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CULTURE / CHRONIQUE CINÉMA

« La guerre selon Charlie Wilson », un combat bêta

Cinéma / mardi 15 janvier 2008 par Lily Loriot
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Inspiré de l’histoire vraie d’un politicien texan haut en couleurs ayant armé les Afgans contre l’invasion soviétique, un film de stars (Hanks, Roberts) qui frôle le niais et le ridicule.

Mais où donc a-t-il passé les dix dernières années, le Mike Nichols du Lauréat (67), de Birdcage (96), et même de Closer (98), son dernier film ? Quelle refuge a-t-il si mal embrassé pour revenir au cinéma avec un film aussi moyen ?

Le choix du sujet de Charlie Wilson’s War était pourtant passionnant puisque basé sur l’histoire vraie d’une figure politique texane haute en couleurs des années 79-80, Charlie Wilson, qui chercha alors à armer la résistance afghane pour défaire les soviétiques, et s’assura, dans ce but, nombre de collaborations des plus improbables. A Washington, il était surtout connu à cause de ses frasques, de ses assistantes belles et farouches, de ses innombrables conquêtes, de son penchant pour le bourbon, enfin des scandales auxquels il avait été mêlé, mais l’homme accomplit toutefois de formidables exploits.

Ce "libéral de Lufkin" (Texas) s’était forgé une image pour le moins originale dans une région des plus bigotes de l’Amérique par son soutien aux minorités, aux personnes défavorisées, par sa défense de l’avortement. Mais surtout, il parvint pendant la guerre froide à mettre à genoux l’empire soviétique en finançant l’opération clandestine la plus énorme de tous les temps. Dit comme ça, c’est indéniable, le personnage est une star ; il mérite un film.

D’autres sorties bof

Quatre Minutes, de Chris Kraus. Avec Monica Bleibtreu, Hannah Herzsprung, Sven Pippig.., 1h52, Allemagne

Drame à quatre mains qui frôle, sinon le classicisme formel et assommant, du moins l’ennui très ferme. Celui, de drame, de Traude Krüger, vieille et lesbienne, qui enseigne depuis soixante ans le piano à des détenues dans une prison d’Allemagne et d’une jeune virtuose incarcérée pour meurtre, Jenny.

On devine la suite : Jenny est prodige en plus d’être charmante sous ses airs de sauvageonne réfractaire à toute forme de discipline mais doit tenter une entrée au Conservatoire de Musique. Traude y croit. Mais nous, traumatismes, blessures inavouables et désirs refoulés, on s’en passe.

Smiley Face, de Gregg Araki. Avec Anna Faris, Adam Brody…, 1h34, USA

Retour à la tradition de la stoner comedy américaine ( ou "comédie de défonce") pour le réalisateur largement reconnu de Mysterious Skin (2005), Gregg Araki. Ici, Anna Faris interprète une jeune actrice au chômage super-défoncée pour avoir engouffré - par gloutonnerie et par erreur, du coup - la vingtaine de space-cakes que son coloc’ avait préparés la veille. Le récit déglingué de sa journée homérique, donc, est mené de façon très originale, faisant alterner plans hallucinogènes, temps stroboscopique, bande-son marrante et humour virtuosement décalé. S’il pouvait écourter l’expérience d’une vingtaine de minutes, l’amateur du genre serait tout a fait conquis.

Tous les ingrédients sont là pour : actions, débauche, hommes d’influence, pittoresque, sex, drugs et même une brochette d’acteurs formidables : Tom Hanks a rarement été aussi sympathique dans le rôle de ce politicien folklo qu’une vie privée de jouisseur n’empêche pas de travailler dur et généreusement.

A ses côtés, et pour lui faciliter une tournée à travers les pays du Moyen-Orient : Julia Roberts. Convaincante dans son look, façon héroïne de Dallas bien qu’elle soit devenue plus Roberts que Pretty, cette dernière interprète une milliardaire catho et lubrique - mais pas assez toutefois pour céder aux avances du troisième larron, un espion intraitable et malappris qu’incarne à la perfection le Philip Seymour Hoffman du dernier Mission Impossible (2006), de Truman Capote (2005)…

Sauf qu’à force de vouloir mêler ici le politique et le hautement divertissant, le grave et le stardom, on frôle le bêta. Les camps de réfugiés afghans que visitent Charlie et ses drôles de petites dames sont caricaturaux à l’extrême. Vision très cinématographiquement américaine des pays arabes : fait exprès, dans le but de choquer par le ridicule, ou purement inconscient ? Le message, on l’a compris, oui : vingt ans après la défaite de l’armée soviétique grâce aux armes financées par le bonhomme, les intégristes contrôlent la région entière…

La guerre selon Charlie Wilson, de Mike Nichols. Avec Tom Hanks, Julia Roberts, Philip Seymour Hoffman…, 1h45


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7 MESSAGES

Forum

  • « La guerre selon Charlie Wilson », un combat bêta
    le mardi 22 avril 2008 à 14:44, Noel a dit :
    Sans être le film du siècle, la guerre selon Charlie raconte un épisode de l’histoire récente que tout le monde ne connaissait pas. La morale de l’histoire est plus que la fourniture d’armes à des rebelles ne suffit pas si derrière on ne fait pas de politique et d’aide à la création d’infrastructures. La vision des camps de réfugiés me semble correspondre à la vision que peut en avoir un congressman américain de l’époque. Je trouve cette critique très dure, venant peut-être de quelqu’un qui connait très bien l’Afghanistan et son histoire. Je me suis divertis et j’ai appris des choses, c’est sans doute bêta mais pas si mal.
  • « La guerre selon Charlie Wilson », un combat bêta
    le samedi 19 janvier 2008 à 19:41

    Les afghans ne sont pas arabes, il y a des turkmènes, des ouzbeks, des tadjiks, des pachtounes, des baloutches et j’en passe, mais pas d’arabes. La CIA a commencé à intervenir en Afghanistan dès 1979, après l’assassinat de l’ambassadeur US, et avant l’invasion soviétique, sous l’administration Carter. Zia Ul Haq, Turki Al faycal, Reagan, et autres n’ont pas eu besoin de Wilson pour créer le système de "pipeline" fournissant des armes pour les afghans. Par contre, les armes étaient remises au pakistanais, pas aux afghans. Le système est très bien expliqué par M Youssaf, chef pakistanais du bureau afghan de l’ISI dans les années 80. ("the bear trap", son livre, dispo sur le net).

    Le film tente de faire accroire que le "jamiat e islami" de Massoud aurait été principal bénéficiaire de la manne, alors que la réalité est toute différente : le Pakistan a donné ces armes en priorité aux groupes fondamentalistes pachtounes, afin d’éviter le nationalisme afghan et les revendications territoriales qui auraient suivi la prise de pouvoir de gens comme Massoud. Ce sont des gens comme Hekmatyar (hezb e islami)qui ont eu ces armes, ceux qui furent ensuite les plus liés au terrorisme islamiste.

    Ré-écrire l’histoire donne comme résultat la perpétuation de l’idée que les USA poursuivent des buts justes, avec des moyens justifiés, même si le résultat est mauvais. Alors que le soutien inconditionnel de la dictature pakistanaise et des groupes les plus extrémistes fut une constante connu des pouvoirs US.

  • « La guerre selon Charlie Wilson », un combat bêta
    le mercredi 16 janvier 2008 à 15:07
    On ne peut juger de la caricature de quelqu’un ou quelque chose uniquement lorsque on a vu l’original ou tout du moins une reproduction. Je me trompe ? Mais tu connais surement les camps afghan de l’époque mieux que moi, et surement mieux que ce pauvre Charlie Wilson qui aurait dû prévoir que 10 ans après, la région serait controlée par des intégristes !
  • « La guerre de Charlie Wilson », un combat bêta
    le mardi 15 janvier 2008 à 12:25, jamal bartou a dit :
    Ce n’est pas parce que les Afghans sont musulmans qu’ils sont arabes. Evitez vous aussi la caricature !
  • Un combat bêta, une erreur simpliste
    le mardi 15 janvier 2008 à 11:07, Bob le Moche a dit :
    L’Afghanistan n’est PAS un pays arabe… Musulman, oui, en grande majorité. Caricaturale confusion !
    • Un combat bêta, une erreur simpliste
      le mercredi 16 janvier 2008 à 06:45, Fab a dit :

      les Afghans font partie de la grande Famille des Perses… leur langue est d’ailleurs tres proche du Farsi, langue nationale Iranienne.

      Quand aux Americains, malheureusement, il est difficile de faire un Bloc buster complexe et précis pour eux comme pour tous, les cinéastes sont soumis aux producteurs executifs qui brident l’imagination et simplifient les scénarios en se basant sur des études sociologico marketing alambiquées, soit disant garantes du succés commercial des films… c’est pourquoi vous ne verez pas de film réaliste ou même fidéles à Hollywood, à moins d’autofinancer son film, le cinéaste n’a pas le choix.

      Mais vous le savez j’imagine.

      • Un combat bêta, une erreur simpliste
        le mercredi 16 janvier 2008 à 23:49, Bob Le Moche a dit :

        Pour mieux comprendre le contexte historique, vous reprendrez bien une larme de cynisme ?

        http://www.monde-diplomatique.fr/carnet/2008-01-15-La-Guerre-selon-Charlie-Wilson

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