Nos experts n’osent pas accuser les pauvres d’être à l’origine de la ruine.
18 octobre 2008 à 15h54C’est étrange, depuis quelques jours personne ne parle du « trou de la sécu ». Avant la crise, ce « tonneau des danaïdes » était exploré, analysé, décrit, dénoncé par toutes variétés de Baverez ou de Sylvestre, de Maris ou de Marseille avec Attali montant en croupe à l’instant du point d’orgue. Epidémie de saison : tous ces experts sont muets ! J’ai envie d’aller rue des Morillons voir si le trou ne fait pas partie de tous ces trucs retrouvés que l’on oublie dans le métro ou dans les bus… Heureusement que les experts en Marseillaise ont comblé le vide du trou.
Ce serait pourtant bien que cet unique objet de leur ressentiment revienne à la « une ». Je vois assez « Le Figaro », « Les Echos », « Le Monde » venir nous rappeler que nos maladies, notre espérance de vie, ruinent l’économie. Que ces milliards, ceux de l’hôpital, tuent le pouvoir d’achat, empêchant les pauvres d’être riches ! Qu’il faut donc rester ferme sur les dépenses et ne vendre l’aspirine qu’au comprimé. Et aussi ne soigner sans compter que les sujets indispensables à l’avenir de la Nation.
Par exemple tous les traders, le directeur financier de la Caisse d’Epargne, Daniel Bouton le patron de Jérôme Kerviel, Noël Forgeard, messieurs Dexia et Fortis qui pendant le naufrage ont fait la fête à Monaco, que des types sans lesquels la machine France serait en panne. Pis, en récession. Pour gratter les briques de l’après crise, on a besoin d’hommes comme eux, en forme, et qui connaissent le geste qui sauve (penser aussi à leur distribuer des liquettes « NYPD » pour qu’ils puissent pratiquer le salutaire jogging de l’élite).
C’est dommage que PPDA ne soit plus sur TF1 mais occupe toutes les chaînes. Sinon, avec son porte voix plaqué Bouygues, ce grand journaliste, cette conscience, aurait pu lancer la pelle d’octobre. Avec ce bon outil (de maçon) nous aurions pu revenir aux fondamentaux : le comblement du trou.
Pour nous quitter sur une note gaie, quelques chiffres tirés d’un papier de Michael Moore publié par « Vendredi » le nouvel hebdo qui prend Internet au sérieux. :
Les 400 américains les plus riches possèdent autant que 150 millions d’US citoyens ordinaires.
Ces 400 familles, sous Bush, ont augmenté leur patrimoine de 700 milliards de dollars.
L’Etat américain, dans le vert au départ de Clinton, est aujourd’hui en rouge de 10 000 milliards.
En 1999 c’est un certain Phil Gramm qui a eu la bonne idée de supprimer toute la réglementation régissant Wall Street et le système bancaire. Et Clinton a signé le décret approuvé par le Congrès.
Aux USA un patron gagne 400 fois plus qu’un employé.
Pour en savoir plus lisez la suite dans « Vendredi ».
Question aussi finale que la lutte : en ces temps où meurent les forêts, où allons-nous trouver assez d’arbres pour pendre tous ces gens-là par le fond du pantalon ?