Samedi dernier, un dirigeant d’une grande chaîne de télévision a été mis en examen pour homicide involontaire. Il a été placé sous contrôle judiciaire après la mort à son domicile - vraisemblablement due à une overdose - d’un homme avec qui il avait passé la soirée en compagnie d’une troisième personne. La victime était le chef du bureau du cabinet d’un ministre et il aurait succombé à une crise cardiaque à la suite d’une partie fine au cours de laquelle il aurait consommé des produits stupéfiants. De la cocaïne et du GHB, ou « drogue du violeur », auraient été retrouvés dans l’appartement.
Cette sombre affaire révélée par le Point.fr et qui a déjà quelque peu mobilisé la toile, n’a suscité que quelques brèves dans la presse. Etrange pour une affaire qui conjugue pouvoir et sexe, les deux mamelles de l’audience populaire !
Est-ce – à dire que ces parties fines sont suffisamment courantes pour ne plus intéresser l’opinion ? pas sûr. L’omerta a dû jouer à plein. La force de frappe et de pression de TF1 et de ses alliés de presse écrite s’est révélée efficace.
Ceci étant cette histoire relève de la vie privée, et à ce titre, la presse française, à la différence de ses confrères anglo-saxons est toujours plus réticente à couvrir ce type de sujet. On ne peut l’en blâmer.
Cette affaire, qui fait écho au scandale du banquier Edouard Stern, décédé lui aussi dans des conditions quelque peu sulfureuses, nous rappelle combien pouvoir et sexe font bon ménage. Les primatologues le savent bien, c’est le sexe qui est le moteur principal du pouvoir chez les mâles.
Le pouvoir permet d’assouvir ce besoin de séduire et de se reproduire. Selon la loi primate, le pouvoir de séduction des mâles augmente au fur et à mesure de leur progression dans l’échelle sociale. Le premier privilège du chef est de pouvoir séduire plus de femelles que ses subordonnées et qui plus est, les plus sexy (selon les critères des singes) et les plus courtisées.
On ne s’étonnera pas que nos dirigeants et hommes de pouvoir soient réputés séducteurs, tombeurs…qu’ils soient petits, bedonnants ou vieux, peu importe. Dans notre imaginaire collectif, le chef est un séducteur, donc son grand appétit sexuel ne nous choque guère.
Ce qui est plus étonnant, c’est l’attirance de certains hommes de pouvoir pour des jeux sexuels un peu « particuliers ». Recours à des drogues, séances de SM, échangisme… Là encore, on n’a rien inventé, si les singes Bonobos ne se droguent pas (à ma connaissance), ils ne s’interdisent aucun jeu sexuel. Ce qui leur permet de prendre du plaisir et de libérer des tensions tout en confortant les liens sociaux au sein de la tribu.
Copulation entre deux Bonobos pendus par les pieds, frottement de pénis de deux mâles face à face suspendus à une branche comme s’ils croisaient l’épée, frottement génito-génital de femelles, croupe à croupe (rump-rump) entre mâles… activité sexuelle à plusieurs tous sexes confondus, les Bonobos rivalisent d’imagination pour pimenter leur vie sexuelle comme le décrit Frans de Waal dans "Le singe en nous"
Que recherchent ces hommes de pouvoir quand ils cèdent à leurs pulsions primates ? libérer, à l’instar des Bonobos, des tensions qui sont particulièrement fortes dans la sphère du pouvoir ? Mais là où leurs cousins singes savourent l’activité sexuelle qui reste d’abord un jeu, chez nous, le jeu peut prend une tournure plus violente et plus sombre. Avec, parfois, des chutes malheureuses.