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La fondation placebo de Jacques Chirac

Jacqou le croqué / samedi 6 novembre 2010
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La fondation créée par Jacques Chirac, quand elle ne remet pas son prix annuel, est chargée de lutter contre la diffusion des faux médicaments dans le monde. Mais l’organisme a tout d’une coquille vide.

Si, par un jour de grande solitude, vous sonnez au 14, rue d’Anjou, dans le très chic VIIIe arrondissement parisien, pour adhérer à la Fondation Chirac, on vous répondra de l’interphone : « Nous ne prenons aucun adhérent, que des donateurs ! » Sans un portefeuille richement garni, inutile de vouloir faire acte de charité dans un des derniers bastions bien gardés de la Chiraquie. Quand il ne remet pas son "Prix pour la prévention des conflits" (vendredi 5 novembre au musée du Quai Branly), le jouet du Chi, qui lutte « contre la diffusion de faux médicaments dans le monde », est à la rue.

Pour saisir l’étendue du désastre, il n’y a qu’à lire la Présentation des actions, que Bakchich s’est procurée, document destiné aux bailleurs de fonds. Au premier rang desquels figure l’État français, aux caisses déjà bien vides. Dans son budget prévisionnel 2010-2013, la fondation la joue plutôt modeste : 3 millions d’euros sur trois ans. Un peu maigre pour combattre une économie parallèle des faux médocs qui brasse plus de 10 milliards d’euros en Europe et 52 milliards en Afrique, selon une étude réalisée par le laboratoire Pfizer en février.

Le budget de la fondation fait doucement rigoler des huiles de l’aide au développement : « Quand on a vu ça, on a cru que c’était une blague. C’est une vraie coquille vide, ce truc. » Le détail des finances de la fondation, reconnue d’utilité publique, dévoile sa réelle stratégie : de la com à gogo ! Plus de 1 million d’euros est ainsi consacré à « la médiatisation et la mobilisation de l’opinion publique », dont 600 000 sont dévolus à «  l’achat espaces communication », 150 000 aux reportages et « film dédié » et 105 000 aux relations presse. Un autre million part dans l’organisation de conférences internationales auxquelles la fondation participe. Soit le Conseil de l’Europe en novembre et l’assemblée générale de l’ONU en 2012.

En revanche, pour la création de structures en Afrique, la formation d’experts, le suivi sur place, on tombe à 380 000 euros. Où « deux voyages peuvent être prévus sur le terrain en 2011 et 2012 par le Président », rappelle la note. Sait-on jamais, si l’air africain lui manquait ! Un malheur n’arrivant jamais seul, cette Présentation des actions de la Fondation Chirac, qui cherche à prouver vaille que vaille sa bonne foi, fait montre de glorieux schémas… tous illisibles ! (voir ci-dessous)

Bakchich Hebdo 46 HD - PDF - 3 Mo
Bakchich Hebdo 46 HD

Ainsi qu’un éditorial du grand Jacquot qui n’est pas de première fraîcheur puisque daté d’avant son appel de Cotonou contre les faux médicaments, en octobre 2009.

Pour donner un cachet scientifique au tout, le document fait intervenir une anthropologue, Carine Baxerres, qui collecte des propos in situ. Florilège : « Les médicaments périmés, y’en a qui sont périmés et ils vendent ça et c’est pas bon… » ; « Elles se promènent avec sous le soleil, c’est pour cela que je n’aime pas… » ; « ça là, ça passe de main en main et ça reste encore dans la chaleur. »

Des erreurs de jeunesse ? Dans l’organigramme de la fondation, ils sont quatre à réellement squatter les locaux de la rue d’Anjou : deux étudiantes tout juste sorties d’écoles de communication et un garçon venu de Sciences Po. Ils s’activent sous la haute autorité de Catherine Joubert, l’épouse de Bruno Joubert, ex-conseiller Afrique de Sarko aujourd’hui ambassadeur de France au Maroc. En avril dernier, Catherine Joubert est allée solliciter le président camerounais, Paul Biya – à la tête de son pays depuis vingt-huit ans – pour signer l’appel de Cotonou contre les faux médicaments. Ce ne sera, après tout, que le douzième chef d’État africain à y apposer son nom. Au côté d’éminents démocrates : Ben Ali pour la Tunisie, Sassou Nguesso pour le Congo, Blaise Compaoré pour le Burkina Faso et François Bozizé pour la République centrafricaine. Bref, des vieilles connaissances du réseau africain chiraquien. Heureusement, depuis mars dernier, le prince Albert de Monaco est aussi de la partie. En cas de reconversion, Chirac pourra toujours ouvrir un casino.

Clic : un organisme pour la pomme de Chirac

Créée en 2007, la Fondation Chirac, au-delà des bons sentiments, avait une tout autre vertu. Celle d’empêcher la perte de l’immunité présidentielle du grand Jacquot, auquel la justice s’intéresse de près dans cinq dossiers. L’idée était simple : faire adouber sa petite entreprise par une belle organisation ou un gentil pays à même de lui décerner un titre d’ambassadeur extraordinaire. Et les privilèges qui vont avec : le coupe-file à l’aéroport, par exemple, dont il a profité lors d’une virée entre potes en 2008 au Sénégal, au Mali et en Mauritanie. Insuffisant pour lui éviter une mise en examen pour « détournements de fonds publics » en novembre 2007 et, en décembre dernier, dans l’affaire des emplois fictifs de la mairie de Paris. Pas étonnant que, depuis, Chirac ne porte plus grand intérêt à l’avenir de sa fondation.


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