Ce message a été envoyé par le site CAPJPO - EuroPalestine
Un ami vous recommande d’allez voir cette page :
C’est toujours la Nakba : Témoignage d’une étudiante de Gaza Nous publions cette lettre de Nariman, jeune étudiante en français de la bande de Gaza, qui s’adresse au monde entier.
Nakba en 1948 et la souffrance continue…
"Avant ces jours, la vie était belle, très belle. on était ensemble ,on était tous paysans et on n’avait que notre terre et pour nous la terre égale la vie…on n’aurait jamais imaginé qu’ un jour, on vivrait loin d’ici mais malheureusement ce jour est arrivé malgré nous."
Mon grand-père a les larmes aux yeux et le coeur serré et les mots sortent à grand-peine de sa bouche.
Chaque année depuis quatre ans, toute la famille se réunit pour écouter nos grands-parents qui nous transportent dans deux époques bien différentes en nous parlant de la Nakba : la première est pleine des moments de calme et de stabilité qu’ils vivaient auparavant et l’autre ce sont les moments de souffrance et de chagrin qu’ils ont commencé à vivre après la catastrophe.
Cette année j’ai la chance de partager un peu de ces moments avec vous en vous écrivant ce texte en français.
C’est très douloureux de se souvenir de ces jours très durs qu’ils ont vécu comme tous les réfugiés palestiniens qui ont quitté leurs maisons et leurs terres par la force et par le terrorisme israéliens
"On était à Sawafeer quand la guerre a commencé, on a été obligé de partir, pas seulement parce qu’on avait peur des forces israéliennes qui étaient soutenues par tous les grands pouvoirs du monde entier de cette époque, mais aussi parce qu’on avait l’espoir que les armées arabes allaient arriver à notre secours pour nous sauver de ceux qui venaient violer notre patrie et qu’on allait bientôt rentrer chez nous quand ces armées battraient l’armée israélienne mais on ne savait pas que cette dernière s’était bien préparée pour gagner cet affrontement injuste et inégal" dit mon grand-père.
Ma grand-mère intervient avec beaucoup de tristesse :
"Je tenais ma fille d’un an par la main et j’étais enceinte de huit mois ces jours-là, ces jours où on a dû trouver refuge à Hatta un village juste à côté . On y est resté deux jours, pas plus . Il n’y avait pas d’eau là-bas et je devais pourtant laver nos vêtements, alors j’ai décidé de rentrer à Sawafeer pour faire ma lessive au moment où votre grand-père était parti en cachette pour récupérer l’argent qu’il avait caché à côté de chez nous -c’était le cas de nombreuses personnes qui retournaient à leurs villages pour chercher les affaires indispensables qu’elles avaient laissées derrière elles dans leur fuite précipitée- il marchait prudemment afin que les soldats israéliens ne le voient pas, ils l’auraient tué sinon. Quand je suis arrivée, il ne restait qu’un seul puits. J’ai lavé les vêtements et je me suis dirigée aussitôt vers Hatta pour que mon mari ne remarque pas mon absence à son retour. Je l’ai rencontré dans la rue, malheureusement !
Je n’ai toujours pas oublié son regard fou d’inquiétude …il était très fâché et il m’a blâmé :
" Tu es folle toi ? Tu prends la route dans cette situation ? Tu ne sais pas que les Israéliens ouvrent les ventres des femmes enceintes et qu’ils leur coupent les seins ?"
A ce moment-là, j’ai su tout l’amour que votre grand-père me portait.
Nous avons tous éclaté de rire, puis mon grand père a repris la parole :
"Avec les habitants d’Hatta, on est parti pour Karatia et quand les israéliens ont bombardé Karatia, on est parti pour Al-Magdal où on est resté très peu de temps et finalement on s’est installés au centre de la bande de Gaza, à Dair Al-Balah exactement. C’était vraiment un long voyage très pénible. Je n’ai jamais connu un voyage pareil et jusqu’à maintenant je n’arrive pas à comprendre comment on s’en est sorti !
Les deux premières années, tout le monde a vécu sous les tentes plantées par l’UNRWA qui était là pour nous aider, puis on a commencé petit à petit à construire des petites maisons en boue pour finir par habiter ici, dans cette maison."
La réunion familiale a pris fin et chacun est rentré chez soi mais les histoires tristes des réfugiés palestiniens et leurs grandes souffrances continueront tant que l’occupation ne reconnaîtra pas leur droit au retour.
Aujourd’hui, en 2008, nous vivons une autre catastrophe.
Nos ancêtres ont été massacrés par balles et nous mourons à petit feu, étranglés, étouffés par ce blocus ignoble.
Les besoins les plus élémentaires nous sont refusés : l’électricité, les carburants, la liberté de mouvements …. et la liste est interminable …
Merci à l’occupation qui nous offre chaque jour ses tortures les plus variées.
Merci au monde entier qui nous regarde mourir dans la plus complète indifférence."
Ps : Sawafeer - Hatta – Karatia : villages palestiniens occupés en 1948
Nariman Ghanim – Etudiante en français - Gaza
CAPJPO-EuroPalestine
Lien vers l’article
Suivez l’activité éditoriale de notre site www.europalestine.com Inscrivez-vous en envoyant un message à : CAPJPO-EuroPalestine-subscribe@yahoogroupes.fr