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Lavis Noir : les épisodes 41 et 42 de notre feuilleton de l’été

Roman / jeudi 7 août 2008 par Briscard, SP. Truptin
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Le Paris de la fin des années 70. Entre rades de Barbès, Clichy, Montmartre. Narré avec l’argot du coin, loin des titis parisiens. Et une histoire d’escroc à la petite semaine qui voit débarquer l’occasion de sa vie. Une jolie fiction d’été, un cadeau des auteurs à « Bakchich », et de « Bakchich » à ses lecteurs. Aujourd’hui les épisodes 41 et 42.

41. Artistico

Episode 41, Artistico - JPG - 20.6 ko
Episode 41, Artistico
© SP Truptin

Vlad, menottes au poignet, sortit le premier, encadré par deux flics en civil et suivi du juge, de Garrin et de Loïc. Josy - pauvre agnelle - n’osa pas s’approcher, et attendit que le petit groupe se sépare. Les poulets firent monter le punk à l’arrière d’une 309 blanche banalisée équipée d’un joli pare-soleil « Police », tandis que le juge Teurman et l’inspecteur Garrin, prenaient congé de Loïc :

- Alors, c’est entendu, Lekervelec, vous passerez au bureau du juge qui vous convoquera pour prendre votre témoignage, intima Garrin.

- Pas d’problème, M’sieur l’inspecteur, pas d’problème… Et pour ma déposition ?… Je passe au commissariat ?…

- Non, on s’en branle de votre déposition, Lekervelec. Et puis, pour tout vous dire, si j’vous vois traîner dans la boutique, j’ai peur d’avoir envie d’vous coffrer…

- Mais, M’sieur l’inspecteur, c’est moi la victime dans c’t’affaire ! Merde, faut pas déconner, non plus…

- C’est moi qui déconne, Lekervelec ? Vous voulez accompagner l’autre affreux au dépôt, pour outrage impoli ?… Allez, du vent… Tiens, y a votre greluche qui s’caille sous l’porche, là-bas… Courrez la rejoindre avant que j’m’avise de changer d’avis.

Loïc ne crut pas utile de prolonger la converse, et, à pas lents, vu qu’sa cicatrice lui tirait l’bide, il avança vers Josy. C’est alors qu’il aperçut Fabio qui sortait d’la pharmacie, et s’avançait doucement dans leur direction. Loïc se retourna : le juge et Garrin se serraient la main, et la porte avant de la 309 était ouverte prête pour accueillir l’inspecteur. Loïc Lekervelec, aussi sec, fit demi tour et interpella Garrin :

- N’empêche, quand on y réfléchit, inspecteur, vous êtes quand même un beau fumier : vous m’avez fait chier sur mon lit d’souffrance à Beaujon, et maintenant vous m’dîtes ballepeau et peau d’zob, retourne chez Mémé !…

- Non mais ça va pas, Lekervelec ? s’étrangla Garrin. Vous voulez vraiment goûter du gnouf, c’est pas vrai !…

- Non, mais parce que moi, vous comprenez, sans déposition, pour les assurances et les dommages intérêts, je suis repasseman. C’est pour ça qu’je trouve que vous êtes quand même le genre enculé mondain, M’sieur l’inspeccouille de mes deux teurs. Merde, fais chier…

- Allez, hop, ça suffit ! Durdan, Casse-Trogne ! Passez-moi les bracelets à c’rigolo et foutez le en cellule. J’vais m’occuper d’son Destin avant pas longtemps ! Putain, on croit rêver !

Les deux flics en civils saisirent Loïc chacun par un bras, et lui passèrent les menottes en les serrant un peu plus que nécessaire, histoire de lui montrer c’est qui l’chef. Il le poussèrent vers la 309 où l’attendait Vlad, et, le doux nommé Casse-Trogne lui balança une mandale grand garçon au moment ou Lekervelec se baissait pour entrer dans la bagnole. Loïc feignit la douleur et l’indignation :

- Vous avez pas l’droit, merde ! Fascistes !

C’est Durdan qui lui fila un coup d’tatane dans la jambe qu’il essayait de rentrer dans la bagnole. Loïc gueula pour la forme, mais le flic ne vit pas son sourire grimaçant, quand il s’installa à côté de Vlad. « Dans l’dos, Fabio ! »murmura Loïc.

Fabio s’approcha de Josy abasourdie par la scène qui venait de se dérouler :

- Tou sais, Josy, ton homme, il faudra quand même qué yé oune pétite discusione, avec, un your…

- Oh, Fabio ! Tu m’as fait peur ! Mais qu’est-ce que tu fais là ?… Et quelle discussion, tu veux avoir avec Loïc ?

- Artistico, Josy, oune discussione artistico…

42. Intelligent

Episode 42, Intelligent - JPG - 15.8 ko
Episode 42, Intelligent
© SP Truptin

Fabio, l’œil mauvais, dépassa Josy et se dirigea vers la bagnole dans laquelle l’inspecteur principal Garrin avait fini par prendre place. Il passa devant la voiture sans un regard pour ses occupants, mais, juste à la hauteur de Loïc Lekervelec, il pointa en direction de la vitre de la 309 , un majeur dressé qui laissait deviner l’affection sincère qu’il portait à Loïc. Ce dernier feignit de ne rien voir et ferma les yeux en soupirant d’aise, ce qui ne manqua pas d’intriguer Durdan qui s’était mis au volant.

Les flics gardèrent Loïc deux jours, et s’ils n’avaient pas eu un gros arrivage de travelos brésiliens à garder au frais, Garrin lui aurait bien prescrit une petite prolongation pour recherche de faits nouveaux. Parce que, quand même, Loïc Antoine Désiré Lekervelec, né à Saint-Méen-Le-Grand, avait finit par céder à l’amicale pression de Casse-Trogne et des battoirs qui lui servaient de mains, et il s’était gentiment mis à raconter sa vie par le menu, façon autobiographie fouillée. En particulier les poulets s’étaient pris d’une passion soudaine et inextinguible, pour la navaja assassine et ses différents heureux propriétaires, Loïc étant tout naturellement considéré comme le dernier d’entre eux. Alors tant pis pour les amis, Loïc le Vomique, se mit à balancer tout l’toutim : Toussaint l’Haïtien, qui était le premier propriétaire connu, puis Miche la Gratouille, qui lui avait acheté le poignard pour compte d’autrui, et enfin autrui en personne, c’est-à-dire Elo, qui, en tant que dernière propriétaire, avait eu tout le loisir d’apprécier l’admirable tranchant de l’engin. Au passage, les poulets l’avaient un peu interrogé sur la nature de ses relations avec Vlad, dont ils connaissaient bien l’activité de revendeur de came à la petite semaine. Loïc avait, non sans bon sens, indiqué, l’air humblement coupable, qu’il se fournissait un peu chez Vlad, qui avait un chichon de première.

- Mais c’est vraiment juste pour moi, Monsieur le commissaire, j’vous jure ! Garrin lui retourna une beigne et, fort de ce contact humain qui les rapprochait, se mit à le tutoyer :

- Inspecteur, j’t’ai déjà dit… Te fous pas de ma gueule, sinon tu vas regretter d’en avoir une paire de deux entre les cuisses… Alors comme ça tu tâtais un peu d’la came à Vlad, hein ?…

- Oui, mais juste comme ça, pour le fun, vu qu’j’ai pas trop les moyens d’être accro, moi… Et vu les prix qu’il pratique…

- Pratiquait.

- Pardon ?…

- Les prix qu’il pratiquait, vu que là où il est, il est un peu coupé du commerce ton pote punk… Et peut-être pour un petit moment… Sinon, tu disais qu’c’était d’la bonne, sa dope… Tu sais qui le fournissait ?…

- Oh, Monsieur l’comm… l’inspecteur, vous pensez bien qu’non ! C’est des trucs qu’on demande pas !

- Bien sûr… Et il t’en a jamais parlé, des origines de son haschich ? - Non… il me disait seulement qu’c’était du blended de première… mais d’où ça v’nait, ça jamais.

- Je vois… Et ce mec, tu l’connais ?…

L’inspecteur principal Garrin lui tendit une photo, un peu floue d’un homme sortant d’un bistro. Le bistro, Loïc, il le connaissait bien. Très bien même, puisque c’était le P’tit Bat’. L’homme aussi, d’ailleurs, il le connaissait bien. Mais il savait pas trop quoi répondre à Garrin… Il força un peu sur sa cervelle, parce qu’il sentait bien que sur ce coup, il fallait pas déconner… Il allait même, peut-être, lui falloir être un peu intelligent. (à suivre…)

Pour lire ou relire les derniers épisodes du roman :

Le Paris de la fin des années 70. Entre rades de Barbès, Clichy, Montmartre. Narré avec l’argot du coin, loin des titis parisiens. Et une histoire d’escroc à la petite semaine qui voit débarquer l’occasion de sa vie. Une jolie fiction d’été, un cadeau (…)
« Lavis Noir », c’est un feuilleton parisien. C’est l’histoire de Loïc et Josy, les amants du Pont d’la Butte. Y a de l’action, de la morale et du cul. Il y a surtout une formidable intrigue policière et un suspens haletant. Ce qui est bien le moins pour (…)
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