En ordonnant la mutation du chef de l’ensemble des forces de sécurité de Corse considérant que celui-ci avait failli dans sa mission, Nicolas Sarkozy a ainsi rappelé qu’il était le chef tout puissant de la tribu et qu’il avait le pouvoir de sanctionner toute brebis égarée.
On ne saurait l’en blâmer. Quand un subordonné manque à ses devoirs par rapport à sa tribu, cela justifie une sanction. Pour un chef primate, faire preuve d’une grande tolérance est en effet contraire à sa crédibilité. Mais, au lieu de mordre le fessier du chef de sécurité pour exprimer son mécontentement. Il s’est conduit en homme civilisé en déléguant le soin de destituer le coupable de ses fonctions à l’un de ses numéros 2 chargé de la sécurité, la femelle en chef, Michèle Alliot Marie.
Quelle faute a donc commis l’infidèle ? Une erreur tactique. Dans la guerre qui oppose la tribu dont il assure la sécurité, aux nationalistes corses. Il a choisi l’option la plus laxiste « le laisser faire » là où il aurait dû déclencher une procédure de guerre. C’est vrai qu’à 50 nationalistes contre 2 (le couple de gardiens de la villa de Clavier ), on pouvait craindre le pire. Et d’ailleurs le pire s’est produit, puisque les prédateurs ont franchi le territoire d’un membre de la tribu. Ils ont osé fouler de leurs pieds le jardin de la star et siroter des jus de fruits à l’ombre de ses palmiers.
Dans le monde primate, la règle est claire, transgresser les règles de territorialité relève d’un crime. En général, ces violations de propriété finissent dans un bain de sang chez les singes, en tout cas, dans les espèces les moins évoluées.
Car symboliquement, c’est comme si les criminels s’en prenaient au chef lui même. Chez les chimpanzés, si un individu menace un membre de la famille ou du réseau d’amis du chef dominant, il peut être certain que le chef en personne réagira et viendra au secours de son proche. Là encore, c’est une règle que le chef de sécurité de la Corse aurait dû connaître.
Nicolas Sarkozy, devait donc réagir au manquement de son subordonné Dominique Rossi.
On comprend mieux que notre chef en titre et ses prédécesseurs n’aient pas toujours fait preuve de la même sévérité dans le passé pour sanctionner ces mêmes criminels. Il est vrai qu’explorer la propriété d’un proche du chef est autrement plus grave que d’exploser des bâtiments publics. Si Nicolas Sarkozy devait protéger avec autant de zèle les quelques millions de Français qui sont également confrontés à des problèmes de voisinage, c’est clair qu’un quinquennat n’y suffirait pas.
Faudra-t-il lui confier un nouveau mandat ?