Journée internationale des droits de la femme
Chaque 8 mars, on se souvient, ou pas, que c’est la journée de la femme. Certains ont couru chez le fleuriste. D’autres ont vitupéré que la journée de la femme n’est pas une journée de réjouissance et que c’est honteux qu’au XXIè siècle, on soit encore obligé d’en passer par-là pour évoquer le cas de la moitié de la planète. D’autres encore ont souligné que ce devrait être tous les jours de l’année la journée de la femme.
Evidemment que cette date est symbolique, utile et vaine à la fois. But who cares ? Personnellement, j’ai tendance à penser que si cette journée, décrétée en 1977 par les Nations Unies, n’existait pas, cela n’empêcherait aucunement les militants des droits des femmes de l’ouvrir. Je pense que cette journée n’ajoute ni n’enlève rien au combat féministe. Elle a juste le mérite d’être elle-même : rappeler à ceux qui ne l’ont pas à l’esprit qu’aujourd’hui comme par le passé, les femmes doivent encore se battre pour atteindre au même niveau d’humanité que les hommes, que dans bien des pays encore, elles sont considérées comme des citoyens de seconde catégorie. Mais je ne me leurre pas, ceux qui ont besoin du 8 mars pour se souvenir de toutes ces réalités, redeviendront amnésiques dès le lendemain et pour 363 autres jours de l’année.
Ce 8 mars, j’ai décidé de me réjouir de toutes les avancées en matière de droit des femmes et de saluer les combats de nos mères, de nos grands-mères, de toutes les femmes qui ont su dire "non" ou "ça suffit". Les Olympe de Gouges, Louis Michel, les travailleuses du textile qui ont fait grève en 1857 et en 1911 à New-York, les ouvrières russes qui sont sorties dans les rues en 1905 pour déclencher la grève générale, les suffragettes, Simone de Beauvoir, Angela Davis, Gisèle Halimi, Rosa Parks et toutes leurs petites-filles.
Pour autant les combats pour l’accès à la citoyenneté, à la dignité, pour la reconnaissance de l’intégrité des femmes continuent, car même dans les pays dits "du Nord", les inégalités sont criantes : salaires, promotions professionnelles, accès à l’avortement, protection des femmes battues… Comme le disait Gandhi, « Appeler les femmes "le sexe faible" est une diffamation ; c’est l’injustice de l’homme envers la femme. Si la non-violence est la loi de l’humanité, l’avenir appartient aux femmes. »
Le monde a donc une marge de manœuvre considérable pour faire aux femmes toute la place qui leur revient. Comme en atteste cette petite revue du web expresse et malheusement non exhaustive.
Un article publié par Courrier International et repris par AWID, un site sur le droit des femmes, évoque la difficulté d’enrayer les agressions violentes, notamment au vitriol, envers les femmes au Bangladesh, , et ce malgré l’encadrement de la vente de ces produits. Les lois pour la protection des femmes sont nombreuses mais ne sont pas appliquées, car ce sont des maillons de la société civile qu’il faut sensibiliser. Par ailleurs, subsistent toujours des lois discriminatoires. Il faut cependant préciser que deux femmes occupent des ministères clé dans l’actuel gouvernement bangladais. Un espoir pour leurs concitoyennes.
Que ce soit en Afghanistan, en Palestine ou en Irak, les femmes sont les victimes constantes et collatérales des conflits armés, comme l’explique sur le site Info-Palestine un article de Ramzy Baroud, rédacteur en chef de PalestineChronicle.com. En Afghanistan, à cause des pressions culturelles ou par peur des Taliban, les femmes préfèrent accoucher chez elles, mettant souvent leur bébé en danger, tout comme en Palestine, où elles estiment avoir plus de chances de garder leur bébé en vie en évitant les check-points israëliens. En Irak, les femmes ont vu leur condition se dégrader. L’augmentation de la prostitution, quasi-inexistante avant l’arrivée des troupes américaines, n’en est qu’un des multiples corollaires.
« La question des droits des femmes est une question urgente, pas simplement à cause de statistiques horrifiantes. (Les femmes et les filles sont les plus pauvres, les moins instruites et les premières victimes de la violence dans le monde). Mais aussi parce qu’on ne peut arriver à aucun réels progrès et développement, ou bonne gouvernance, quand la moitié de la société est marginalisée et maltraitée. L’égalité entre les sexes n’est pas un acte de vertu, mais elle relève d’une bonne stratégie pour un avenir plus chaleureux pour toutes les nations, riches ou pauvres. Pour aborder la question correctement, les études et les rapports doivent fouiller dans les racines des souffrances des femmes, et ne pas se satisfaire avec des indicateurs numériques qui ne donnent que la moitié de l’histoire. » - Ramzy Baroud
Un article publié par Ouest-France sur le photojournaliste Pierre-Yves Ginet qui expose à l’Hôtel des Régions de Nantes 150 portraits de femmes engagées, du Darfour à la Palestine en passant par la France. " J’ai travaillé sur la violation des droits de l’homme au Tibet. Les nonnes étaient en première ligne de la résistance. J’ai voulu révéler ce combat dont j’étais le témoin. C’est devenu mon engagement de faire parler d’elles et de toutes les autres femmes en résistance", explique-t-il.
Femmes en résistance Hôtel de Région de Nantes Ile Beaulieu - 1, rue de la Loir 44000 Nantes jusqu’au 6 mai 2009
Que ce soit pour évoquer les lesbiennes palestiniennes, le fait qu’une femme meure tous les 14 jours en Palestine ou pour dévoiler le visage de la femme de Mahmoud Abbas, la rédactrice en chef de Al-Hal (La Situation), lancé en 2004 en Cisjordanie, ne manque pas de courage. Malgré les pressions, les menaces, le peu de moyens et de protections, ce mensuel, qui ne craint pas d’aborder les sujets controversés, contribue à faire évoluer les mentalités en Palestine.