L’éternité est à notre portée et les trésors, rustiques, de son bric à brac cosmique élevés à la hauteur de mythes.

Dans « qu’il était beau mon Meccano », vingt et un croquis se succèdent : la petite Calor, l’ancêtre bleue, forcément bleue, de la machine à laver ; mais la conjugalité, note Gaillard, survivra aux rinçages défectueux ; la « Nénette », de son vrai nom, « la véritable lustreuse imprégnée », une brosse à reluire pour les automobilistes amoureux de leurs voitures ; l’anti-monte-lait, un des rares noms français composés de trois bouts et donc ignorés du petit Robert. Et aussi, et encore, le Meccano, les beaux buvards, les dixièmes de Loterie Nationale, Rintintin, l’Adagio d’Albinoni ou encore le slip Kangourou, qui, note l’auteur, peut se révéler « extrêmement casse couilles ».

Apollinaire revu par Gaillard

« L’odeur du temps », disait Apollinaire cité par Gaillard. Pas simple de ne pas jouer au Marcel Proust de la vieillerie. Fine guêpe, Jacques Gaillard voit bien le danger de son excursion dans le passé : se laisser aller à la nostalgie, cultiver un vague devoir de mémoire. Ou, pire, se voir ramené au rang d’adepte du vide grenier, de chasseur de brocantes. Gaillard évite ces périls dans ses hymnes enjoués au quotidien, dans cette recherche de l’objet perdu.

Le moulin à café - JPG - 20.5 ko
Le moulin à café
© Jacques Colombat

Passéiste ? Jamais, ou presque. Parfois, notre conteur se fait gentiment moqueur face à l’obsession du Progrès ou face au culte de la Révolution. « Cette génération demandait la Lune : elle l’a eue. Moi même, je n’en reviens pas. Ou plutôt j’ai peine à concevoir comment cet événement absolument extraordinaire a pu se dissoudre dans la banalité d’une mémoire confuse, à peine ranimée, l’espace d’un jour, par la célébration d’un vingt ans ceci, d’un trente ans cela ».

Mais les coups de griffe d’un rêveur ne font jamais mal, l’essentiel est ailleurs : « Pour tuer le temps, disait Aragon, il n’y a rien de mieux que la mémoire ». A cette altitude là, on va à l’essentiel. Et on revient forcément, en guise d’épilogue, à l’année 1964, lorsque en France, « on était conservateurs, mais modernes ». Et savez-vous que cette année là, une femme russe aura été la première cosmonaute de l’Histoire ? Une autre femme, Nicole Questiaux, est nommée pour la première fois commissaire du gouvernement au Conseil d’Etat ? Et, Bernard Pivot, cette année là, aura eu le sentiment, en changeant de voiture, de répudier sa femme ?

« C’était un demi siècle, conclut Gaillard, et les pendules avançaient ». Des pendules en formica jaune, voilà tout !

Lire ou relire sur Bakchich.info les chroniques de Jacques Gaillard :

L’œuf mimosa, toujours accompagné de sa mayonnaise maison, a quitté les assiettes et les cartes des bistrots. Il a disparu en même temps que la « la ménagère », si chère au général De Gaulle.
La nostalgie du Meccano, ou comment l’ère du plastique détrôna le roi des jeux manuels intelligents, renvoyant aux oubliettes boulons, vis, et écrous de métal.
L’école communale fut longtemps un lieu pur où n’entraient ni Dieu, ni Satan, ni les cierges, ni l’argent….
L’anti-monte-lait étonne d’abord en tant que mot : c’est un nom composé, mais composé de trois bouts. Il n’y en a pas de masses, et on ne sait pas trop bien s’il faut des traits d’union, combien, et (…)
Un peu moins de 200 épisodes, il y a plus de 50 ans, ont créé un mythe : le chien Rintintin. Hommage canin.
Ne ressentez-vous pas, même sans être radicalement périmé vous-même, le besoin, parfois, d’un inventaire ? Le besoin de recenser, d’évoquer, de ressusciter des objets aujourd’hui disparus, et qui pourtant ont existé, là, entre vos mains, sur l’étagère, (…)
Bien sûr, il existe encore, et il a des fidèles : rien ne vaut, pour exalter les arômes, un café fraîchement moulu. Mais le bruit du moulin à café s’est fait rare dans nos cuisines.

Et beaucoup d’autres…

« Qu’il était beau mon Meccano », Jacques Gaillard, 14 euros, 178 pages

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1 MESSAGES

Forum

  • Qu’il était beau mon meccano !
    le mardi 16 juin 2009 à 07:38, Phil2922 a dit :
    Pour savoir ou on va, ne vaut t’il pas mieux savoir d’où l’on vient.. ? Ce n’est pas forcément de la nostalgie que de se rappeler quand on faisait son Meccano sur la table de la cuisine, mais c’est nous aider à transmettre d’autres valeurs aux jeunes qu’ils peuvent avoir aujourd’hui… !
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