Thatchblair l’a fait, SarkHirsch peuvent le faire
16 avril 2008 à 17h28J’aime bien Martin Hirsch. Il a été directeur de cabinet de Kouchner, c’est la preuve qu’il ignore tout de la duplicité et a vécu ce que les petits matins réservent aux cœurs purs. Haut Commissaire ça fait un peu colonial mais la place de bas commissaire était déjà prise par Hortefeux. Gamin, je rêvais de Charles de Foucault mais je n’ai rencontré que Michel.
Mais mon idole, main tenant, c’est Martin Hirsch. En marche arrière il est entré au gouvernement pour sauver les pauvres, comme Pierre Fresnay dans « Monsieur Vincent ». Cet anormalien a cru qu’un gouvernement qui donne 14 milliards aux plus riches pouvait banquer pour les pauvres. Martin doit trop fréquenter la Grande Quinzaine du Blanc du Bon Marché. Il croit au discount, à la vérité des étiquettes quand elles ne sont pas politiques. Avec son Revenu de Solidarité Active (RSA) il veut empêcher les paresseux chômeurs ou les chômeurs paresseux de ne se gaver que de « Kro » et de RMI. Sans imaginer, ces imbéciles, qu’un balai à temps partiel, de chez Veolia, leur tend son manche. Il y a de la dignité dans la technique de surface. Pour la première année, le petit père patron qui règne à l’Élysée a quand même prévu, non pas 14 milliards, mais 25 millions d’euros pour ces mecs dont le quotidien est le Titanic. Moins l’orchestre. Gentil le fils de l’Abbé Pierre. Le reste, c’est-à-dire l’essentiel, c’est aux départements de le verser. Donc souvent à la gauche. Le but : qu’avec un emploi aussi flexible qu’un bambou, le naufragé du boulot gagne plus que la somme des « aides » qu’il reçoit sans bosser. Au-dessus des boutiques du RSA on devrait recycler les carottes que l’on démonte des façades des bureaux de tabac qui ferment.
Vous avez compris que, bien qu’étant un lecteur de Jean-Claude Michéa et sachant qu’on ne peut doubler le capitalisme sur sa gauche, je ne suis qu’un économiste nain, genre livret A. Pourtant dans l’impasse Adam Smith où j’ai joué à la marelle la semaine dernière, j’ai appris une nouvelle épatante : on va supprimer les pauvres.
L’idée, comme toutes les bonnes, vient de chez Margaret Tachblair. Là-bas, outre- Manche comme on l’écrit dans l’Équipe que j’ai cessé de lire après 40 ans d’abus, le chômage est très faible et les pauvres n’existent pas. Vous avez entendu Sylvestre, Moscovici, Valls et Bertrand vous corner cette bonne nouvelle sur TF1/LCI. Et, là, l’économiste nain vous annonce : si les chômeurs et pauvres ont disparu c’est qu’on a cessé de les compter. Pas bête les mecs diplômés de Oxbridge qui ont inventé cet œuf là. Quand le chômeur chôme trop, que le tubard tube trop, on le déclare « handicapé ». Quand on nait on gueule, mais quand on sort des statistiques on la ferme. Le déchet humain, pour quelques pennies, se recycle dans une non-vie. Dans le néant, comme au temps du Dertal et de la guerre du peu.
Le RSA, mis à l’essai dans 31 départements, n’étant pas RAS, on va abaisser la définition statistique du « seuil de pauvreté ». Et compter ainsi moins de gueux à soutenir. Et les finances de la France s’en bien porteront. Malins eux aussi les Normal sup/ X/Ponts/Centrale/ Ena/Mines. Et ces très grands pauvres on va les mettre dans des HLM pour améliorer leur sort et l’effet ghetto. Il va y avoir des places libres puisque Boutin a envisagé un plan : virer de ces mêmes logements ceux qui ont juste un peu trop d’argent pour y survivre. A la rue ces délogés deviendront à leur tour des pauvres. La vie c’est comme la roulette russe, il faut que ça tourne. L’important c’est de laisser une chance à la vie, de ne jamais mettre une balle dans chaque trou du barillet.