Vérité officielle : c’est Chirac qui a fait couler le « Rainbow Warrior »
6 mai 2008 à 12h07Je n’ai pas d’archives mais je crois avoir lu, signé Follorou du Monde, au moment de l’assassinat du préfet Erignac , que le motif du crime était à rechercher dans un projet immobilier qui devait naitre sur la forteresse de Bonifacio. Sûrement vrai.
Pardon pour ces querelles de boutiques et la mise en liquidation publique de nos vanités de journalistes, de vous installer dans nos cuisines, mais au Monde, je les trouve vraiment épatants. En 1985, au moment où j’écrivais dans VSD, journal de caniveau, « La DGSE a fait couler le Rainbow Warrior », Edwy Plenel et Le Monde accusaient, eux, « le commandant Charrier et des barbouzes du RPR ». Ce qui n’empêche qu’aujourd’hui, si vous posez la question à un lycéen : « Qui est le Woodward de l’affaire Greenpeace ? », il va répondre Plenel. C’est la vie. Soyons Plenel ou rien.
Follorou est un brave type, honnête et bon journaliste. Mais il doit admettre que, comme moi, il lui arrive de se tromper. Et qu’il est ridicule, autour d’un fait divers ou d’une affaire d’Etat (le ressort est le même) de planter des piquets autour de son « investigation », avec des barbelés et de coller une pancarte : « Celui qui va au-delà est un con. Un membre du gang de la théorie du complot ». Pour bétonner le poids de son enquête, on mobilise des potes dans les radios-télés, dans les journaux qui vous félicitent. Avec la vérité s’agit de vendre le livre qui va avec.
Le « Vieux con » a connu, juste après l’invention de l’imprimerie, une période d’émulation entre journalistes. Où l’indice trouvé par un autre était utilisé pour aller soi-même plus loin, si possible. C’est fini. Il y a maintenant des PME du vrai. Des usines à vérité qui vous servent le plat à température. Je ne veux pas dire que ce qui est écrit dans ces ateliers soit faux, je dis que, plus qu’un chemin de la liberté, il y a maintenant une Nationale du vrai qui rassure.
Un jour, place de la Bourse, j’ai rencontré Francis Schull qui était un truc dans le genre chef des études au Centre de Formation des Journalistes. Je lui ai demandé s’il enseignait le doute ? Il m’a répondu : « Non, rien que des certitudes ». Deux années de suite je suis allé raconté des sottises sur le doute au CFJ. Puis les certitudes ont pris le dessus.
Mais, puisque c’est Bérégovoy qui nous occupe, on y revient. Il se trouve qu’il y a un mal élevé, nommé Francis Gillery qui a fait un film qui va passer samedi 3 mai sur FR3 à 23 heures. Et l’enquête de ce Gillery qui n’est ni dans les coteries, ni connu dans la vie du sérail, montre qu’on peut avoir un doute sur la vraie mort de « Béré ». Pourquoi pas ! Mais c’est vraiment pas bien. La transgression ça va, mais à ce point là !
Je ne vais pas vous chanter « Le poète a dit la vérité… ». Ce serait inapproprié et ridicule. En ce qui me concerne, il y a un an, j’ai rencontré Pascal Mornac un type qui chante dans la douleur mais avec talent. Il y a quinze ans, le 1er mai 93, il était à 150 mètres de l’endroit où « Béré » est mort. Il a entendu deux coups de feu puis, avec ses potes, s’est pointé sur la berge du canal pour tomber face à une dame avec un chien et deux types « genre commando ».
Il n’y avait alors, autour du corps de « Béré », ni pompiers, ni flics, ni garde du corps, ni chauffeur, rien que la solitude, la dame et le chien et deux profils de barbouze. La question que je pose, avec Gillery aux très grands investigateurs est la suivante : « Qui étaient ces deux types qui veillaient sur le révolver encore fumant de Bérégovoy ? »
En fait je suis vache avec Le Monde. Dans le supplément télé de ce quotidien, Olivier Zilbertin, certainement un méga niais, écrit à propos de film de Francis Gillery : « Il y a vraiment de quoi insinuer plus que de douter ». Insinuer veut dire « Inscrire dans un registre pour donner authenticité »… Je ne veux pas mettre le bazar dans un journal qui en connait trop, mais ce serait bien que Follorou et Zilbertin se téléphonent.