La vallée d’Elah c’est l’endroit où le berger David a défié puis terrassé le géant Goliath. Il lui a fallu beaucoup de courage car assurément il devait être dévoré par la peur. Il a laissé le géant s’approcher, s’approcher suffisamment près, pour lui envoyer une pierre bien sentie à la tête qui lui a fracassé le crâne. S’il avait attendu encore, un peu trop longtemps, il se serait fait écraser par la brute. Qui aujourd’hui enverrait un enfant défier un géant ? George Bush ?

Tommy Lee Jones

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Le héros du film, qui au début hisse le drapeau américain à l’endroit, après avoir mentionné que le hisser à l’envers était un signal de détresse dans l’armée, ce héros, donc, incarné par un Tommy Lee Jones vieillissant mais ô combien toujours efficace, a eu un fils qui s’appelait David. Mais David s’est crashé dans un accident d’hélicoptère. Il était dans l’armée.

Le héros a un deuxième fils, qui revient d’Irak, mais qui à peine rentré, disparaît. Il part à sa recherche. Et la quête du fils se transforme en enquête qui se transforme en redescente sur terre, retour brutale à la réalité de ce qu’est la guerre pour cet ancien du Vietnam qui a élevé ses fils dans le culte américain patriotique et les a poussé à s’engager. La guerre, ce n’est pas seulement dominer sa peur pour être courageux, la guerre c’est faire des choses ahurissantes et sans raison, c’est l’abandon et le don total de soi à la violence sans la faculté de penser.

Ce qui s’annonce comme une enquête puis une introspection sur les réelles valeurs du personnage principal se révèle un réquisitoire douloureux contre la guerre en Irak. Le film est entrecoupé de petits films dépixelisés rapportés par le fils sur son téléphone portable. De petits coups de poings chargés d’angoisse jusqu’à la révélation finale et l’achèvement du puzzle, l’insupportable. Une manière de dénoncer sans enfoncer les portes ouvertes. Si bien qu’à son retour chez lui, le héros du film hisse définitivement la bannière étoilée à l’envers.

Rappelons que le film est sorti au tout début de la campagne irakienne de Junior, en plein battage (ou lavage de cerveaux) médiatique aux Etats-Unis.

Mention spéciale à Charlize Theron qui décidément excelle dans l’art d’être absolument méconnaissable d’un film à l’autre.