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Obama subit un revers historique

Analyse / jeudi 4 novembre 2010 par Doug Ireland
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Les élections de mid-term sapent la capacité d’agir d’Obama et jettent les bases d’une majorité républicaine permanente pour la prochaine décennie.

Les élections du 2 novembre ont été un vote de répudiation du statu quo, pas un vote idéologique. Mais leur résultat est d’interrompre la capacité d’agir de la présidence de Barack Obama et de jeter les bases d’une majorité républicaine permanente pour la prochaine décennie.

Explications :

La coalition électorale des jeunes et des minorités raciales qui a permis le raz-de-marée démocrate de 2008 (et l’entrée à la Maison Blanche d’Obama) s’est effondrée cette année, car l’électorat qui s’est rendu dans les bureaux de vote le 2 novembre était plus vieux et plus blanc. En 2008, les plus de 60 ans ne pesaient que 15% des voix, mais cette semaine les seniors étaient 25%, tandis que les électeurs blancs étaient 4% de plus cette année qu’il y a deux ans.

Beaucoup des déçus d’Obama le progressiste n’ont pas voté, et les électeurs qui se sont prononcés mardi étaient plus à droite qu’en 2008 : 40% des votants cette semaine s’identifiaient comme « conservateurs » dans les sondages à la sortie des urnes et 31% comme « modérés », tandis que seulement 20% se sont proclamés « libéraux » (ce qui veut dire « progressiste » dans le langage politique américain.)

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En même temps, la campagne électorale a été la plus chère des élections de mi-mandat présidentiel dans l’histoire des Etats-Unis, avec environ 4 milliards de dollars dépensés à tous les niveaux. Qui plus est, une décision bizarre de la majorité conservatrice de la Cour Suprême avait aboli en janvier les limites sur les dons d’argent que les entreprises peuvent verser aux candidats en déclarant qu’une entreprise est une personne. Et si les comités officiels des deux grands partis étaient presque à égalité dans les fonds collectés pour leur campagne, la droite, grâce à d’autres comités dits « indépendants », établis par les entreprises pour soutenir ses candidats, a disposé d’un avantage en dollars de 7 contre 1. Par exemple, les trois quarts des candidats soutenus par l’U.S. Chamber of Commerce (le MEDEF américain) ont gagné.

Ces deux éléments ont beaucoup contribué à la victoire écrasante et historique des Républicains, qui ont gagné quelque 63 sièges à la Chambre de Représentants (c’est davantage que les 54 sièges gagnés lors de la « révolution républicaine » contre Bill Clinton en 1994, quand le parti de droite a mis fin a quatre décennies de contrôle démocrate de la Chambre).

Le vainqueur n’est pas encore connu pour une poignée de sièges restants, mais d’ores et déjà, c’est seulement la troisième fois en un siècle que les démocrates tombent sous les 200 sièges à la Chambre (sur 435). Les précédents désastres démocrates d’une telle ampleur étaient en 1946 et 1928.

C’est la Chambre qui doit être à l’origine de toute politique sur les impôts et les dépenses, un pouvoir immense qui lui confère la Constitution. Ainsi, dans le nouveau Congrès, les Républicains peuvent à tout moment fermer le robinet à tout programme actuel ou à venir d’Obama, qui ne peut rien faire de neuf pour le reste de son mandat.

C’est pourquoi le président avait l’air d’un chien battu lors de sa conférence de presse au lendemain de l’élection. Les mots qu’il a prononcés étaient « compromis » et « consensus. » Si Obama a déjà gouverné au centre-droit, on attend qu’il se décale encore plus à droite après la victoire des Républicains. Ses stratèges ont en mémoire la réaction de Clinton après le raz-de-maree républicain de 1994, quand il avait gagné sa réélection deux ans plus tard grâce à un tournant programmatique à droite et sa déclaration que « l’ère d’un gouvernement fort est finie ». Obama fera quelque chose de semblable en préparation de 2012.

C’est d’autant plus vrai que les Républicains ont gagné au moins six sièges au Sénat cette semaine (le vainqueur pour un autre siège dans l’État de Washington n’est pas encore connu), et que, dans le nouveau Congrès qui siégera en janvier, les démocrates n’ont qu’une très courte majorité de 51 sièges sur 100 au Sénat.

C’est le pire résultat pour une réélection d’Obama en 2012, car avec l’étroit contrôle du Sénat et de la Maison Blanche, les deux-tiers du gouvernement, les démocrates seront toujours considérés par l’électorat comme responsables de l’économie, qui est condamnée à un chômage élevé et à une stagnation de longue durée. Et les sondages à la sortie des urnes cette semaine ont montré que c’était la crise économique qui était le moteur de la victoire républicaine : 9 électeurs sur 10 ont déclaré que c’était sur ce point qu’ils avaient fait leur choix.

Pire encore, les Républicains peuvent compter au Sénat avec le soutien sur nombre de questions de plusieurs démocrates conservateurs, comme les sénateurs Ben Nelson (Nebraska) ou Bill Nelson (Floride), qui avaient déjà dicté les compromis qui ont transformé la soi-disant « réforme » de santé d’Obama en cadeau aux cupides assurances privées.

Qui plus est, dans le nouveau Sénat, Obama aura la plus grande difficulté à faire confirmer ses nominés (un devoir sénatorial constitutionnel) à des postes fédéraux, y compris les juges, s’ils ne sont pas acceptés par la droite. L’impact sur le système de justice américain sera très important, et se fera sentir pour longtemps.

Un autre désastre pour les Démocrates : le 2 novembre, les Républicains ont placé des gouverneurs dans onze États (les vainqueurs dans trois Etats restent à déterminer) et acquis le contrôle des parlements locaux dans seize États, ce qui offre à la droite la possibilité d’user du charcutage électoral (« gerrymandering » en américain) à la suite du recensement de 2010 en dessinant les circonscriptions pour la Chambre des représentants. Ainsi, les Républicains peuvent s’assurer le contrôle de la Chambre pour la prochaine décennie.

En plus, les onze nouveaux gouverneurs de droite, surtout ceux des gros États comme la Pennsylvanie, l’Ohio et le Michigan, donnent un avantage énorme aux Républicains pour l’élection présidentielle de 2012, car ils peuvent y nommer leurs copains à des postes de gouvernement et ainsi créer des machines électorales locales pour les aider à rafler la Maison Blanche dans deux ans.

Quant à Sarah Palin, la favorite pour la nomination républicaine en 2012, elle a beaucoup étayé ses ambitions avec les victoires de ses alliés dans trois États-clés pour les primaires de l’année présidentielle. Dans l’Iowa, elle a soutenu le gouverneur sorti vainqueur, Terry Branstad ; dans la Caroline de Sud, le nouveau gouverneur est Nikki Haley, dont Palin a sauvé la campagne dans une primaire où Haley s’est retrouvé accusée d’avoir eu des relations sexuelles hors mariage ; et dans le New Hampshire, Palin avait soutenu la nouvelle sénatrice, Kelly Ayotte, dans une primaire contre un candidat issu des Tea Party, et a ainsi renforcé la crédibilité d’Ayotte auprès des conservateurs. Tout ces vainqueurs sont redevables à Palin, qui est donc bien placée pour gagner les primaires dans ces trois États en 2012, et si c’est le cas elle sera quasi imbattable pour la nomination présidentielle républicaine.

Mais deux ans sont une éternité dans le monde politique américain, et l’élection du 2 novembre n’était pas un vote idéologique. Même une personnalité de la droite dure comme Marco Rubio, qui, avec le soutien des Tea Party, a été élu sénateur de Floride, l’a proclamé après sa victoire : «  L’élection n’est pas une étreinte au Parti républicain » a-t-il dit, «  mais une deuxième chance pour les Républicains de prouver qu’ils sont ce qu’ils disaient être il n’y a pas longtemps. » Et dans les sondages à la sortie des urnes, une majorité importante a indiqué que pour la crise économique, le vrai coupable était Wall Street.

Si Obama décide de rallier le pays derrière lui dans une croisade contre les élites économiques rapaces, comme le Président Harry Truman l’a fait en 1948 après un désastre démocrate deux ans auparavant, il pourrait encore sauver sa présidence. Malheureusement, si l’on en juge par sa prestation à la conférence de presse au lendemain de l’élection et par l’histoire de sa gouvernance, Obama n’en a ni l’intention, ni les tripes pour le faire.

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