Le 29 janvier était loin du 19 mars ? le 19 mars est loin du 1er mai ? Question de tempo ? Les « temps forts » cette année sont plus espacés. Mais quoiqu’on en pense, gageons que le salariat va savoir trouver son rythme et faire avec les occasions qui lui sont données. L’important est que les « huit » syndicats soient tombés d’accord par-delà leurs particularismes pour appeler à manifester massivement ce jour-là. Vive l’unité ! C’est le seul jour férié chômé de l’année, alors, ça ne fera perdre de salaire à personne, et il peut y avoir davantage de participants, cinq millions peuvent être espérés, la plus grande manifestation de l’histoire de France. Alors ne boudons pas notre plaisir, toutes et tous pour le 1er mai : il y aura ce jour là des centaines de milliers de gens qui manifesteront pour la première fois de leur vie…
On attend chaque jour de savoir s’il y a un PDG de plus de séquestré. Et s’il y a une rodomontade de plus de Sarkozy pour faire croire aux gogos qu’il va sauver une usine « avec les dents ». Chaque jour aussi on attend le nom du PDG qui touche plus de stock-options et de retraite en or que celui dont a parlé la veille. La haine sociale monte contre les profiteurs et contre ce pouvoir qui ne veut rien céder aux revendications salariales légitimes. Ca se radicalise : le CCN de Force ouvrière en « s’appuyant sur la victoire des travailleurs des DOM qui, par la grève ont obtenu 200 euros pour tous les salariés au Smic et jusqu’à 1,4 fois le Smic, revendique pour tous les salariés une augmentation générale des salaires, en particulier une revalorisation de 15 % du Smic, des minima sociaux, de la valeur du point d’indice dans les fonctions publiques et la généralisation de la prime de transport ». Le Smic à 1500 euros et 200 euros pour tous, quoi…
Seules ces questions sociales comptent et il ne faut pas faire dans le détail pour les élections européennes qui viennent : « Dehors Barroso-Sarkozy les fauteurs de crise ! » « Non à l’Europe libérale, vive une Europe sociale » « Ne donnez pas l’argent aux banqueroutiers, donnez-le aux salariés ! » « A bas la prétendue main invisible du marché, remplacez-la par la main visible de la démocratie ! » « Oui à un Smic Européen aligne sur le haut ! » « Non à l’Europe des 65 h hebdomadaires voulue par José Manuel Barroso et l’UMP de Xavier Bertrand qui l’a signé ». C’est ainsi que le PS regagnera son niveau de 30 % des voix comme en juin 2004. Mais encore faut-il hâter le pas, en n’opposant surtout pas le mouvement social du 1er mai et les élections du 7 juin, mais en les faisant se compléter. Il vaut mieux ne pas parler à contretemps, ni hors sujet si l’on veut réussir des meetings mieux qu’au Zénith : ils doivent être totalement inclus dans le ton des revendications des 29 janvier, 19 mars et 1er mai.
Je maintiens qu’il ne faut parler de 2012, ni pour des « primaires » ni pour autre chose. Evoquer aujourd’hui 2012 est une diversion néfaste, ça revient à laisser croire que Sarkozy, fauteur de crise, devenu totalement illégitime, peut durer jusque-là. Rien n’est moins sûr. Sa gestion néolibérale de la crise produite par ses amis capitalistes de CAC 40, du Fouquet’s et du Medef est une catastrophe. Le slogan le plus populaire le 19 mars était : « Casse toi pauv’con ! ». La colère sociale qui gronde et monte peut abréger le quinquennat et provoquer une situation ou des élections anticipées s’imposent. Discourir sur des « primaires » est contre-productif : il vaut mieux faire se rencontrer la gauche, préparer un programme commun, exprimer les attentes et revendications populaires. Et si une crise d’urgence surgit, ce n’est pas la tête de liste qui comptera, c’est le contenu de ce qui sera dit. Nous sommes plus que jamais pour l’unité de la gauche, pour un « front de toute la gauche ». Il est a construire, commençons par la base, par le programme, pas par la tête.