Rechercher dans Bakchich :
Bakchich.info
UNE BRÈVE HISTOIRE DE BAKCHICH

Tags

Dans la même rubrique
Avec les mêmes mots-clés
RÉCLAME
Du(des) même(s) auteur(s)
MONDE / MOYEN-ORIENT

Israël : Ehoud casse la Barak travailliste

Coalition / vendredi 3 avril 2009 par Doug Ireland
Twitter Twitter
Facebook Facebook
Marquer et partager
Version imprimable de cet article Imprimer
Commenter cet article Commenter
recommander Recommander à un ennemi

Après sa laborieuse constitution, le nouveau gouvernement de coalition du Premier ministre Netanyahu a été investi par la Knesset le 31 mars. Des travaillistes y figurent dont Ehoud Barak.

L’exécrable décision d’Ehoud Barak, chef du Parti travailliste, de rejoindre le gouvernement de coalition de droite du nouveau Premier ministre Benjamin « Bibi » Netanyahu du Likoud et de son allié Avigdor Lieberman, le leader raciste et fascisant du parti d’extrême droite Yisrael Beiteinu, divise les travaillistes. A tel point qu’une scission du parti est maintenant envisageable.

La réunion du comité central des travaillistes convoquée en urgence le 24 mars par Ehoud Barak pour entériner sa décision a été plus que houleuse. Les noms d’oiseaux ont volé et Barak a été accusé de « retourner sa veste », d’« incarner le mal », d’« immense cynisme » et de « trahison ». Et s’il a pu faire adhérer à sa décision une mince majorité des 1 470 membres du comité central par des méthodes brutales et des promesses de places au gouvernement, l’annonce du vote a été accueilli par les sifflets et les « Honte ! Honte ! ».

Pour Lieberman, les Arabes israéliens sont des « traîtres »

En effet, siéger aux côtés de Lieberman « ferait se retourner dans leurs tombes David Ben-Gurion, Golda Meir et Yitzhak Rabin », comme l’a déclaré le parlementaire travailliste Ophir Paz-Pines, féroce opposant d’une alliance avec la droite et l’extrême droite. Lieberman, dont la poussée électorale aux élections législatives du 10 février dernier a relégué le Parti travailliste en quatrième position, veut épurer Israël des Arabes (20% de la population), qu’il perçoit comme des « traîtres » et leur nier le droit de voter ! Même pour le député Shelly Yachimovich, ex grand supporter de Barak dorénavant entré en dissidence, « Lieberman est un phénomène sombre et dangereux. Il met la démocratie en danger et s’allier avec lui est une ligne rouge morale que nous ne devons pas franchir. »

 - JPG - 72 ko
© Khalid

Sous la bannière d’Ehoud Barak, les travaillistes n’ont conservé que treize sièges à la Knesset, le Parlement israélien. Soit le plus mauvais score de l’histoire du parti. Pire encore, une majorité de sept de ces parlementaires travaillistes se sont dits opposés à la coalition avec le gouvernement Netanyahu-Lieberman. Si Barak a finalement « acheté » le soutien de l’un d’entre eux — Avishay Braverman — en lui offrant un poste de ministre sans portefeuille, cinq des députés rebelles (les sieurs et dames Yachimovich, Pines-Paz, Amir Peretz, Yuli Tami, et même le secrétaire général du parti, Eitan Cabel) sont allés jusqu’à refuser de le rencontrer jeudi dernier au cours d’une réunion à laquelle Barak les avait convié. Du jamais vu.

Promesse de campagne non tenue

Pendant la campagne des législatives, le leader travailliste avait promis de ne plus être ministre de la Défense si son parti obtenait moins de vingt sièges. Mais en dépit de la bérézina du 10 février, il conserve son poste au sein du nouveau gouvernement de coalition que le quotidien Haaretz qualifie de « gouvernement-poisson d’avril ».

Il y a en effet de quoi s’arracher les cheveux quand on sait que le raciste anti-arabe Lieberman sera… ministre des Affaires étrangères. Voilà qui promet pour les négociations avec les Palestiniens… Mais aussi que, selon la presse israélienne, un autre extrémiste du parti de Lieberman, Isaac Aharonovich, devrait décrocher le poste de ministre de la Sécurité interne, ce qui augure de l’intensification de la répression contre les Arabes israéliens et les « colombes » de l’Etat hébreu.

Depuis sa décision diabolique de la semaine dernière, Ehoud Barak est la cible des moqueries des médias, comme l’a rapporté Yehiot Aharanoth, le plus grand quotidien du pays : « Les radios ont constamment repris des enregistrements de Barak pendant la campagne où il promettait de respecter la décision des électeurs, tandis que les télévisions n’ont eu de cesse de diffuser les extraits tragi-comiques de ses pubs électorales. Pendant des jours et des jours, nous avons assisté à une condamnation médiatique totale du phénomène de la promesse électorale. Même les commentateurs les plus cyniques ne cachaient plus leur consternation ». Et dans les talk-shows à la radio, on entend le « peuple de gauche » râler contre la « trahison » d’Ehoud Barak.

Comme les législatives l’ont démontré, l’homme était déjà affaibli par son image d’opportuniste corrompu (il est devenu millionnaire au cours de ses années au gouvernement et mène grand train, ce qui ne sied guère à un leader « travailliste ».)

Ehoud Barak responsable de l’attaque israélienne sur Gaza

Maintenant, on qualifie le nouvel allié du fascisant Lieberman, comme l’écrivait le chroniqueur de Yediot Aharanoth Dan Rosenblum le 27 mars, d’« homme dont le deuxième prénom est ‘brutalité’ ; l’homme qui a physiquement bousculé Yasser Arafat à Camp David et repoussé les négociations avec les Palestiniens et les Syriens ; l’homme qui s’est emparé par la force du micro à la réunion du comité central du Parti travailliste et l’a traîné presque violemment dans le gouvernement de coalition ; et l’homme qui, contre à toute attente au vu de son passé de général expérimenté, nous a mené dans une guerre ignoble [à Gaza] qui a été l’une des guerres les plus brutales que nous ayons jamais connu, une guerre dont le prix politique, moral et international n’est pas encore totalement connu. »

Car, en tant que ministre de la Défense, Barak est directement responsable pour les crimes de guerre dont Israël est aujourd’hui accusé par des sources diverses et variées. C’est le cas du quotidien britannique The Guardian dans une enquête publiée le 24 mars, d’Amnesty International , d’Human Rights Watch, de la Croix-Rouge et des Nations-Unies.

La dignité perdue du leader travailliste

En s’alliant avec l’horrible Lieberman, Ehoud Barak a perdu ce qui lui restait d’éthique et de dignité. Il risque aussi de faire imploser le parti qu’il dirige. Dans « ce qui reste du Parti travailliste » (pour reprendre l’expression d’Haaretz), la fronde se prépare déjà contre son leadership : comme le règlement interne le prévoit, lorsque le parti a été battu aux législatives, les travaillistes sont appelés à se prononcer en interne sur le maintient de leur chef à leur tête.

Et un nouveau sondage publié dans Haaretz le 1er avril montre que « l’image du Parti travailliste a pris un coup sérieux, en particulier à cause de la façon dont il est devenu membre de la coalition Netanyahu-Lieberman ». Le sondage montre même que si les élections avaient lieu aujourd’hui, les travaillistes perdraient un tiers de leurs électeurs et n’obtiendraient que quatre sièges à la Knesset. C’est pourquoi on entend de plus en plus en Israël qu’on doit en finir avec ce parti en fin de vie et en former un autre.

Lire ou relire dans Bakchich :

L’implication d’Alstom et Véolia dans la construction d’un tramway à Jérusalem suscite la colère. Un procès est en cours contre les deux géants français depuis 2007 pour violation du droit international.
A peine nommé par Obama, le nouveau directeur du National Intelligence Council, Charles Freeman, a dû se retirer. A cause des lobbies pro-israéliens qui avaient lancé une campagne contre lui.
Après l’annonce par Ehud Olmert de sa démission du poste de Premier ministre, en septembre prochain suite aux révélations de son implication présumée dans des affaires de corruption et de fraudes, Israël se prépare à des élections législatives (…)
François Fillon a emmené dans ses bagages au Maroc le patron de la Caisse des dépôts. Qu’il est dur de faire du business avec le Royaume et dans les Territoires occupés par Israël quand on représente le bras armé financier de l’État (…)
Contrairement à quelques grands journaux américains, la presse française, craintive, est partiale dans son traitement des massacres dans la bande de Gaza.
Une journaliste de « Bakchich » raconte à sa façon son voyage vers « l’endroit le plus sensible au monde ». Où elle s’aperçoit que le fameux Mur tant décrié commence pas loin, à Roissy, Terminal 2…
Une jeune collaboratrice de « Bakchich » raconte à sa façon son voyage vers « l’endroit le plus sensible au monde ».
Une jeune collaboratrice de « Bakchich » raconte à sa façon son voyage vers « l’endroit le plus sensible au monde », les territoires palestiniens. La voilà à Naplouse, où les incursions de l’armée israélienne sont (…)

AFFICHER LES
8 MESSAGES
0 | 5

Forum

  • Israël : Ehoud casse la Barak travailliste
    le samedi 4 avril 2009 à 19:36, Lou a dit :

    "Se concentrer sur Lieberman (charitablement qualifié par le journal le Guardian « de tenant d’une ligne dure ») évite de devoir discuter des vraies questions, en parlant juste d’un politicien dérangeant qui dit des choses honteuses que d’autres sont généralement peu disposés à dire. Cette logique semble suggérer que la disparition politique de Lieberman provoquerait une résolution soudaine des principaux problèmes au Moyen-Orient. Mais Lieberman ne fait qu’aggraver un problème qui existait déjà, et il ne peut pas être aisément mis de côté comme un cas marginal excessif ou anormal dans le système politique israélien.

    D’abord, il faut se souvenir que parmi les membres élus de « Yisrael Beiteinu » à la Knesset se trouvent des individus provenant de l’ « establishment » : par exemple un ancien ambassadeur aux Etas-Unis et un ancien commandant en chef des forces de police."

    Nimer Sultany - The Electronic Intifada

  • Casse-couilles ?
    le samedi 4 avril 2009 à 15:31, Georges a dit :
    Si l’auteur de cet article connaissait mieux son sujet, il saurait que, parmi « les sieurs Yachimovich, Pines-Paz, Amir Peretz, Yuli Tami », deux sur quatre (Shelly Yachimovich et Yuli Tamir) sont… des femmes.
  • Israël : Ehoud casse la Barak travailliste
    le samedi 4 avril 2009 à 01:11, Satantango a dit :

    Ah, enfin on reconnait le rôle majeur de Ehoud Barak dans les échecs des négociations pour la paix avec Arafat et les Palestiniens. Quant à sa responsabilité dans les massacres de Gaza, comment en douter lorsque l’ont sait qu’ils ont été préparés 6 mois à l’avance par l’armée israélienne dont il est le chef !

    Lieberman est accusé de corruption par la justice (Olmert & Sharon aussi d’ailleurs), quant on sait aussi, selon l’excellent Haaretz, qu’il est un des copains de Larry Silverstein (l’américano-israêlien qui investit beaucoup en Israël..) "proprio" du WTC de New-york (celui du 911), cezigue ne lui aurait-il pas refilé un "peu-beaucoup" de blé pour financer sa campagne électorale… ?

    Bakchich s’améliore avec des articles de plus en plus poussés. Bravo ! Va falloir que je pense à acheter la version papier

  • Israël : Ehoud casse la Barak travailliste
    le vendredi 3 avril 2009 à 22:40, nicogé a dit :

    mais jusqu’où ira la "gauche" ?

    apparemment, la logique a été poussée jusqu’au grotesque ici.

    c’est triste de voir la gauche se diviser, mais comment faire autrement quand des gens comme Barak prétendent être (des leaders) de gauche ?

    vivement demain

    nicogé

  • Israël : Ehoud casse la Barak travailliste
    le vendredi 3 avril 2009 à 07:01, Esculape a dit :
    Le comite du parti travailliste a enterine l’entrée au gouvernment à une majorité nettement plus forte que celle qui a permis à Martine de battre Ségolène. De plus, selon les sondages plus de la moitié des Israéliens étaient en faveur de cette entrée. Et petit détail :"Yacimovich" n’est pas un "sieur" mais une fort gente dame….
0 | 5
BAKCHICH PRATIQUE
LE CLUB DES AMIS
BEST OF
CARRÉ VIP
SUIVEZ BAKCHICH !
SITES CHOUCHOUS
Rezo.net
Le Ravi
CQFD
Rue89
Le Tigre
Amnistia
Le blog de Guy Birenbaum
Les cahiers du football
Acrimed
Kaboul.fr
Le Mégalodon
Globalix, le site de William Emmanuel
Street Reporters
Bakchich sur Netvibes
Toutes les archives de « Là-bas si j’y suis »
Le locuteur
Ma commune
Journal d’un avocat
Gestion Suisse
IRIS
Internetalis Universalus
ventscontraires.net
Causette
Le Sans-Culotte