Note réalisée conjointement par Philippe Colombani, Pascal Bourbon, Pascal Lavallée et Robin Noels
FRENCH TRADE COMMISSION
Les autoroutes de l'information ne sont que les infrastructures d'une nouvelle forme d'accès à la connaissance. L'enjeu qui se dessine actuellement sous nos yeux est de savoir comment s'organiseront ces immenses réseaux et quels en seront les réels bénéficiaires intellectuels et économiques.
Cette révolution a déjà modifié la donne économique, obligeant les cablo-opérateurs, les compagnies de téléphone, les fabricants de logiciels et de micro-ordinateurs, les créateurs d'images et les éditeurs à se rapprocher. Désormais, avec un ordinateur personnel, chacun peut devenir consommateur, producteur, acteur, distributeur et intervenir dans cette communauté mondiale.
Reliée et à la fois concurrente des techniques d'informations classiques (presse écrite, télévision généraliste, radio, etc.), la communication numérisée de l'information doit désormais inscrire son processus dans un espace médiatique multimodial, intemational, pluriculturel. Ce réseau de réseaux n'a aujourd'hui qu'un seul nom: Internet. Paradoxalement, il appartient à tous et à personne à la fois !
L'information devient l'une des clés du système économique, essentiellement des pays développés. Dans un tel contexte, il est donc nécessaire de se préoccuper dès aujourd'hui du contenu véhiculé, autrement dit des téléservices. Parmi ceux-ci. le commerce électronique et le télétravail sont les contenus et les enjeux qui nous semblent les plus porteurs à court terme.
Ces nouveaux marchés qui se développent à une vitesse vertigineuse ne semblent pas encore prendre en compte certaines contraintes juridiques qui devront leur être imposées.
En effet, ces autoroutes de l'information présentent beaucoup d'aspects positifs, mais ne peut-on envisager une dérive du système ?
Faut-il légiférer ? Qui peut le faire ? De quelle manière ?
Une fois de plus, l'appareil législatif semble suivre, plutôt qu'accompagner ces évolutions techniques.
Aujourd'hui beaucoup de personnes pensent que le commerce électronique ne pourra se développer sans l'implication des gouvernements et un développement, conjoint avec l'industrie, d'un standard de cryptage. Nous l'avons vu, beaucoup d'alliances se sont formées dans ce but, mais rien de définitif et de mondial ne semble se dessiner. De toutes façons, les conditions de l'organisation du commerce mondial seront certainement différentes de ce que l'on peut imaginer aujourd'hui. De nouvelles technologies, de nouveaux effets, la présence de nouveaux acteurs ne sont pas encore intégrés.
Au moment où l'Unesco organise à Paris une confrence mondiale sur les technologies de l'information et où depuis plusieurs mois le G7 a créé des groupes de travail pour évaluer l'impact de ces technologies sur le commerce mondial, il est important, malgré les formidables bouleversements économiques et sociologiques qu'elles entraineront, de rester lucide et vigilant.
En effet, encore aujourd'hui, et même aux Etats-Unis, pays sans aucun doute le plus avancé dans ce domaine, beaucoup d'organisations choisissent d'ignorer les possibilités d'échanges électroniques (notamment pour le commerce). D'après une étude de CGI, cabinet de consulting en management et en systèmes d'information, les raisons principales sont la peur de la technologie et le manque de soutien de la part du management. Une autre étude, auprès de 323 dirigeants de sociétés de distribution montre que 92% d'entre eux considèrent qu'il y a encore trop peu de clients potentiels on-line et que les coûts d'investissement sont encore trop élevés.
Pour les entreprises qui se posent encore la question: en quoi suis je concerné ?, on a vu dans cette étude que les retombées pouvaient être innombrables, notamment dans un souci de productivité et d'intemationalisation de son activité. Le risque d'être absent de ces nouveaux supports est à notre avis plus grand, que celui d'y être et de nt pas complètement en tirer profit.
Les coûts vont continuer à baisser, le nombre d'utilisateurs ne fait qu'augmenter (37 millions d'utilisateurs d'Internet, en Amérique du Nord, soit près de 15% de la population, d'après une étude très sérieuse de la société Nielsen). On a rarement vu un marché croître si vite.
Par exemple, la société Allen-Bradley assure que 28% des demandes d'informations ou de cotations qu'elle reçoit, proviennent de sa présence on-line (notamment sur IndustrrNet), alors que ce support ne représente que 2% de son budget de promotion.
On qualifie souvent ces outils d'"intelligence économique", le gouvemement américain l'a déjà bien compris. Il faut donc se positionner en stratégie de veille et appréhender ces technologies comme "un plus", qui pourrait devenir vital dans un proche avenir.
Il faut s'y préparer, sans négliger l'impact sociologique que peut avoir la mise en place de ces outils sur le personnel et sur l'organisation de la société.
Que peut-on penser aujourd'hui de sociétés comme Compuserve ou Netscape qui, à peine introduites en bourse, affichent des performances de 400 à 500% de hausse par an. Il faudra d'ailleurs suivre de près la prochaine introduction (prévue avant la fin de l'année) de la société IndustryNet, présentée dans cette étude comme un excellent vecteur pour les PME/PMI industrielles. Les marchés financiers, dont c'est devenu la fonction d'anticiper les évolutions, pourraient nous apporter des éléments de réponse sur l'avenir de ce marché.
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