Gloomy Monday
Quel était le fil qui reliait cette prêtresse de la mélancolie au monde de l’invisible ? A l’entendre, de son chant puissant et brûlant, de sa voix douce et claire, on savait qu’elle ne parlait qu’à l’intime, au vivant.
Lhasa de Sela, de son nom complet, est décédée il y a deux semaines, emportée par un cancer du sein contre lequel elle se battait depuis près de deux ans. Elle avait 37 ans et avait su conquérir le monde en trois albums. La Llorona (1997) entièrement chanté en espagnol sur les traces de ses pérégrinations mexicaines et états-uniennes, The Living Road (2003) sur lequel elle passe avec aisance de l’espagnol au français et du français à l’anglais et Lhasa (2009), un album qu’elle a elle-même produit, lumineux et apaisé où elle ne s’exprime plus qu’en anglais, sa langue maternelle.
Entre fado et country, entre ballades aux accents gitans et cris déchirants, ses mélopées emportaient le coeur et l’âme, convertissaient au langage de l’amour, de l’espoir, du désespoir. Une étoile s’est éteinte dans le firmament musical. Demeurent les chansons qu’elle a écrites, manqueront toutes celles que Lhasa n’a pas eu le temps de chanter.