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In the mood for anger

Salah Hamouri : 5 ans de silence

19 mars 2010 à 11h48
Samedi 13 mars 2010, un rassemblement silencieux a eu lieu Place de l’Hôtel de Ville à Paris, à l’appel du Comité de soutien parisien à Salah Hamouri.

Il fait froid à Paris ce samedi 13 mars. Place de l’Hôtel de Ville, des touristes pressés passent en levant la tête pour admirer l’architecture du monument, des badauds flânent, des dizaines de personnes convergent vers les grilles. Certains tiennent la fameuse affiche noire de Salah Hamouri plaquée contre leur ventre. Bientôt, les manifestants silencieux se regroupent autour d’Alain Lhostis, Conseiller de Paris et Président du Comité de soutien parisien à Salah Hamouri, de Ian Brossat, Conseiller de Paris, de Pierre Mansat, adjoint au Maire de Paris et de Jean-Claude Lefort, Député honoraire et Président du Comité de soutien national à Salah Hamouri. Ironiquement, une pancarte géante ornant l’entrée de l’Hôtel de Ville clame que "Paris est solidaire avec tous les otages du monde".

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Ce rassemblement a été organisé pour marquer le cinquième anniversaire de l’emprisonnement de Salah Hamouri en Israël. Condamné dans la plus grande indifférence médiatique qui soit en France, ce jeune franco-palestinien purge actuellement une peine de sept ans de prison. Un tribunal militaire l’a déclaré coupable d’avoir voulu fomenter un attentat sans en apporter la moindre preuve. En prenant la parole, Alain Lhostis souligne que Salah Hamouri, emprisonné à dix-neuf ans, avait alors pratiquement l’âge de Guy Môquet, figure de la Résistance française dont le parti du Président de la République se plaît à se réclamer aujourd’hui. Il ne manque pas de rappeler que le tribunal militaire qui l’a jugé est également illégal. « Ce n’est pas ici, devant cet endroit, qui a reçu le Général de Gaulle à la Libération parlant de "Paris libéré…"etc… qu’on va nous faire le coup de dire qu’un tribunal militaire peut avoir la moindre légitimité que ce soit, s’insurge Jean-Claude Lefort. C’est en effet un tribunal militaire qui avait condamné le Général de Gaulle en 1940. En 1940, parce qu’il avait choisi la Résistance, de Gaulle a été condamné par un tribunal de collabos à la peine de mort par contumace et à la déchéance de sa nationalité française. »

DETAIL DE TAILLE

Ce détail de taille ne semble poser aucun problème au Quai d’Orsay et encore moins à l’Elysée. Aucune autorité de l’Etat n’a jamais contesté la légitimité du tribunal qui a jugé le ressortissant français. Pire, dans sa réponse au Conseiller de Paris Alain Lhostis, l’Elysée reprend à son compte les arguments de la justice militaire israélienne en regrettant par exemple que notre compatriote « n’[ait] souhaité, à aucun moment, exprimer de regrets et favoriser ainsi une éventuelle mesure de clémence. » Quant à Monsieur Kouchner, est-il encore besoin de rappeler qu’il ne juge pas "nécessaire" la libération de Salah Hamouri, comme il l’a déclaré lors d’une séance de questions au point presse quotidien du Ministère des Affaires étrangères.

Ce triste anniversaire a été commémoré dans plusieurs autres villes de France en solidarité avec Salah Hamouri et sa famille, comme Marseille, Dijon, Lille, Metz, Thionville. Mais les élus parisiens présents déplorent que la mobilisation de la Ville de Paris soit si molle et si peu lisible. « Même si nous devons reconnaître que le Maire de Paris a reçu Denise Hamouri et a manifesté clairement une demande de libération de Salah, explique Alain Lhostis, nous considérons que l’Hôtel de Ville devrait faire beaucoup plus. L’hôtel de Ville sait se mobiliser. Paris sait se mettre en colère comme on disait à une époque. » Ian Brossat, quant à lui, estime que « ce que l’on fait à Paris a une dimension forte, une dimension symbolique. » Après avoir à plusieurs reprises repoussé les voeux déposés par le groupe communiste visant à faire de Salah Hamouri un Citoyen d’Honneur ou à afficher sa photo, le Conseil de Paris a dernièrement approuvé l’organisation d’une cérémonie en présence de Madame Denise Hamouri.

UNE HONTE

Le véritable scandale réside pourtant dans l’attitude de soumission des gouvernants français à l’égard de l’Etat israélien. Une politique qui, dénonce Jean-Claude Lefort, risque de nous coûter cher à long terme. « Salah est l’expression de tout un peuple sous l’occupation. Salah est l’expression ultime de l’injustice que vit ce peuple. Il est l’expression que si on ne veut pas résoudre ce problème, on ira vers des difficultés de plus en plus grandes dans cette région du monde qui nous toucheront directement. Aider Salah, c’est aussi nous aider nous-mêmes, » plaide-t-il. Avant de s’adresser directement à Nicolas Sarkozy : « Monsieur le Président de la République française, vous êtes une honte pour notre pays à ne pas recevoir la maman de Salah Hamouri comme vous avez reçu toutes les autres familles. Toutes les autres familles, vous les avez reçues et vous refusez expressément de la recevoir. Vous êtes une honte, Monsieur le Président, une honte pour la France. »

Au fond de sa prison, Salah Hamouri refuse de se laisser abattre. Le jeune homme, qui préfère dire "nous" plutôt que "je", a écrit un message le jour anniversaire de son arrestation dans lequel il s’inquiète du sort des mineurs palestiniens dans les prisons de l’occupation. Les gestes de soutien et les manifestations en France demeurent importants pour lui et lui font espérer qu’ils réussiront à briser le silence qui l’enferme davantage.

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