In the mood for anger
Lorsqu’ils construisent nos immeubles, nettoient nos bureaux ou gardent nos parkings, nous ne les remarquons pas. Lorsqu’ils s’installent sur un bout de trottoir, avec tentes et bagages, nous ne les entendons pas. Lorsqu’ils se mettent en grève, nous tournons la tête.
Pour être vus, ils marchent. Le 1er mai 2010, ils sont partis de la Place de la Nation à Paris. Au programme 30 jours de marche et 1 040 km dont 659 à pied. Sous l’égide de l’autoproclamé "Ministère de la régularisation de tous les sans papiers", 80 travailleurs sans papiers entourés d’une vingtaine de journalistes, infirmiers…, se dirigent vers Nice. Ils entendent y interpeler les chefs d’Etat africains venus fêter le cinquantième anniversaire des indépendances des anciennes colonies françaises. En souscrivant aux Accords de réadmission, qui visent à faciliter le retour dans leur pays des immigrés clandestins, nombre de ces Etats collaborent, sans état d’âme, à la politique de la répression. Une politique d’autant plus absurde qu’elle s’applique en dépit des besoins et de la réalité du marché du travail en France.
Or, cette marche est une demande de régularisation par le travail. Comme le clame le film du collectif des cinéastes pour les sans-papiers : ils bossent ici, ils vivent ici, ils restent ici.
Des comités de soutien constitués dans chaque ville-étape accueillent les marcheurs. Autant de haltes qui sont prétextes à des débats, concerts et happenings en tous genres. Des collectes sont organisées pour la nourriture, les municipalités ont été sollicitées pour l’hébergement. Toutes n’ont pas répondu favorablement.
Quand Le Pen disait "La France aux Français !", l’Abbé Pierre répondait "La Terre aux humains !"
Le Ministère de la régularisation de tous les sans papiers publie régulièrement, sur son site, des carnets de marche. Voici celui du 13 au 15 mai, qui a fait étape à Lyon.