Les femelles singes ont une aversion aux risques plus forte que les mâles. Comme je rappelai dans un précédent billet,elles ont pour souci numéro 1 d’assurer la protection de leur progéniture. L’ivresse du pouvoir, elles y goûtent aussi, mais uniquement avant d’être mères. A leur première enfant, elles rangent leurs ambitions au placard et évitent de participer aux jeux du pouvoir à haut risque.
Quand elles se mobilisent, c’est le plus souvent pour le bien être du groupe, éviter que les rivalités entre mâles dominants n’affaiblissent la troupe face aux prédateurs qui rôdent…ou pour se débarrasser d’un mâle dominant trop tyrannique !
Il faut croire que les mâles humains n’ont guère progressé par rapport à leurs homologues singes. Quand les mâles chimpanzés s’aventurent dans de nouveaux territoires dans l’espoir d’y trouver des arbres à baie en profusion, les mâles humains s’aventurent dans les produits dérivés dans l’espoir de faire fructifier leurs fonds… Quand les mâles chimpanzés testent leur adresse, leur courage en simulant des combats avec des branches, des pierres, dans l’espoir de gagner en popularité et en puissance, nos mâles humains s’affrontent sur le terrain financier : c’est à celui qui réalisera le plus gros coup.
La morale de l’histoire est claire. Pour qu’une tribu fonctionne bien, dans la durée, elle doit être composée de manière équilibrée de femelles et de mâles. C’est en tout cas la conclusion du professeur Lynda Gratton à la London Business School1 qui considère que les équipes parfaitement équilibrées du point de vue du sexe sont les plus performantes. L’idéal étant la répartition 50 /50. Une étude de l’Ecole Supérieure de Commerce de Nice-Sophia Antipolis explique que les entreprises du Cac 40 dans lesquelles le taux de féminisation notamment dans l’encadrement est le plus fort ont moins plongé en Bourse que les autres2. Ce n’est peut-être pas un hasard, si l’Islande, pays qui est confronté à une situation de faillite nationale vient de nommer deux femmes pour reconstruire son système financier.
Le mot de la fin appartient à un membre du gouvernement islandais « it’s typical, the men make the mess and the women come in to clean it up ».
Je laisse le soin à mes mâles lecteurs de commenter ce billet, et vais de ce pas, non pas ouvrir mon parachute, mais mon parapluie, il pourrait me servir !
[1] 1 Financial Times 18 octobre 2008, page 8 « Crisis Gives Women a shot at top corporate jobs »
[2] 2 Figaro, Réussir, 20 octobre P 2