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Le chemin de fer Malien une "mise en concession" sans concession pour les populations !

Depuis 2003, la "SNCF" Malienne et l’unique voie ferrée reliant le pays à l’Océan ont été privatisées.

7 mars 2009 à 21h36
Avec Saloum Souaré Tabouré, un jeune juriste de Bamako, nous réalisons un film sur les enjeux ferroviaires au Mali. Pays enclavé, sans façade maritime, le chemin de fer est considéré comme le véritable port du Mali.

L’unique voie ferrée du pays relie Bamako à Dakar et constitue l’épine dorsale de la Première Région. Nous avons emprunté ce train non sans difficulté et tentons de comprendre quels intérêts ont conduits les Etats Maliens et Sénégalais à abandonner sa gestion à des Canadiens puis à des Belges, via Transrail SA.

Les repreneurs se sont concentrés sur le fret au détriment du trafic passager et semblent peu préoccupés des conséquences sociales de leur réorganisation. La moitié des cheminots furent remerciés et la majorité des gares fermées. Dans les villages privés d’une desserte régulière, et parfois sans autre voie de communication, la vie s’est brutalement corsée.

Des joies de l’ajustement structurel, des initiatives de la Banque Mondiale et de la corruption, nous tenterons d’en savoir un peu plus dans les mois qui viennent. Nous avons déjà perdu bien des heures au Ministère des Transports pour tenter d’avoir la vision gouvernementale de cette "mise en concession" originale. Nous sommes patients. Lors du premier tournage en septembre 2007, on nous avait cordialement inviter à revenir quand de nouveaux wagons seraient en circulation pour les voyageurs. Las, en février 2008, le chargé de mission ne fût pas plus enthousiaste à nous répondre. Une semaine plus tôt, les 8 wagons indiens de la nouvelle rame s’étaient couchés sur la voie causant une soixantaine de blessés et 2 décès.

Nous saurons peut-être enfin comment les gestionnaires de Transrail comptent s’y prendre pour rénover des rails et ouvrages hors d’âge. Une partie du matériel date de l’époque coloniale. Le plan d’investissement ne décollait pas au dernières nouvelles, mis à part quelques coups de pinceaux sur la gare de Bamako et la climatisation dans les locaux de la direction.

Sachez en tout cas que le principal client du chemin de fer sénégalo-malien n’est autre que le yachtman privé du président de la République Française, et qu’il y a sans doute quelques mauvais tours de l’histoire qui se joue derrière cette privatisation. Les français n’ont pas officiellement récupéré l’ancienne régie coloniale, mais ils semblent en profiter gaiement. Le conteneur ça rapporte drôlement surtout quand on s’appelle Bolloré et qu’on a un peu de relations !

Je vous mets en lien ci-dessous le premier reportage en deux parties réalisé en 2007 et qui sera remonté inch’allah, d’ici quelques mois : Bamako-Kayes par les Rails.

première partie :

deuxième partie (pour laquelle vous m’excuserez le léger décalage sonore) :

Je serre un peu les fesses à l’idée de retourner enquêter le long du Dakar-Bamako car Transrail a porté plainte contre le Canard déchaîné pour diffamation |via maliweb

Le Cocidirail, Collectif Citoyen pour la Restitution et le Développement Intégré du Chemin de fer Malien, animé par le Dr Tiécoura Traoré, se bât depuis 2003 contre cette privatisation. Recherchez sur la toile, je vais pas vous faire tout le travail non plus. (tapez "COCIDIRAIL").

Pour finir je vous recommande une lecture qui m’a bien plu, avec pour toile de fond le chemin de fer Sénégalo-Malien et la grève des cheminots de l’Afrique Occidentale Française en 1947 : Les Bouts de Bois de Dieu d’Ousmane Sembène.

Rousty

contact@rousty.com

Pour les courageux qui liraient cet article en entier, un bonus audio la synthèse presque imaginaire du discours de Dakar !

PS : un ami journaliste de Radio Kayira à Bamako, Nouhoum Keita, victime d’une escroquerie, a été incarcéré. Tous les détails sur http://www.hns-info.net/spip.php ?article17650

Rousty saute sur Bamako Le Monde selon Rousty