Aujourd’hui que tout le monde n’a plus que les mots "bio" et "écolo" à la bouche, nos politiciens s’affolent et essaient de redonner un peu de vert aux joues de leurs programmes. On aspire à moins de chimique, moins de plastique, moins de pollution, mais leurs projets se résument souvent à nous vendre la campagne à la ville. De la verdure, quelques pots de fleurs. Certes un joli projet, mais un peu court pour changer un Delanoë en Tistou les Pouces Verts ou une Dominique Voynet en écologiste. A Montreuil, la maire a ainsi généreusement autorisé, pour la deuxième année consécutive et le temps d’un dimanche, la fermeture de la bretelle d’autoroute A186 qui passe à proximité du site, classé mais en friches, des Murs à Pêches afin de promouvoir son projet d’éco-quartier.
A Paris, la coulée verte, ancien chemin de fer de la place de la Bastille au bois de Vincennes, valorise déjà une nature luxuriante. Mais nous aurions beaucoup à apprendre des pays anglo-saxons à ce sujet. Dans les années 70, les Green Guerillas ont pris possession des terrains vagues new-yorkais pour y faire exploser de la verdure à l’aide de "bomb seeds" (bombes de graines). Depuis 2004, San Francisco célèbre un PARK(ing) DAY qui squatte les places de parking et les transforme en jardins éphémères. A Montréal, les serres tropicales ou potagères bourgeonnent sur les toits des immeubles du centre-ville essaimant des projets sociaux-éducatifs.
Un poète m’a un jour suggéré de supprimer une rame de métro pour la remplacer par une rivière souterraine bordée de végétation. Agrémentée de cascades et de puits de lumière, elle serait un havre de paix, à l’abri du tumulte parisien. Il paraît que le vert est la couleur de l’espoir.