Il ne se passe plus un jour sans que l’on apprenne qu’il y a eu des affrontements entre manifestants et policiers là, des vidages de squatts avec déploiement de forces ici, sans que l’on entende ou lise des témoignages sur l’usage d’une violence démesurée par les forces de l’ordre.
Début de semaine, les événements de Montreuil. Pour mémoire : un cocktail lacrymo-matraque-charge policière, une petite séquence montrant un CRS tabasser un jeune homme qui passe en boucle sur la TNT et fait les titres de toutes les chaînes herziennes, un stagiaire du Monde embarqué au poste qui témoigne sur son arrestation, la semaine précédente des CRS tirant au flashball sur un jeune homme qui y a perdu un oeil, et juste avant un déploiement grandiloquent et quasi-burlesque du RAID pour déloger une poignée de jeunes squatteurs militant pour la réquisition des logements vides.
Ce matin, j’apprends l’interpellation dont a été VICTIME ce 14 juillet le photographe Cyril Cavalié qui suivait la manifestation annuelle La Brigade des Clowns. Au fait, pourquoi ? Une manifestation pas vraiment autorisée, des policiers en civil un peu nerveux qui confondent journalistes et clowns. C’est vrai qu’ils sont difficiles à distinguer, un type qui porte un appareil-photo en bandoulière, c’est super drôle et ça fait rire les enfants.
« Je photographie un clown qui se faisait interpeller derrière un camion, à l’abri des regards. Un policier en civil met la main devant l’objectif. Je passe entre deux camions pour rejoindre le groupe et je suis retenu puis projeté contre une barrière. On me fait une clé au bras et une au cou qui m’étrangle. J’interpelle les touristes qui assistent à la scène, en français et en anglais, je les appelle à l’aide. Des gens s’approchent, je sens l’étreinte se déserrer. Je me dégage. L’autre photographe était face contre terre, menotté dans le dos. Un de ses deux appareils a été endommagé » témoigne Cyril sur le site des Inrocks.
Plus tard, Cyril Cavalié est emmené au commissariat du VIIIe arrondissement parmi la foule des clowns. Après quelques péripéties vocales, une palpation et un contrôle d’identité, il sera relâché.
Dans ces conditions, il faut y réfléchir à deux fois avant d’aller manifester, informer demande un vrai courage. Ce n’est pas seulement la liberté d’expression qui est remise en cause. Le droit d’informer est aussi clairement et délibérément mis à l’index. Une continuité dans la politique de main-mise de l’Elysée sur les principaux véhicules de l’information, entre privatisations et arbitraire assumé.