Gare au documentaire sur le sujet-de-société, qui revient périodiquement, comme le mal au dos ou la traite des blanches ! Mardi soir c’était France 5 qui s’y collait avec un choix et un titre à faire fuir un grabataire : « Les ados dans tous leurs états ». Au secours ? Eh bien non, la catastrophe nous fut évitée. Certes, il fallut subir, en introduction et en conclusion, le commentaire vaseux du psychiatre de service, mollement interviewé par miss Gassler. Mais l’enquête contenait quelques bons morceaux bien filmés, avec des cas intéressants. Il y avait la grande plante molle de 15 ans, un dénommé Lucas, les cheveux sur les yeux pour mieux ne pas voir le monde atroce, cloîtré dans son 1m, scotché à ses jeux d’ordinateurs, sans amis, et menant la vie dure à son père célibataire. On vit aussi Jordan, 14 ans, beau gosse et fier de lui, dragueur impénitent, intermittent du lycée, habile à pourrir la vie de sa maman (elle aussi célibataire, mais la réalisatrice n’a pas eu l’idée d’essayer de marier les deux parents, dommage). Dépassés par tant d’agressivité et d’inaction, les pauvres parents vont consulter des spécialistes.
C’est ainsi que le père de Lucas se retrouve assis au « Café de l’Ecole des parents » où on peut capter des choses intéressantes de la bouche du conférencier (hélas ! on n’a pas eu son nom à l’écran) : l’ado « a un flair infaillible pour mettre le doigt là où ça fait mal, là où ça nous fait déraper, disjoncter. Pourquoi ? Ce n’est pas par sadisme. C’est parce que repérer les failles chez l’autre et voir comment l’autre s’en débrouille, c’est chercher à savoir si de ses propres failles, il pourra s’en débrouiller un jour. C’est un signe formidable de confiance dans les adultes et les parents que de les mettre à l’épreuve : on pense qu’ils sont capables de vous supporter (rires épuisés dans la salle). C’est le signe que ces adultes tiennent et tiennent à eux (les ados)… L’ado veut savoir si, quand il vous emmerde, vous allez continuer à l’aimer ou vous allez regretter d’avoir un enfant comme ça. L’espoir secret, c’est : « pourvu qu’ils ne me disent jamais un truc pareil, pourvu que leur amour ne soit pas modifié par le fait que je les enquiquine à longueur de temps, j’espère qu’ils vont tenir bon, qu’ils ne vont pas me dire : "si on avait su, ce jour-là, on aurait mieux fait de faire autre chose" ».
On ignore si les parents filmés ont su appliquer ces conseils dans leur enfer domestique, s’ils ont réussi à mieux cohabiter avec Lucas et Jordan, ces miroirs à faiblesses. Mais, dans un lycée professionnel, section arts de la table, on a pu découvrir un adulte qui s’en sortait, non pas avec un, mais face à une vingtaine d’adolescents. Un enseignant hors pair, établissant un contact étonnant avec ses élèves, les révélant à eux-mêmes : le métier de serveur en devenait une mission et un art.
À la fin, on se disait que les adultes ont bien de la chance. Supposez que les ados d’aujourd’hui aient réellement conscience des dettes que nous sommes en train de leur laisser, avec le déficit national. Supposez qu’ils soient vraiment au courant des tonnes de déchets – notamment nucléaires – que nous leur laisserons en cadeau. Ils nous mèneraient une vie vraiment infernale. Au moins, pendant qu’ils jouent à l’ordinateur, ils ne pensent pas à tous ces jolis cadeaux. Finalement, ils ne sont pas si méchants que cela.
M. Beau, vous vous trompez de temps lorsque vous écrivez "les déchets - notamment nucléaires - que nous laisserons à nos enfants". Nous les laissons. En ce moment.
Un enfant rebelle qui dit sur le même thème : les vieux ils ont eu
le plein emploi
l’énergie insouciante
l’environnement tranquille
y se sont voté les lois pour qu’on leur paye les retraires
y se sont voté les lois pour qu’on leur paye les déchets nucléaires et tout le reste
y veulent continuer comme ca, pas de soucis…
y veulent éclairer les églises parce que c’est le patrimoine
y veulent que leur héritage - celui qu’ils ont construit en créant tant de dettes - soit défiscalisé en euros
Il n’y a pas de mots pour décrire ces vieux.
Ne parlons pas de l’argent inventé par les banques qui ne correspond à aucune valeur physique…
Bravo Nicolas pour l’humour dans cet article.
Je n’ai pas la télé, je ne peux donc donner mon avis sur ce reportage mais je ne suis pas d’accord du tout avec ce qui est dit là :
- " L’ado veut savoir si, quand il vous emmerde, vous allez continuer à l’aimer ou vous allez regretter d’avoir un enfant comme ça."
Non l’ado veut simplement tester les parents et savoir jusqu’à quel degré il va s’aplatir sans s’affirmer et affirmer son autorité. Autorité nécessaire pour se construire dès l’enfance.
Ma fille me disait d’ailleurs que depuis son enfance elle trouvait les adultes vraiment bêtes et très manipulables et tant qu’elle n’avait pas en face une autorité respectable (ce sont ces mots) elle en rajoutait pour voir jusqu’où ils pouvaient aller dans leur compassion ridicule.
Elle m’a déjà remerciée de n’avoir jamais été ainsi et d’avoir résisté à la période adolescente, si critique pour les parents. "Si tu avais cédé à tous mes désirs, je n’aurais pas eu aujourd’hui le respect que j’ai pour toi. Tu as été aussi exigeante pour toi que tu l’as été pour moi" Nous avons toujours discuté de tout, de drogue ou de sexe, de couple sans tabou mais toujours sans vulgarité, ni mépris.
L’important est de ne pas interdire ou refuser sans explication et point de vue.
Quand votre fille aujourd’hui adulte vous dit qu’elle ne voudrait changer sa mère pour aucune autre, je crois que c’est le meilleur compliment. Du coup elle saura comment faire pour élever ses enfants.
Comme quoi même certains spécialistes feraient bien de revoir leur discours et d’arrêter de trop intellectualiser au risque de s’embrouiller et d’embrouiller les autres.
Bonjour
Dommage M. Beau que vous ayez coupé votre poste après le 1er documentaire car après il y avait la même chose avec les filles 5mn plus tard.
Très Paris-centré pour 2 "cas" sur 3 avec mère csp+ voire CSP++, chambre de la pauvre petite fille riche avec ordi portable, box internet, ligne fixe, et portable. La 3ème, belle fille d’un commerçant de Rouen, se mettait en ménage avec son copain dans un petit appart (à 16 ans)
Loin de moi l’idée de nier "leurs problèmes d’ados" mais les cas retenus n’était pas à mon avis très représentatifs quand on sait qu’une grande partie des foyers français sont au SMIC.
Quid de la vie des ados de 15-16 ans des smicards qui n’ont pas d’ordi dans leur chambre, qui ne vont pas en "before" le samedi soir à Paris centre ou au concert des BB Brunes, qui ne se mettent pas en ménage en appartement à 16 ans, qui n’ont pas déjà couché ou qui ne se sont pas drogués avec tout et n’importe quoi depuis l’âge de 13 ans (cas Loanna dans le 2ème documentaire) ?
En conclusion, très déçus pour avoir une vue générale sur le mal être des ados et la façon dont les parents peuvent cohabiter avec eux sans trop de casse. Par contre quelques cas particuliers très Paris-centré édifiants.
En tant que provincial je me sens vraiment un plouc
Uglah
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