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Bye-bye Ehud Barak ?

Israël / mercredi 3 septembre 2008 par Doug Ireland
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Le ministre israélien de la Défense et leader du parti Travailliste est dans la tourmente : sa femme est soupçonnée de trafic d’influence. Dire qu’il voulait remplacer le Premier ministre, Ehud Olmert, qui se débat dans des affaires de corruption…

Le ministre israélien de la Défense, Ehud Barak, rêve de prendre la place du Premier ministre, Ehud Olmert, sérieusement embourbé dans des scandales de corruption. Mais, patatras boum boum, voilà que Barak se retrouve lui aussi dans le collimateur de la justice : il est suspecté de « trafic d’influence » !

L’homme par qui ce énième scandale impliquant des politiques arrive est un reporter qui enquête pour la Chaîne 10 de la télévision israélienne. Il y a dix jours, le journaliste a révélé que la femme d’Ehud Barak, Nili Priel-Barak, a utilisé son cabinet de conseil pour vendre à ses clients l’influence et les réseaux dont elle dispose grâce à son mari. Un riche homme d’affaires américain, David Fisher, aurait notamment, moyennant finances, profité des connections gouvernementales d’Ehud Barak.

Nili Priel-Barak n’a pas hésité à employer les grands moyens pour assurer la promotion de sa société, Taurus. Ainsi, sur le site web de celle-ci figurait la publicité suivante : elle « connaît presque tous les 800 à 900 décideurs politiques et économiques en Israël » et peut établir des relations entre ses clients et la fine fleur du gouvernement israélien. Elle se montre encore moins timorée lorsqu’il s’agit d’exiger des sommes d’argent considérables pour ses services : d’abord un paiement de 30 000 dollars rien que pour être affilié à Taurus pour un an. Et si son rôle d’entremetteuse portait ses fruits, madame demandait un pourcentage sur les bénéfices de ses clients dégagés grâce à ses contacts. Rien que cela ! Aux Etats-Unis, ce genre de pratiques est connu sous le nom de « Pay to Play », payer pour jouer.

Or, selon une règle gouvernementale édictée en 2003, tout ministre et son numéro deux doivent officiellement demander l’aval du contrôleur d’Etat [1] avant de se lancer dans une action susceptible d’engendrer un conflit d’intérêt avec son poste de haut fonctionnaire. En septembre 2007, Ehud Barak a donc informé le contrôleur que son épouse allait ouvrir son cabinet de conseil. Mais celui-ci n’a pas donné son feu vert en raison d’informations manquantes, notamment sur les objectifs de Taurus. Nili Priel-Barak est passée outre cet avis négatif et, par la suite, son mari n’a pas jugé utile de susciter de nouveau l’avis du contrôleur d’Etat.

Les rumeurs ont alors commencé à circuler dans la presse, alimentées notamment par les accusations d’associations surveillant l’éthique du gouvernement israélien. Celles-ci suspectaient Taurus de n’être qu’une façade servant à récolter des fonds pour les actions politiques d’Ehud Barak et du parti Travailliste en vue des élections anticipées. Une blanchisserie hyper Bcbg, en quelques sortes… Résultat, le couple Barak est aujourd’hui la cible d’une on ne peut plus officielle enquête pour « trafic d’influence ». Ce scandale est sur toutes les lèvres et fait les gros titres des gazettes et des télévisions. Madame Barak a certes mis la clé sous la porte après toute cette mauvaise publicité mais le mal était déjà fait.

Barak en chute libre dans les sondages

Autre boulette : c’est le moment qu’a choisi Ehud Barak, leader du parti Travailliste, pour changer son image, à l’approche des élections anticipées. Il a ainsi quitté son luxueux appartement de 370 mètres carrés au 31è étage de la Tour Akirov, à Tel Aviv. Un appartement dont le luxe ne convenait guère au chef d’un parti social-démocrate et membre de l’Internationale socialiste ! Barak n’a, par contre, guère hésité à réclamer 11 millions de dollars lors de la vente de son palais alors qu’il l’avait acquis en 2006 pour « à peine » 2,6 millions de dollars.

Mais étaler ainsi sa richesse et sa gourmandise au beau milieu d’une enquête pour « trafic d’influence » n’est pas seulement un acte de « chutzpah » (effronterie) mais quasiment un suicide politique. Les Israéliens en ont marre de voir l’image de leur pays ternie depuis un an par six enquêtes sur les invraissemblables filouteries du Premier ministre en poste. Ils ne sont tout simplement pas prêts à échanger un Ehud corrompu par un autre du même acabit.

Du coup, Barak est en chute libre dans les sondages. Dans une étude pour le quotidien de référence Ha’aretz, publiée le 26 août, les Travaillistes, avec Barak à leur tête ne récolteraient que 12 sièges (sur 120) à la Knesset, le Parlement israélien, contre le parti Kadima, s’il est emmené par Tzipi Livni, la ministre des Affaires étrangères. Si c’est au contraire le faucon ultranationaliste Shaul Mofaz qui emporte les primaires internes à Kadima dans trois semaines et non Livni, Barak récolterait alors un siège de plus.

Mais selon un sondage interne effectué pour le parti Travailliste par Stan Greenberg, l’ancien sondeur de Bill Clinton, et publié dans le Jérusalem Post du 28 août, le résultat pourrait même être encore pire. Selon l’étude de Greenberg, les Travaillistes, sous la bannière de Barak, ne pourraient espérer que huit sièges à la Knesset face au Kadima de Lippi et au Likoud de Benyamin Netanyahu. Ce qui signifie que les Travaillistes seraient alors rétrogradés du deuxième parti d’Israël au cinquième. Selon le Jérusalem Post, les top ministres et membres de la Knesset travaillistes ont tellement peur de perdre avec Barak qu’ils sont déjà en train de comploter pour le remplacer. « Même si c’est trop tôt pour le faire en publique » dit l’un d’entre eux. Bye-bye, Barak ?

Lire ou relire sur Bakchich.info :

Après l’annonce par Ehud Olmert de sa démission du poste de Premier ministre, en septembre prochain suite aux révélations de son implication présumée dans des affaires de corruption et de fraudes, Israël se prépare à des élections législatives (…)
En Israël, Ehud Olmert a volé l’argent des victimes de la Shoah. Il a aussi dérobé celui des enfants handicapés et des blessés lors d’attentats. Et il a escroqué des veuves et orphelins de guerre. Telles sont les nouvelles accusations explosives contre (…)
Démissionnera ou ne démissionnera pas ? Le Premier ministre israélien, Ehud Olmert, est encore empêtré dans un vilain scandale de corruption. Du coup, personne ne donne cher de son maintien à son poste, même si l’homme a déjà survécu à plusieurs (…)

Israël, la bavure de Barak

[1] * En Israël, le contrôleur d’Etat est censé garantir l’intégrité de l’administration publique. Il reçoit également les plaintes du public contre l’Etat, puis sert de médiateur.


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