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10 petites histoires qui racontent Séguin

Exclusif / lundi 11 janvier 2010 par François Vallières
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Retour sur dix moments de sa carrière politique depuis 1995.

DÉBUT FEVRIER 1995, dans les couloirs de l’Assemblée nationale :

Les journalistes interrogent Philippe Séguin, président de l’Assemblée, sur la campagne présidentielle de Jacques Chirac. Les sondages sont catastrophiques, Edouard Balladur est déjà proclamé élu, à la « une » du Monde et ailleurs. Chirac a commencé à marteler le thème de la fracture sociale. Séguin prend des airs mystérieux : « Chirac m’inquiète… » Ah bon, pourquoi ? Le président de l’Assemblée se fait un peu prier pour répondre, mais tout le monde a compris, au tressautement de ses épaules, au rictus du nez, aux yeux qui se plissent, qu ’il prépare un bon mot. Il finit par le lâcher : « J’ai peur que, dans un meeting, il ne finisse par chanter l’Internationale… »

21 MAI 1997, Epinal :

« Alors, voilà, on a été dissous… » Le président de l’Assemblée nationale commence par ces mots chacune de ses réunions de campagne dans la 1ère circonscription des Vosges. Jacques Chirac a eu la malencontreuse idée de dissoudre l’Assemblée nationale le 21 avril – le jour de l’anniversaire de Séguin, qui se sent décidément poursuivi par le sort (il y aura aussi le 21 avril 2002 et Le Pen au second tour de la présidentielle…) A quatre jours du premier tour des élections législatives anticipées, Séguin n’y croit pas. La dissolution, il était contre et l’avait dit à Chirac, comme d’ailleurs le président du Sénat René Monory. Mais Chirac a écouté Juppé, le fils préféré, et Villepin, alors secrétaire général de l’Elysée. Villepin ? «  Les seuls Français qu’il connaisse, ce sont les Français de l’étranger ! » dit Séguin en privé. Et Chirac, alors ? Après le déjeuner chez Ahmed, le petit restau tunisien proche de la mairie, Séguin mordille ses lunettes, soupire, d’une voix presque inaudible : « Chirac, je l’adore… (un silence)…mais c’est désespéré ».

4 JUIN 1997, à l’Assemblée nationale :

Lionel Jospin, Premier ministre de la cohabitation après la victoire de la gauche aux législatives, vient de prononcer son discours de politique générale. A la sortie de l’hémicycle, le député des Vosges fulmine : « Vous avez entendu ? Vous avez bien entendu ? Il n’a pas prononcé une seule fois le mot « mondialisation ». Pas une fois. Il sait que ça existe ou non ? »

14 JUILLET 1998, à l’Elysée :

Fan de sport en général et de football en particulier, Philippe Séguin est comme un gamin sur la pelouse de l’Elysée. L’équipe de France avec son entraîneur Aimé Jacquet fêtent avec Jacques Chirac la victoire de la Coupe du monde, deux jours plus tôt. Séguin est en train de discuter foot avec une journaliste. Passe Claire Chazal, qui l’interroge sur une phrase prononcée par Nicolas Sarkozy. Le président du RPR lève les yeux au ciel : «  Ecoutez, Madame, on est en train de parler de choses sérieuses alors franchement, ce qu’a dit Sarkozy… » La journaliste vedette de TF1 tourne les talons, un peu vexée. Séguin reprend sa conversation et passe au Tour de France : « Bon, alors, qu’est-ce que vous en pensez, Jalabert peut prendre le maillot jaune ? » Enfin, avec un petit carnet et un stylo, il va quémander les autographes des joueurs, dans la cohue indescriptible de la garden party.

27 JANVIER 2000, à l’Assemblée :

Philippe Séguin repart à l’assaut. Neuf mois après sa démission fracassante de la présidence du RPR et de la tête de liste de l’opposition pour les élections européennes, il veut reprendre l’offensive. Contre Jacques Chirac s’il le faut, et contre Michèle Alliot-Marie, qui vient d’être élue présidente du RPR (Séguin soutenait François Fillon, éliminé au 1er tour). Il a fait sa rentrée politique le 30 septembre précédent avec une interview à l’hebdomadaire «  La Vie ». A la question : « Avez-vous revu Jacques Chirac ? » il a répondu : « Oui. A la télévision ». Cette fois, il vient de lancer deux associations qui devraient lui permettre de se mettre à son compte, en quelque sorte. L’une pour assurer le financement de ses actions. L’autre destinée à devenir un « think tank ». Depuis son bureau de l’Assemblée qui donne place du Palais Bourbon, il montre du doigt la rue de Lille, siège du RPR : « Ce n’est pas de là-bas que viendront les idées. Alors elles viendront d’ici ». Mais ces belles résolutions partiront en fumée avec la calamiteuse campagne pour la mairie de Paris, un an plus tard.

SAMEDI 18 MARS 2001, QG de campagne rue Saint-Dominique :

Le premier tour des municipales à Paris a été mauvais sans être catastrophique. Séguin fait semblant d’y croire encore. Il a préparé trois discours pour le lendemain soir. Un en cas de victoire, qu’il montre du bout des doigts avec une moue dubitative. Un en cas de défaite sévère. Un en cas de défaite honorable, c’est à dire pour le cas où Bertrand Delanoë serait majoritaire en sièges au Conseil de Paris, mais sans l’être en voix en raison du mode de scrutin. C’est le troisième scénario qui sera le bon. Il lit et relit alternativement les trois discours. Il interroge ses très rares visiteurs du jour : « Alors, lequel ? » comme si, contre toute attente et après avoir joué perdant pendant six mois, il voulait y croire encore.

DIMANCHE 19 MARS 2001, QG de la rue Saint-Dominique :

La soirée n’en finit pas. Les journalistes n’ont pas été invités et attendent à la maison de la Chimie, où Séguin ne viendra que vers 1h du matin, quand il n’y aura plus aucun direct à la télévision. Il est seul dans son bureau et regarde Canal+, le match de football Bordeaux-PSG. Dans la pièce voisine, les rares invités regardent, eux, les résultats du reste de la France. Les villes tombent à droite les unes après les autres, sous les clameurs. Les nouveaux élus, souvent inconnus (la fameuse et éphémère « génération terrain ») sont acclamés. Mention particulière pour Nicolas Perruchot, tombeur de Jack Lang à Blois. Séguin ne met même pas le nez à la porte. Lyon est déjà tombé à gauche avec Gérard Collomb. Les résultats de Paris tardent. Grosse inquiétude pour le 18e arrondissement : les listes séguinistes pourraient n’avoir qu’un seul élu, Séguin lui-même(il s’était décidé vingt jours plus tôt à prendre la tête de liste après avoir tenté d’expliquer qu’il voulait être quatrième…). Ce qui voudrait dire que sa colistière, Roxane Decorte, serait battue. Visiblement, ça l’inquiète. Finalement « Roxane » s’en sort. La bataille est perdue quand même. « Et en plus, soupire Séguin, Bordeaux a gagné ». Bordeaux ? Il faut entendre « Juppé », évidemment. Décidément, une sale soirée.

AUTOMNE 2002, une péniche sur la Seine :

Devenu président du groupe RPR au Conseil de Paris, Philippe Séguin a décidé de mettre les élus au travail. Ce jour-là,sur une péniche dans le XVe arrondissement de Paris, les conseillers de Paris UMP (seul lui n’a pas adhéré au parti unique de la droite) planchent sur l’urbanisme avec des spécialistes. Combien sont-ils ? Une petite vingtaine, jamais plus. Françoise de Panafieu passe en coup de vent. D’autres b’apparaîrtront qu’à l’heure du dîner. Dans le fond de la salle de réunion, Séguin prend des notes. Comme un écolier sage.

15 JUILLET 2004, dans le bureau que l’Assemblée nationale réserve à son ancien président :

Séguin est inquiet. Il doit être nommé le mercredi suivant, 21 juillet, en Conseil des ministres, premier président de la Cour des Comptes. C’est le ministre de l’Economie, Nicolas Sarkozy, qui doit faire la proposition au président de la République Jacques Chirac. Mais la veille, dans son interview télévisée, le président a sévèrement renvoyé Sarkozy dans les cordes : “Je décide, il exécute”. Séguin, soudain , est saisi d’un doute : et si Sarkozy démissionnait ? Et si, du coup, Chirac renonçait à le nommer ? Le 21 juillet, il sera nommé comme prévu.

16 DÉCEMBRE 2009, Cour des Comptes :

Pour présenter son rapport sur le nombre de fonctionnaires, le premier président de la Cour des Comptes a exceptionnellement organisé un déjeuner de presse. Il neige et ça le fait pester, lui qui a confié un jour vouloir mourir dans son lit, mais un jour de soleil. Il présente son rapport, puis rejoint la table. Ce jour-là il boit de l’eau, régime oblige. Mais avant le dessert il demande à ses voisines l’autorisation de fumer et, en avalant deux cafés, se jette sur deux assiettes successives de caramels. Dernière apparition publique à la Cour.

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A relire sur Bakchich.info :

En ce début 2010, Probst raille le retour de Lionel Jospin, éclipsé par la disparition de "l’ami Philippe", et présente ses bons vœux aux fidèles de Bakchich.
L’ancien président de l’Assemblée nationale et président en exercice de la Cour des Comptes Philippe Séguin est mort à l’âge de 66 ans. Dessin de Ray Clid.
L’article de « Bakchich » dévoilant une note d’humeur du directeur du budget du Sénat, critiquant la Cour des Comptes, son budget, et son Président, a quelque peu remué les arcanes des deux institutions.
Une note des services du Sénat, que nous publions, épingle sévèrement la gestion de la Cour des comptes. Son président, Philippe Séguin, répond point par point.
Antre du savoir et de l’esprit français, La Sorbonne rayonne dans le monde universitaire. Et à l’occasion du 50e anniversaire de « libération de la femme tunisienne », l’auguste maison s’est fendue d’une mirifique conférence. Le 21 novembre dernier, un (…)

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2 MESSAGES

Forum

  • Après Séguin, les gaullistes se comptent
    le mardi 12 janvier 2010 à 10:35, Christian Creseveur a dit :
  • 10 petites histoires qui racontent Séguin
    le lundi 11 janvier 2010 à 09:37
    Et celle de 1986-1987, lorsqu’il était Ministre des Affaires Sociales de Chirac ? Ce dernier, pour faire chier Giscard qui l’avait instaurée (pour une fois !) et pour faire plaisir au milliardaire-patron du MEDEF, Y. Gattaz -qui promettera des centaines de milliers d’emplois nouveau (le chômage augmentera en fait…)-, demandera à Seguin de préparer une loi supprimant l’autorisation préalable de licenciement. Le gaulliste social, de progrès, comme les journaleux et les politicards le présentent, s’exécutera sans amertume. Il faut dire qu’il pouvait aussi compter sur les hauts fonctionnaires de son ministère, comme Martine Aubry responsable de son département du travail…
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