Reconnu coupable de diffamation, l’historien François Garçon n’a eu de cesse de contester le réalisateur du Cauchemar de Darwin ! Retour sur un acharné
Depuis 4 ans, l’historien François Garçon cogne sur le documentaire à succès d’Hubert Sauper sorti en 2005 : Le cauchemar de Darwin. « Il y a dans ce film quelque chose de pourri », argumente l’homme dans les médias. Le réalisateur l’a poursuivi en diffamation et ce 11 mars, les juges ont tranché : il y avait quelque chose de pourri, surtout, dans l’argumentaire de l’historien.
Le film d’Hubert Sauper, noir tableau de l’industrie de la pêche à la perche du Nil en Tanzanie, nous faisait désespérer de la mondialisation. Il montrait, par l’image, comment notre appétit européen pour un poisson africain pas cher peut générer, en Afrique, misère et trafic d’armes. Après Le cauchemar de Darwin, on ne pouvait plus manger une choucroute de la mer sans une pensée critique sur notre import-export.
C’est alors qu’un savant professeur, inconnu du grand public, publie dans la revue de feu Sartre et Aron, Les Temps Modernes, une contre-enquête documentée : le film d’Hubert Sauper n’était qu’une « supercherie ».
Selon François Garçon, le documentariste aurait payé des enfants pour jouer des scènes de misère, et il ne peut pas prouver l’existence de trafics d’armes. Enfin, l’affirmation selon laquelle les carcasses du poisson expédié en Europe sont recyclées pour nourrir les pêcheurs africains serait fausse.
Après la gloire, le discrédit. Contre le film de Sauper, Garçon rassemble. La presse française publie ses mises en cause. Beaucoup de bien-pensants qui ont cru faire un acte d’humanité en éliminant de leur menu la perche du Nil, reprochent désormais à Sauper de les avoir dupés. En tête de la croisade, le gouvernement tanzanien lance deux sites Internet anti-cauchemar de Darwin. Il entend, ainsi, rendre à la Tanzanie l’image d’un pays sain, où les pêcheurs et les enfants mangent autre chose que les carcasses des poissons exportés vers l’Europe.
Sur le site www.darwinsnightmare.net, aujourd’hui disparu de la toile, on pouvait admirer des photomontages affichant un jovial Sauper en compagnie de… Saddam Hussein et Oussama Ben Laden. Plus sérieusement, on y trouvait aussi l’interview de l’un des protagonistes du film, Raphaël le gardien de nuit, qui avoue avoir été manipulé par le réalisateur.
Un témoignage qui achevait Sauper. Sauf qu’une scène a été oubliée au montage. Instructive : on y voit et entend le journaliste tanzanien, qui dicte sa réponse à Raphaël. Moins cachottier, François Garçon, lui, présente sur son site des interviews qu’il a lui-même tournées en Tanzanie, non coupées au montage. On y entend les enfants des rues affirmer qu’on ne les a pas payés pour « jouer », malgré les insistances du professeur Garçon, qui s’escrime à leur faire avouer le contraire.
Devant les juges du Tribunal de grande instance de Paris, ces vidéos ont donné au réalisateur un argument massue pour dénoncer les attaques de Garçon et du gouvernement tanzanien contre son film.
« On sort de trois ans de guerre », conclue Sauper. « C’était une polémique dangereuse, pour moi et pour la vie des personnes qui sont dans le film ; dangereuse aussi pour la liberté d’expression et pour notre art. » La meilleure manière de conjurer le sort sera de faire de toute cette histoire…un documentaire. Sauper y pense déjà.
Garçon quant à lui ne s’est pas démonté. D’abord parce que le tribunal a épinglé uniquement ses propos sur la rémunération des protagonistes du film, pas ses autres allégations. Et puis, même après ce jugement, il n’en démord pas ; Sauper a payé les enfants tanzaniens pour leur faire jouer des scènes de pauvreté. La preuve ? Cette fameuse séquence qui montre des petits, affamés, se jetant sur une marmite de riz encore fumant. « Il est absolument impossible que des enfants plongent leurs mains nues dans du riz brûlant », nous dit Garçon, joint par téléphone. Pour en finir avec cette polémique alimentaire, il propose à Bakchich un moyen de trancher définitivement le débat.« Essayez ce soir, au dîner, de plonger vos mains dans du riz brûlant : vous verrez bien que c’est tout simplement impossible !!! ».
Lire ou relire sur Bakchich.info :
L’introduction de la Perche du Nil est un desastre ecologique certes, mais faut il pour autant renoncer a ce qui est devenu une ressource. Bien sur le partage des revenus pose probléme, mais c’est le cas en Afrique dans de trés nombreuses situations d’exploitation de ressources "naturelles".
Le Film est extremement troublant car il donne a voir un grand complot international qui aurait mit les Perches dans le Lac en 1960 pour faire manger les aretes aux africains, leur donner le SIDA, et vendre des armes aux vilains dictateurs qui vendent les filets (de perches). Tout cela plus de 20 ans plus tard quand ce (delicieux) poisson a fini par definitivement supplanter les especes endemiques.
Il y a bien sur, de la part de l’auteur, une utilisation du sentiment de culpabilité du spectateur "nord-occidental",si facile a susciter.
Des erreurs ont été commises, des injustices et des trafics existent, mais il est inutile de chercher une explication totalisatrice a cet etat de fait ; et cela meme si la situation actuelle de cette région est symptomatique des relations que l’"occident" a avec l’Afrique…
Ce film a donné une impression d’outrance, de confusion et de manichéisme à de nombreux spectateurs, bien avant que la "controverse Garcon" n’intervienne.
Tout cela fait du mauvais "documentaire", du "vrai cinema", qui est egalement contre-productif dans une perspective altermondialiste.
Pour revenir au poisson, malheureusement le mal est fait. Quelle que soit notre attitude vis a vis de l’exploitation de Leucoperca niloticus, les Cichlidés aborigénes ne reviendrons pas.
Le VIH, les armes, la malgouvernance sont endémiques en Afrique. L’Europe et les Etats-Unis (et maintenant la chine) y sont pour quelque chose, mais surement pas la Perche, ni meme ceux qui l’on introduite. C’etait juste une connerie…
Notre pays est pourri de pseudo-intellectuels et de donneurs de leçon bien-pensants qui ignoreraient la réalité des choses même si celle-ci était en train de finir de leur manger le bras.
Cela me rappele le procès Kravchenko : des idiots utiles de ce calibre-là, à travers le monde entier il n’y a qu’en France qu’on en fabrique !!
Enfin pour finir, mort de rire l’argumentaire sur le "riz brûlant" ! Mais c’est bien sûr : le réalisateur a certainement dû payer 2 millions d’euros à Pixar pour réaliser un effet spécial tout à fait nécessaire à son documentaire et à sa thèse !
Dans le genre paranoïaque obsessionnel et jusqu’au-boutiste, je pense qu’on tient là un très très gros poisson !
Je ne comprends pas , si j’étais journaliste et que j’allais tourner un sujet dans un pays où je rencontre des habitants dans le besoin et qui m’aident à faire mon film en répondant à mes questions… Et bien j’en profiterais pour les dédommager, les payer pour le temps qu’ils ont passé à me répondre, à se laisser filmer . Pourquoi reprôcher cela ? Filmer des témoins dans un pays de misère et s’en retourner sans leur laisser au moins un petit billet ou autre chose, ( des vivres ou des vêtements, un cadeau ) en fin de travail pour leur montrer sa reconnaissance et les remercier , il ne faudrait pas le faire ?
Je trouve ça fou ! M^me s’il ne faut pas j’en conviens décider dés le début de rétribuer ces personnes et leur dire car elles seraient peut-être amenées à mentir pour faire durer la chose et gagner +, quitte à raconter des salades pour se rendre indispensables ..
Mais faut arrêter un peu, ce Mr Garçon, quels sont ses mobiles pour casser ce film ?
Quelqu’un a enquêté sur ce monsieur ?
Les têtes de poisson ça me rappelle autre chose, hors sujet mais parlant, chez Drucker quand ils ont reçu O. Besancenot le postier Mr Coffe en a parlé , les a vantées.. Et il était tout fier de nous présenter ces têtes de poisson non cuites en nous disant que c’est délicieux et pas cher …
Alors que pour les autres invités Mr Coffe cuisine et de bons petits plats qui ouvrent l’ appétit …
Pour Besancenot et donc pour les pauvres Mr Coffe ne se donne même pas la peine de cuisiner quelque chose, moi j’ai trouvé ça limite !
Qu’il en était fier de ces têtes de poisson à 1 € pièce , pas moi ! Ni Drucker , ni Besancenot n’ont fait de remarques, sidérant !
Si vous êtes journaliste, vous ne payez pas les personnes interviewées. Dans un pays riche comme dans un pays pauvre. Sinon les rapports sont faussés. Quand on a un niveau de vie plus élevé que les locaux, on n’est pas nécessairement plus intelligent et on ne va pas nécessairement détecter qu’on est en train de se faire rouler dans la farine, mentir, escroquer, etc.
Si vous ressentez de la gêne d’être riche, je vous encourage à donner maintenant, et pas quand ces enfants vous auront "rendu service".