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Lavis Noir : les épisodes 15 et 16 de notre feuilleton de l’été

Roman / vendredi 25 juillet 2008 par Briscard, SP. Truptin
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Le Paris de la fin des années 70. Entre rades de Barbès, Clichy, Montmartre. Narré avec l’argot du coin, loin des titis parisiens. Et une histoire d’escroc à la petite semaine qui voit débarquer l’occasion de sa vie. Une jolie fiction d’été, un cadeau des auteurs à « Bakchich », et de « Bakchich » à ses lecteurs.

15. Quinze plaques

Episode 15, Quinze plaques - JPG - 27.1 ko
Episode 15, Quinze plaques
© SP Truptin

Vlad lui remit ses cinq barrettes, et en le payant, Elo lui demanda : « Dis, tu pourrais pas demander à ton ami peintre de me donner son avis sur un petit dessin que j’ai retrouvé, et qui semble avoir un peu de valeur ?… « Vlad lui dit que, oui, bon ok, il allait lui demander, mais qu’il fallait qu’elle lui passe le truc, là, pour qu’il lui montre. Elo suggéra plutôt qu’il passe chez elle, vu qu’elle avait pas trop envie de lui confier sa peut-être éventuelle bouée d’secours. Vlad, décidément pas contrariant, lui répondit que, oui, bon, ok, il allait lui en toucher deux mots, mais qu’il promettait pas, vu que Lekervelec était toujours à droite à gauche, à faire des affaires. Mais que bon, oui, ok, il allait lui en causer.

Quand Loïc fut mis au courant de la demande d’Elo, il se précipita à la cabine téléphonique de Château Rouge, histoire de prendre date avec la chanteuse. C’est que Lekervelec appréciait au plus haut point, non pas tant la tessiture nasillarde de l’artiste, que sa façon de porter, sur les affiches ou à la télé, certains décolletés ras du téton, et des jupes fendues haut sur la hanche, sans que l’on puisse apercevoir la moindre trace de slip. Ça, la jupe façon pute saïgonnaise, ça lui portait sur les nerfs, au Loïc. Aussi la perspective d’aller admirer son chef d’œuvre de près le mettait au bord de la rupture d’anévrisme.

Rendez-vous fut pris, donc, et le jour dit, Loïc sonna à la porte de la maison d’la rue Cortot, une boule dans la gorge et une grosseur dans l’pantalon. Elo lui ouvrit et le fit entrer ; elle était élégamment vêtue d’un joli peignoir en pilou couleur vomi d’ivrogne, de mi-bas et de mules qui avaient été orientales, mais qui n’étaient plus qu’écaillées. Force était de constater que, le succès s’éloignant, Elo se négligeait… Loïc en fut tout contrarié, et agacé, aussi un peu… Mais quand il vit le dessin que lui tendait la chanteuse, il oublia tout, sa bite en feu, la déception, le pilou et les mules… Il avait sous les yeux, il en était sûr, un authentique Van Dongen, une exécution magnifique, mêlant l’aquarelle, le lavis à l’encre de chine, la sanguine, le fusain et même, sublime raffinement, les crayons de couleur… « Jolie petite étude… jolie… Et… vous comptez… euh… vous en séparer, c’est ça, non ?… », réussit-il à bafouiller. « Oh, je n’sais pas encore ; c’est dans ma famille depuis si longtemps… mais si ça présente un peu de valeur, pourquoi pas… « hyprocrisa la rouée.

Un peu de valeur ! Quinze plaques minimum conasse, pensait Lekervelec…

16. Noël

Episode 16, Noël - JPG - 19.2 ko
Episode 16, Noël
© SP Truptin

- Oh d’la valeur… faut voir ; y a pas vraiment d’ marché pour ce genre de dessins vous savez… mais enfin, j’ai quelques amis galeristes, à Montmartre et rue Dauphine, qui pourraient être intéressés… Vous avez une idée de c’que vous en voulez ?…

Loïc, en fait d’amis galeristes, ne connaissait qu’Henri le Pourri, qui gérait une dizaine d’emplacements Place du Tertre, loués la peau du cul aux peintres de Montmartre spécialisés dans la petite japonaise jambes arquées ou le batave rougeaud, dont ils tiraient l’portrait au crayon pour 100 balles la feuille Canson. Mais, finaud, il essayait de tester la chanteuse, histoire d’anticiper sur sa marge qu’il voyait impériale.

- Ben j’dois vous dire que j’avais un peu pensé en tirer cent mille francs… dix millions anciens quoi… suggéra Elo.

- Eh là ! Doucement ! C’est une somme, ça, pour un tout p’tit bout de papier peint ! De toutes manières, il faudrait que je puisse le montrer, avant d’vous dire un prix ; les marchands, c’est un peu comme Saint Benoît : ils ne croient que ce qu’ils voient…

- Saint Thomas…

- Pardon ?

- Saint Thomas… c’est Saint Thomas qui voulaient voir les trous à Jésus. Loïc se dit que lui, c’était les trous à Elo, qu’il aurait bien aimé voir, mais il s’abstint de lui faire part de cette délicate pensée : business is business, et il s’rait bien temps, une fois le deal achevé, de penser à la chose de lui mettre un peu d’bonheur dans le pré !

- Ah, oui… Bon enfin, toujours est-il qu’il faudrait m’le confier, là, votre petit lavis.

Sur ce coup, Loïc jouait gros… il se doutait bien que ça n’allait pas glisser comme un pet sur une plaque de verglas, sa proposition malhonnête… faudrait sans doute de la compensation… d’la couverture… d’la caution… du gage… bref, il lui allait falloir provisionner l’emprunt. Et d’la provision, Lekervelec, son sac il en était bien vide ! Sans s’démonter, Elo, remonta son mi bas gauche qui tirebouchonnait sur sa cheville, et attaqua :

- Je pense qu’une photo, même bonne, ne suffirait pas, n’est-ce pas ?…

- En effet, les marchands d’art sont assez enclins à voir d’l’authentique.

- Et bien d’accord… disons simplement, qu’en garantie, je vais vous demander un petit dépôt … la moitié de mon estimation… cinquante mille francs, en chèque de banque ou espèces…

Chèque de banque ou espèces… La demande laissa Loïc songeur. Sa banque c’était le maquis de ses fournisseurs, manouches du passage Dieu ou antillais d’Clichy, qui lui finançaient son fonds d’roulement, histoire qu’il puisse placer sa daube à ses clients… Quant aux espèces, quand il avait cent balles en poche, c’était Noël ! (à suivre…)

Pour lire ou relire les derniers épisodes du roman :

« Lavis Noir », c’est un feuilleton parisien. C’est l’histoire de Loïc et Josy, les amants du Pont d’la Butte. Y a de l’action, de la morale et du cul. Il y a surtout une formidable intrigue policière et un suspens haletant. Ce qui est bien le moins pour (…)
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